Walter Max Ulyate Sisulu, d’ethnie Xhosa comme Nelson Mandela est né le 18 mai 1912 dans le village de Qutubeni à Transkei en Afrique du Sud ; L’Afrique du Sud qui partage ses frontières au Nord-ouest avec la Namibie, au Nord avec le Botswana, au Nord-est avec le Zimbabwe, à l’Est avec le Mozambique et au Sud-est avec le Swaziland.
Son père Albert Victor Dickinson est un magistrat anglais et sa mère Alice Manse Sisulu, une domestique.
Elevé par sa mère et son oncle maternel, Walter Sisulu fréquente pendant six ans l’école de la mission anglicane de son village.
A seulement huit ans, en 1920, il est envoyé dans les mines situées dans les environs de Johannesburg et en 1928, il quitte Transkei pour Johannesburg et travaille successivement comme jardinier, mineur et cuisinier.
Il retourne à Transkei en 1931 et se fait engager comme domestique chez un progressiste avant de travailler temporairement en 1932 dans un journal.
A Johannesburg où il retourne en 1933, il demeure chez sa mère à Bloemfontein et travaille dans une boulangerie.
Lorsque le pouvoir de l’apartheid c’est-à-dire la domination de la race blanche vivant en Afrique du Sud sur la race noire décide de supprimer les taudis, Walter Sisulu et ses parents sont transférés vers Orlando en 1934.
Renvoyé de son travail en 1936 pour avoir participé à une grève au sein de la société Premier Milling, Walter Sisulu se fait engager comme agent recenseur dans une autre structure et plus tard, la société Union Bank of SA le recrute en 1938.
Il fait la connaissance en 1938 de Govan Mbeki, le père de l’un des anciens Présidents de l’Afrique du Sud, Thabo Mbeki.
Avec sa compatriote Manto Tshabalala-Msimang, Walter Sisulu ouvre en 1940, une agence immobilière pour s’occuper des terrains concédés à la communauté noire et lorsque le syndicaliste Alfred Mbele le recrute en 1940, il fait ses premiers pas, au sein de l’African National Congress (ANC).
En 1941, il fait la rencontre d’Albertine Nontsikelelo qu’il épouse le 15 juillet 1944 à Johannesburg et cinq enfants naissent de leur union, Max Vuyisile Sisulu né en 1945, Mlungisi Sisulu née en 1948, Zwelekhe Sisulu né en 1950, Lindiwe Sisulu née en 1954 et Nonkululeko Sisulu née en 1957.
Walter Sisulu et Albertine Sisulu adoptent également quatre filles.
Nelson Mandela qui rejoint l’ANC en 1944, considère Walter Sisulu comme son mentor.
Le 2 avril 1944, à Bloemfontein, Oliver Tambo, Anton Lembede, Walter Sisulu, Ashby Mda et Nelson Mandela, fondent la Ligue de la jeunesse de l’ANC ou African National Congress Youth League.
Anton Lembede est désigné Président et Oliver Tambo, Secrétaire général de la Ligue de la jeunesse de l’ANC qui œuvre pour que l’ANC devienne un mouvement de masse radical et non un instrument de rédaction de pétitions à adresser au gouvernement d’apartheid.
En 1949, Walter Sisulu, devenu Secrétaire général s’évertue pour promouvoir l’ANC et clandestinement, en 1953, il entame une tournée mondiale qui l’emmène en Roumanie, à Londres, en Israël, en Chine, en Pologne et en Russie et c’est au cours de cette période que ses convictions communistes se forgent.
Une scène émeut le monde entier lorsque Walter Sisulu comparaît dans une cage de fer comme un animal après son arrestation en 1956.
Il est condamné pour Haute trahison et est libéré après avoir passé quatre années en prison.
Harcelé par la Police du régime d’apartheid, Walter Sisulu renonce à son poste de Secrétaire général de l’ANC.
Il continue néanmoins la lutte discrètement et sa résidence devient la Mecque de l’ANC.
Le 21 mars 1960, un massacre baptisé Massacre de Sharpeville survient en Afrique du Sud où les noirs non armés manifestent pacifiquement contre les lois de laissez-passer que ceux-ci doivent détenir pour circuler mais la Police tire dans la foule et tue plus de 69 personnes et en blesse 180.
Les dirigeants de l’ANC sont en colère et conviennent d’abandonner la lutte non-violente pour s’armer.
Nelson Mandela, l’un des leaders de l’ANC est arrêté le 5 août 1962 et emprisonné au Fort de Johannesburg, puis relâché pour être emprisonné à nouveau en 1963.
Le 1er juillet 1963, dix-neuf dirigeants de l’ANC, notamment Govan Mbeki, Raymond Mhlaba, Elias Motsoaledi, Andrew Mlangeni, Ahmed Mohamed (Katy) Kathadra, Dennis Goldberg, Walter Sisulu et d’autres membres de l’Umkhonto we Sizwe (MK) sont arrêtés dans la ferme de Lilliesleaf du quartier de Rivonia, QG de cette branche armée.
La Police prend possession de leur plan secret baptisé Opération Mayibuyé qui devrait entraîner un soulèvement armé afin de renverser le régime d’apartheid.
Nelson Mandela déjà arrêté et condamné pour cinq ans de travaux forcés pour son implication dans la grève générale de 1961 est jugé à nouveau dans le procès de Rivonia.
Le 12 juin 1964, sont condamnés à la prison à perpétuité pour sabotage, destruction de biens et violation de la loi sur l’interdiction du communisme, Nelson Mandela, Govan Mbeki, Raymond Mhlaba, Elias Motsoaledi, Andrew Mlangeni, Ahmed Mohamed (Katy) Kathadra, Dennis Goldberg et Walter Sisulu.
Walter Sisulu passe 25 ans en prison avant d’être libéré en octobre 1989.
Nelson Mandela quant à lui est libéré le 11 février 1990, après 27 ans de prison.
L’apartheid est aboli le 19 juin 1991.
Très liés, Nelson Mandela et Walter Sisulu continuent de partager le café à leur sortie de prison.
A 79 ans, Walter Sisulu est élu Vice-président de l’ANC mais le 5 mai 2005 il décède à 90 ans à son domicile de Linden de Johannesburg.
Quelques mois avant son décès, Walter Sisulu avait dit : « Je voudrais que l’on se souvienne de moi comme un homme dédié à la lutte pour le peuple. Je voudrais être une source d’inspiration pour les jeunes en quête d’un grand idéal. »
Nelson Mandela rend hommage à Walter Sisulu : « …Une partie de moi s’en est allée…. Dans un sens, je me sens floué par Walter (…) S’il y a une autre vie après ce monde physique, j’aurai aimé être là le premier, afin de pouvoir l’accueillir. La vie en a décidé autrement (…) Nos chemins se sont croisés pour la première fois en 1941. Pendant les dernières 62 années, nos vies ont été enchevêtrées (…) Nous avons partagé la joie de vivre, et la souffrance (…) Ensemble nous avons partagé des idées, scellé des engagements communs. Nous avons marché côte à côte dans la vallée de la mort, soignant les blessures de l’autre, nous soutenant l’un l’autre quand nos jambes flanchaient. Ensemble nous avons savouré le goût de la liberté (…) Walter est fort, raisonnable, pratique et consciencieux. Il ne perdait jamais la tête lors d’une crise. Il était souvent silencieux quand les autres autour de lui criaient (…) Walter et moi avons tout connu ensemble. C’était un homme de raison et de sagesse, et personne ne me connaissait mieux que lui. Il était l’homme dont l’opinion me paraissait la plus digne de confiance et la plus précieuse (…) Je sais que quand mon heure viendra, Walter sera la pour m’accueillir, et je suis presque sûr qu’il me tendra une feuille d’inscription à l’ANC dans ce monde-là… »
PAROLE FORTE DU LEADER WALTER SISULU :
« Je voudrais que l’on se souvienne de moi comme un homme dédié
à la lutte pour le peuple. Je voudrais être une source d’inspiration
pour les jeunes en quête d’un grand idéal »