OLIVER TAMBO DE L’AFRIQUE DU SUD

Oliver Reginald Tambo naît le 27 octobre 1917 à Mbizana, en Afrique du Sud et fait ses cycles primaire et secondaire au St Peters Collège de l’Afrique du Sud.

En 1941, il obtient à l’Université de Fort Hare son Bachelor en Sciences, l’équivalent de la licence.

Pendant une grève pour exiger la formation d’un Conseil estudiantin plus démocratique, Oliver Tambo et Nelson Mandela font connaissance. Les responsables de l’Université renvoient une grande partie des grévistes dont les deux nouveaux camarades, Oliver Tambo et Nelson Mandela.

En 1944, à Johannesburg, Oliver Tambo et Nelson Mandela adhèrent à l’African National Congress (ANC) et quatre années plus tard, en 1948, le Parti national (PN) qui fait la promotion de l’apartheid accède au pouvoir.

Le Parti national (PN) défend la suprématie de la race blanche sur la race noire, fait la promotion de la discrimination et pratique l’exclusion de la population de peau noire.

Apartheid ou Vivre à part, en langue afrikaans est la politique instaurée par les sud-africains blancs.

Diplômé des mathématiques et sciences naturelles du Collège universitaire de Fort-Hare, Oliver Tambo décide de faire des études de Droit.

Lorsqu’il obtient son diplôme d’avocat, il devient en 1952 l’associé de Nelson Mandela au sein du Cabinet d’avocats Mandela & Tambo.

Premier Cabinet géré par des avocats noirs, Nelson Mandela et Oliver Tambo défendent, en grande partie, les droits des victimes démunies et Oliver Tambo dit : « Nous avions progressé jusqu’à un certain statut professionnel au sein de notre communauté, mais chaque affaire devant le tribunal, chaque visite en prison pour discuter avec nos clients, nous rappelaient les humiliations et les souffrances qui bouillonnaient au sein de notre peuple ».

En 1953, Albert Luthuli est élu Président de l’ANC et succède à James Moroka, Président de ce Parti politique de 1949 à 1952.

Mis sur la liste noire du gouvernement de l’apartheid pour la campagne de défiance organisée par l’ANC, Walter Sisulu cède sa place de Secrétaire général de l’ANC à Oliver Tambo qui, à son tour est placé en résidence surveillée mais cette situation délicate ne l’empêche de remplir ses obligations.

Les 25 et 26 juin 1955, pour adopter le Freedom Charter ou Charte de la Liberté, plusieurs délégués de l’ANC de toutes les régions de l’Afrique du Sud se retrouvent à Kliptown, à Soweto, en Afrique du Sud.

Sont présents à cette rencontre, des blancs, des métis, des indiens et la race noire en grande majorité.

La Charte exige du gouvernement d’apartheid, le respect des droits de tous les sud-africains sans distinction de couleur de peau et l’instauration d’un Etat démocratique, non racial en Afrique du Sud.

Les résolutions de la réunion sont :

01°) la mise en place d’une réforme agraire ;

02°) la fin du monopole de certaines structures comme les banques, les mines et les industries ;

03°) une nouvelle loi du Droit du travail avec la couverture santé pour tous ;

04°) la semaine de 44 heures ;

05°) et un salaire minimum pour l’ensemble des sud-africains…

Devenue le document de libération de l’Afrique du Sud, la Charte de la Liberté, est reconnue par l’Inde, la Chine et l’Assemblée générale des Nations Unies.

Les membres du National Action Committee de l’ANC dont Oliver Tambo, chargés de concevoir la Charte de la Liberté deviennent pour le régime d’apartheid les personnes à éliminer.

Le 26 juin 1955, le dernier jour réservé à l’adoption des résolutions finales de la Charte de la Liberté, la Police intervient et arrête 156 personnes pour haute trahison.

Oliver Tambo et Albert Luthuli sont arrêtés et libérés après les auditions préliminaires quant les autres prisonniers ne sont innocentés et relaxés qu’après quatre ans d’instruction.

Oliver Tambo est élu Vice-président de l’ANC en 1958.

Pour protester contre les lois de laissez-passer que les noirs doivent détenir pour circuler, des sud-africains de race noire non-armés marchent pacifiquement mais la Police tire et tue plus de 69 personnes et en blesse 180.

Ce massacre baptisé le Massacre de Sharperville survenu le 21 mars 1960 en Afrique du Sud scandalise le monde entier et la communauté internationale commence à dénoncer les agissements du régime d’apartheid.

Alors que le régime d’apartheid est en difficulté, le Général de Gaulle signe un accord secret avec le Premier ministre sud-africain Hendrick Verwoerd pour lui livrer des armes.

En retour, l’Afrique du Sud s’engage à donner son uranium à la France qui œuvre pour devenir une puissance nucléaire.

En janvier 1962, Nelson Mandela se rend clandestinement à Dar-es-Salam en Tanzanie pour rencontrer le Chef de l’ANC, Oliver Tambo. Ils évoquent la création d’une branche armée de l’ANC et après cette entrevue, plusieurs camps d’entraînements sont créés sous la supervision d’Oliver Tambo.

La lutte armée au sein de l’ANC commence avec l’Umkhonto we Sizwe (MK) qui signifie en Zoulou, Fer de lance de la nation.

Les membres de l’Umkhonto we Sizwe font quelques sabotages de bureaux de poste, de passeport interne de la Cour de justice et des attaques diverses sans faire de victimes en vie humaine.

L’ANC est déclaré Parti politique hors-la-loi par le régime d’apartheid.

Nelson Mandela, Walter Sisulu, Govan Mbeki, Raymond Mhlaba, Ahmed Kathrada, Oliver Tambo et d’autres sympathisants de l’ANC sont recherchés.

Après 17 mois de clandestinité, la CIA communique au régime d’apartheid, la cachette et le déguisement en chauffeur de Nelson Mandela. Il est aussitôt arrêté avec d’autres leaders de l’ANC.

Jugés, ils écopent de la condamnation à perpétuité, sauf Oliver Tambo qui parvient à s’enfuir pour la Gold Coast appelée aujourd’hui Ghana où il demande au Président Kwame Nkrumah de l’aider à exfiltrer sa famille restée en Afrique du Sud.

Avec l’aide du Président ghanéen, Adélaïde Tambo et les trois enfants du couple arrivent au Ghana et résident chez les parents de Paul Boateng un métis né le 14 juin 1951, d’un père ghanéen et d’une mère écossaise qui a été le premier noir à avoir occupé le poste de premier Secrétaire au Trésor du Royaume-Uni sous Tony Blair, Premier ministre du Royaume-Uni du 2 mai 1997 au 27 juin 2007.

Bien avant l’arrivée d’Adélaïde Tambo et les enfants à Gold Coast, Oliver Tambo a déjà quitté la Gold Coast pour Londres.

Lorsque toute la famille Tambo, père, mère et enfants se retrouvent dans le district de Muswell Hill de Londres, tous pensent à un exil de cinq ans au plus mais leur exil s’étend sur 30 ans.

Entretemps, de 1963 à 1975, la France se constitue principal fournisseur en armes du gouvernement d’apartheid de l’Afrique du Sud avec des véhicules blindés Panhard, des hélicoptères Alouette, des avions de chasse Mirage, des avions de transport Transal…

Hors de l’Afrique du Sud, Oliver Tambo mène le combat de l’ANC et prend son quartier général à Lusaka en Zambie. Il dit en 1965 : « En mai 61, l’Afrique du Sud fut déclarée république nationaliste à la suite d’un référendum où seuls les Blancs furent consultés, pas les Noirs. Les noirs africains ont décidé qu’il y avait des façons de faire entendre leur opposition. Une grève générale fut la réponse, appelée au nom de Nelson Mandela. Il quitta sa maison, son bureau, son épouse et ses enfants, pour vivre la vie d’un hors la loi politique (…) il vécu caché, rencontrant seulement ses proches collaborateurs politiques, voyageant déguisé dans le pays, apparaissant pour donner des conseils et disparaissant quand ceux qui le poursuivaient se rapprochaient (…) J’avais quitté l’Afrique du Sud en 1960, et je le revis en 61 et 62, alors qu’il avait été exfiltré pour assister à la conférence panafricaine d’Addis Abeba où il devait expliquer notre combat, notre organisation et faire connaître notre peuple. (…) Il est revenu à la maison pour vivre clandestinement pendant 17 mois avant d’être trahi par un informateur et d’être condamné à cinq ans de prison pour avoir mené la grève de 61 et avoir quitté le pays illégalement. De sa cellule, il a été amené à Rivonia pour être jugé avec huit autres personnes, accusées de sabotage et de conspiration en vue de renverser le gouvernement par la force. Le monde a observé le procès et connaît le verdict, coupable et peine d’emprisonnement à vie. Nelson Mandela est à Robben Island aujourd’hui. Il continue d’inspirer le cœur de chaque patriote africain. Il est l’exemple de leaders capables de se sacrifier dont notre peuple et notre combat a besoin. C’est quelqu’un d’extraordinaire, mais qui sait que sa force vient du peuple (…) Je suis convaincu que les protestations du monde entier durant le procès de Rivonia l’ont sauvé lui et les autres co-accusés de la peine de mort. Mais en Afrique du Sud, la prison à perpétuité signifie la prison jusqu’à la mort ou jusqu’à la défaite du régime d’Apartheid qui maintient ces hommes prisonniers. »

Oliver Tambo voyage beaucoup et se rend régulièrement à Alger en Algérie où se trouve, à la rue Larbi Ben M’hidi non loin de la place de l’Emir Abdelkader, un bureau d’information de l’ANC avec pour représentant permanent, Robert Reisha.

Le lobbying d’Oliver Tambo commence à porter ses fruits lorsque le Comité olympique d’Afrique du Sud est suspendu en 1964 puis exclut en 1970 par le Comité international olympique (CIO).

En 1967, Oliver Tambo devient Président de l’ANC après le décès du Président, Albert Luthuli.

En 1974, le régime d’apartheid de l’Afrique du Sud est rejeté dans le monde et est exclu de tous les organes de l’ONU, à l’exception du Conseil de sécurité.

La stratégie du régime d’apartheid s’aggrave lorsqu’une manifestation d’élèves est réprimée d’une manière disproportionnée.

Des élèves de Soweto qui protestent le 16 juin 1976 contre la volonté du régime d’apartheid qui tente de leur imposer la langue de l’oppresseur c’est-à-dire la langue Afrikaans sont massacrés.

Un élève de 15 ans nommée Dee Mashinini, donne la raison de ce refus : « L’Afrikaans était une matière que la plupart des élèves noirs détestaient et pour laquelle ils avaient de mauvaises notes. Non seulement c’est une langue difficile, mais en en plus ce n’était pas une langue utilisée par les noirs dans les townships. C’était la langue de l’oppresseur, si vous connaissiez quelques mots dans cette langue c’était pour dire ‘oui’ au maître blanc. Il nous était impossible d’envisager d’étudier les maths, ou la science dans une langue que l’on ne maîtrisait pas. »

La Police de l’apartheid se dresse contre cette manifestation qui entraîne la mort de plus de 500 élèves sud-africains noirs et l’arrestation d’une centaine de personnes.

La même année, en 1976, les Jeux Olympiques de Montréal sont boycottés par  27 Etats africains ; Action lancée par la Tanzanie pour se lever contre la tournée de l’équipe de rugby de la Nouvelle-Zélande en Afrique du Sud ; L’Afrique du Sud qui opprime les sud-africains de race noire.

En novembre 1977, l’ONU impose un embargo sur les livraisons d’armes à destination de l’Afrique du Sud mais la France, pour contourner cet embargo, accorde à l’Afrique du Sud une licence pour qu’elle fabrique sur place ses avions mirage et missiles Crotale.

En 1980, hormis la reine Margaret Thatcher de la Grande-Bretagne et les américains qui qualifient l’ANC de Parti terroriste, plusieurs gouvernements européens souhaitent rencontrer Oliver Tambo.

En dépit de son interdiction en Afrique du Sud, des bureaux de l’ANC sont implantés dans 27 Etats et Oliver Tambo lance en 1979 à Lusaka en Zambie où il réside, une campagne dénommée Libérez Mandela.

La répression du régime d’apartheid s’intensifie en 1983 et une militante sud-africaine anti-apartheid de 23 ans Nokuthula Simelane, est enlevée, torturée et assassinée par trois policiers blancs et un policier noir.

Lorsque trois militants de l’ANC sont pendus par le régime sud-africain, Oliver Tambo accorde une interview au journal Le Monde le 11 juin 1983 et dit : « …Ceux qui sont morts ce matin combattaient pour une cause juste. Personne ne peut empêcher cette cause, pour laquelle tant de gens sont tombés, de triompher. Chaque meurtre, chaque massacre ne fait que nourrir le désir de revanche et nous mobiliser…»
Oliver Tambo est réélu Président de l’ANC en 1985 à la conférence de Kabwe en Zambie.

En 1986, le ministre des Affaires étrangères britannique, Sir Geoffrey Howe rencontre Oliver Tambo et voit en lui un homme d’Etat.

Oliver Tambo renforce la lutte pour la libération de tous les prisonniers et qualifie Nelson Mandela de leader né dans le livre de Ruth First.

Considéré comme le cerveau de l’ANC, Oliver Tambo continue d’entretenir le symbole de son Parti politique et il rencontre pour la première fois en juin 1986, la Secrétaire d’Etat britannique chargée des Affaires africaines, Lynda Chalker.

En janvier 1987, Oliver Tambo est reçu par le secrétaire d’Etat américain, George Shultz.

Le 11 février 1990, Nelson Mandela est libéré après avoir passé plus de 27 ans en prison.

En décembre 1990, après 30 ans et neuf mois d’exil, Oliver Tambo foule le sol de ses ancêtres pour trois ans seulement car, le 24 avril 1993, il décède à la suite d’une crise cardiaque.

Le 27 avril 1994, l’ANC remporte les élections libres, ouvertes à tous, blancs, noirs et métis et Nelson Mandela est élu Président de l’Afrique du Sud.

Le 10 mai 1994, lors de son investiture comme Président de l’Afrique du sud, Nelson Mandela rend hommage à Oliver Tambo en disant : « Un formidable géant qui a parcouru le globe comme un colosse est tombé. Un esprit dont les pensées ont ouvert les portes de notre liberté a cessé de fonctionner. Un cœur dont les rêves ont donné de l’espoir à ceux qui étaient méprisés a pour toujours cessé de battre (…) ici repose devant vous le corps d’un homme auquel je suis lié par un cordon ombilical qui ne peut être coupé (…) je dis qu’Oliver n’est pas mort car les idéaux pour lesquels il s’est battu ne peuvent pas disparaître. »

En avril 2007, Adélaïde Tambo, l’épouse d’Oliver Tambo décède à Johannesburg en Afrique du Sud.

Une fois encore, Nelson Mandela reconnaît les mérites d’Adélaïde Tambo, une combattante discrète et déclare : « …Elle était la mère du mouvement de libération en exil. Et une figure respectée de notre nation. Nous rendons hommage à une vie dédiée à la liberté et à servir. »

PAROLE FORTE DU LEADER OLIVER TAMBO :

«Chaque meurtre, chaque massacre  ne fait que nourrir le désir de revanche et nous mobiliser »