Quelle est la décision de justice ivoirienne rendue par rapport à un acte de bravoure d’un médecin ivoirien ?

Un médecin au sein d’un CHU en Côte d’Ivoire, reçoit, en urgence une dame dont l’état de santé nécessite une intervention chirurgicale pour cause d’hémorragie interne suite à la rupture d’une grossesse extra-utérin et, informé du fait qu’il n’existe pas de kits de césarienne, le médecin en colère fait des publications sur Facebook pour dénoncer « la méchanceté, l’ignorance et le misérabilisme des dirigeants de ce service ».

Poursuivi en Justice pour diffamations et publications de fausses informations par le Directeur de ce CHU, ce médecin, que je trouve courageux et salue la force de caractère, dit avoir « agi sous l’effet de la colère et qu’en tout état de cause, ses écrits devraient être lus comme un cri de cœur en vue d’améliorer les services dans le CHU » et il soutient également dans ses publications « qu’au sein de cette institution (Chu), il y avait des boycotteurs de la République qu’il fallait extirper, et que les soit disant sachant n’étaient en réalité que des sachets »
Jugé le 18 juin 2015, ce médecin a été condamné à 03 mois d’emprisonnement ferme et à 50.000.000fcfa d’amende.

Sur appel du Procureur Général, la Cour, se basant sur l’article 60 de la loi n° 2013-451 du 19 juin 2013 relative à la lutte contre la cybercriminalité qui dispose : « Est puni de un à cinq ans d’emprisonnement et de 5.000.000fcfa à 10.000.000fcfa d’amende, le fait pour toute personne de proférer ou d’émettre toute expression outrageante, tout terme de mépris ou toute invective qui ne renferme l’imputation d’aucun fait, par le biais d’un système d’information », le médecin a été condamné à :

1°) 12 mois d’emprisonnement avec sursis :

2°) 200.000 FCFA d’amende ;

3°) 10 ans de privation de droits prévus à l’article 66 du Code pénal ;

4°) la publicité de la décision dans un journal d’annonce légale ;

5°) payer la somme symbolique de 1 franc à titre de dommages et intérêts.

Pour moi, même si un médecin a « un devoir de réserve qui commande une voie non publique pour toute revendication professionnelle », je salue le courage et la sensibilité de ce médecin.

Pour moi, l’Afrique a besoin de ce type de travailleur pour faire bouger les lignes.