Robert Bourgi dit « Bob » qui parle bien le Wolof et l’Arabe est né le 4 mai 1945 à Dakar de Mahmoud Bourgi, un paysan du Sud-Liban qui a émigré au Sénégal en 1918.
Mahmoud Bourgi, le père de Robert Bourgi, fait fortune dans le négoce de textile au Sénégal mais retourne au Liban pour épouser la fille d’un notable de Tyr avec laquelle il aura treize (13) enfants dont Robert Bourgi qui perdit son frère jumeau, «monozygote» à l’âge de deux (2) ans.
Jacques Foccart, Conseiller Afrique du Général de Gaulle, qui tient une affaire de négoce de textile avec la société SAFIEX créée en 1944 recherche des relais à Dakar pour le réseau Françafrique.
Le terme « Françafrique » est utilisé pour désigner l’action néo-coloniale de la France avec l’Afrique et par laquelle la France considère la partie francophone de l’Afrique comme sa propriété privée.
Le choix de Jacques Foccart se porte sur Mahmoud Bourgi, Gaulliste de la première heure et l’un des premiers adhérents du Rassemblement du Peuple Français (RPF) de Dakar.
Mahmoud Bourgi devient ainsi l’informateur attitré de Jacques Foccart. Dès lors, les enfants Bourgi, précisément, l’avocat Robert, l’avocat Rasseck et l’universitaire Albert grandissent dans cet environnement où leur père et Jacques Foccart ont une grande admiration pour le Général De Gaulle.
Après ses études de Droit en France, Robert Bourgi écrit à Jacques Foccart pour lui demander de lui trouver une place dans une structure. Robert l’informe aussi que sa thèse de Doctorat d’Etat a porté sur le Général de Gaulle, « Le Général de Gaulle et l’Afrique noire ».
En attendant d’avoir mieux, Robert Bourgi enseigne le Droit en tant que coopérant à Cotonou au Benin, à Nouackchott en Mauritanie et à Abidjan en Côte d’Ivoire.
Jacques Foccart, pour venir en aide au fils de son ami Mahmoud Bourgi, présente ce dernier à Jacques Chirac et l’introduit ainsi dans la sphère politique.
Il le présente aux Présidents Félix Houphouët Boigny de la Côte d’Ivoire, Omar Bongo du Gabon et Denis Sassou Nguesso du Congo.
A l’Université d’Abidjan, Robert Bourgi fait la connaissance de Laurent Gbagbo, alors Chercheur à l’Institut d’histoire, d’Art et d’Archéologie Africaine (IHAAA) et membre actif du Syndicat national de la recherche et de l’enseignement supérieur (SYNARES) aujourd’hui, ancien Président de la République de Côte d’Ivoire détenue par la Cour pénale internationale à la prison de la Haye en Hollande.
Bien avant l’emprisonnement de Laurent Gbagbo à Séguéla et à Bouaké en 1971, Robert Bourgi essaye en vain de rapprocher le syndicaliste Laurent Gbagbo et le Président Félix Houphouët Boigny.
En 1983, Robert Bourgi est nommé Conseiller du Président Jacques Chirac pour les questions africaines.
Il devient le Conseiller du ministre de la Coopération, Michel Aurillac de 1986 à 1988.
Le 17 mars 1997, Jacques Foccart meurt et Robert Bourgi annonce que le défunt l’a désigné comme son successeur.
Robert Bourgi rompt avec les « Chiraquiens » et rallie le « camp de Nicolas Sarkozy » en septembre 2005 et lors de la remise de ses insignes de Chevalier de l’Ordre national de la légion d’honneur au Palais de l’Elysée le jeudi 27 septembre 2007 à 19 heures, le Président français Nicolas Sarkozy : « Ce qui nous unit, Robert et moi, c’est une amitié de vingt quatre (24) ans, depuis que nous nous sommes rencontrés au RPR en 1983… ». Ces paroles du Président français Nicolas Sarkozy seront exploitées plus tard par les personnes qui ne croient pas en la sincérité de Robert Bourgi.
Avocat de formation, Robert Bourgi s’inscrit au barreau de Paris en 1993 mais, n’ayant plus porté la robe hormis le jour de sa prestation de serment, il indique que c’est son épouse, avocate comme lui, Catherine Vittori qui plaide.
Pour ironiser, il dit : « C’est ma femme, Catherine qui traite les dossiers et plaide. Moi, j’apporte les affaires. D’ailleurs, je n’ai passé la robe que le jour de ma prestation de serment ».
En effet, lorsqu’il se rend en Afrique, Robert Bourgi le fait toujours dans un avion privé affrété par une grande entreprise intéressée par son carnet d’adresses.
Ces entreprises espèrent obtenir des rendez-vous auprès des Chefs d’Etat africains ou obtenir de gros contrats que leur promet leur interlocuteur, Robert Bourgi.
Les Chefs d’Etat africains, en le côtoyant souhaitent aussi, selon Robert Bourgi, rencontrer les politiques ou Présidents français pour bénéficier de relations privilégiées.
C’est ainsi que le dimanche 11 septembre 2011, lors d’un entretien accordé au « Journal Du Dimanche » ou « JDD », Robert Bourgi indique que Jacques Chirac et Dominique de Villepin ont reçu la somme de 20 millions de Dollars ou 10 milliards 144 millions 710 mille 669 Francs CFA de 1997 à 2005, des Chefs d’Etat africains, Omar Bongo du Gabon, Abdoulaye Wade du Sénégal, Blaise Compaoré du Burkina Faso, Laurent Gbagbo de la Côte d’Ivoire et Denis Sassou N’guesso du Congo.
Selon Robert Bourgi, ces Présidents auraient remis cette somme pour financer la campagne présidentielle de Jacques Chirac.
Il donne des précisions sur les personnes qui ont transporté l’argent à l’Elysée, Pascaline Bongo, Directeur de Cabinet et fille du Président Omar Bongo et Jean Marie Adze, ambassadeur du Gabon à Paris ; Eugène Allou, Directeur de Protocole du Président Laurent Gbagbo, Salif Diallo, ministre de l’agriculture du Président Blaise Compaoré du Burkina Faso et Jean Dominique Okenba, Conseiller spécial du Président Denis Sassou N’guesso et neveu du Président.
De l’autre côté, Robert Bourgi met en cause, Jean Marie Le Pen et l’accuse d’avoir reçu, en 1988, de l’argent du Président gabonais Omar Bongo pour financer sa campagne présidentielle.
Le lundi 12 septembre 2011, sur la Radio France Internationale (RFI), Robert Bourgi explique pourquoi il a fait ces révélations : « Je veux une France propre. Je veux une relation avec l’Afrique assainie, dans le droit fil de ce que le Président de la République (Nicolas Sarkozy) a décidé : la rupture. Il y a une certaine forme de rupture, c’est-à-dire le soutien à des chefs d’Etat qui sont des potentats, et qui sont rejetés par leur peuple, qui n’appliquent aucune des règles de la démocratie. Je veux aider le président dans sa politique de rupture. Ce n’est pas l’homme à encourager les chefs d’Etat qui restent 30, 35 ans, 40 ans au pouvoir, comme ceux d’ailleurs qui viennent de démentir : Blaise Compaoré au Burkina Faso, 30 ans de pouvoir. Vous savez très bien que ses mains sont loin d’être propres ! Obiang Nguema en Guinée équatoriale 35 ou 40 ans de pouvoir… Abdoulaye Wade au Sénégal qui a 87 ans et qui se dit assez jeune pour postuler un autre mandat de 7 ans ? Je dis stop ! Et vous savez ce que je retiens dans tout cela, tous les dons d’Omar Bongo du Gabon, de Denis Sassou Nguesso du Congo-Brazzaville, d’Obiang Nguema, de Wade, tous les démentis importent peu. Le plus important, dans le contexte des relations épouvantables qu’avait la Côte d’Ivoire avec notre pays, c’est que Laurent Gbagbo confirme ce qu’a dit Robert Bourgi (…) Ni Omar Bongo, ni aucun autre chef d’Etat africain, par mon intermédiaire, n’a remis d’argent ni à Nicolas Sarkozy ni à Claude Guéant. »
Sur « Europe 1 », Robert Bourgi dit : « Je n’ai aucune preuve, dans ce domaine-là, il n’y a aucune preuve, aucune trace ».
Après ces révélations, l’ONG Transparency International demande que Robert Bourgi soit entendu par la justice française. Dans ce cadre, le Parquet de Paris annonce l’ouverture d’une enquête préliminaire pour entendre Robert Bourgi.
Les personnes incriminées nient ces accusations mais le mardi 13 septembre 2011, Lorrain de Saint Afrique, Conseiller en communication de Jean Marie Le Pen confirme les propos de Robert Bourgi sur le site Internet de Marianne.
De même, Mamadou Koulibaly, ancien Président de l’Assemblée nationale de Côte d’Ivoire et n° 2 du Parti politique du Président Laurent Gbagbo, le Front Populaire Ivoirien (FPI) jusqu’en juillet 2011 et qui a quitté ce Parti après l’arrestation du Président Gbagbo Laurent, pour créer son propre Parti politique, confirme les propos de Robert Bourgi relatifs au Président Gbagbo Laurent et dit : « Robert Bourgi a parfaitement raison, il y a eu un transfert d’argent entre Laurent Gbagbo (au pouvoir de 2000 à 2011) et Jacques Chirac, en 2002 […] d’environ deux milliards de FCFA transportés d’Abidjan vers Paris par valise. […] J’ai dit au président [Laurent Gbagbo] que nous étions un pays pauvre et que nous n’avions pas d’argent à financer des élections d’hommes politiques de pays riches ».
Réticent lorsqu’il a rencontré Robert Bourgi en 2002 à la table du Président Laurent Gbagbo, Bourgi lui aurait dit (à Mamadou Koulibaly) : « Monsieur, vous êtes jeune, quand on veut faire de la politique, on est généreux ».
Sollicité par L’Express, l’ancien Président ivoirien, Laurent Gbagbo refuse de réagir aux accusations de Robert Bourgi.
Détenu dans la ville de Korhogo après son arrestation, il dit, par l’entremise de l’un de ses avocats, qu’il consacre toute son énergie et sa détermination à la recherche des solutions devant aboutir à la nécessaire instauration d’une paix durable dans son pays.
Dès lors, ces avocats déclarent que le Président Laurent Gbagbo refuse de se prononcer sur une pratique dont tout le monde feint de découvrir l’existence et qui ne s’est pas arrêtée pour le malheur des peuples africains.
Le lundi 12 septembre 2011, Karim Wade, quarante trois (43) ans, ministre d’Etat, ministre de la Coopération internationale, des Transports aériens, des Infrastructures et de l’Energie du Sénégal et fils de l’ancien Président sénégalais, Abdoulaye Wade fait un communiqué dans lequel il plainte contre Robert Bourgi pour diffamation.
Robert Bourgi aurait dit dans un entretien accordé au quotidien sénégalais « l’Observateur » que Karim Wade, aurait remis, en sa présence, la somme de 500 millions de FCFA à Dominique de Villepin, Secrétaire général de l’Elysée.
Karim Wade dit : « Je dénonce vigoureusement ces affirmations hallucinantes, sorties de sa seule imagination (…) Je démens catégoriquement les accusations extrêmement graves, mensongères et hallucinantes de monsieur Robert Bourgi. (…) Je jure sur mon honneur n’avoir, à aucun moment, ni directement ni indirectement, donné la moindre somme d’argent à un homme politique français (…) Cette accusation dénuée de tout fondement cache des intentions malveillantes et manipulatrices dans un contexte pré-électoral aussi bien au Sénégal qu’en France (…) Depuis le mois de juillet dernier, Robert Bourgi s’est dressé contre ma personne en distillant abondamment dans la presse de vilaines et méchantes contre-vérités tendant manifestement à nuire à mon image sur le plan national et international ».
Lors des manifestations contre les coupures d’électricité à Dakar, Robert Bourgi a déclaré, en juillet 2011 dans plusieurs médias français et sénégalais que Karim Wade l’aurait réveillé dans la nuit du 27 au 28 juin 2011 pour lui demander d’appeler les plus hautes autorités françaises afin qu’elles fassent intervenir l’armée française à Dakar.
A la suite de son fils, le Président sénégalais décide de porter plainte le lundi 19 septembre 2011 à Paris et à Dakar pour diffamation.
Le jeudi 24 novembre 2011, au cours de son audition par les enquêteurs de la brigade financière de Paris, Maître Eric Dupond-Moretti déclare que son client Robert Bourgi s’est trompé sur le cas du Président Abdoulaye Wade et celui de son fils Karim Wade.
Robert Bourgi dément ainsi l’existence de transferts de fonds venant du Président Abdoulaye Wade pour le compte des politiques français.
Pour les accusations contre le Président gabonais Omar Bongo, les personnes qui connaissaient la relation qu’entretenaient ces deux personnes, trouvent Robert Bourgi ingrat car, le Président Omar Bongo avait adopté Robert Bourgi comme un « fils » et Robert Bourgi l’appelait affectueusement « Papa ».
Ali Bongo, Président du Gabon et fils du Président Omar Bongo, interrogé par les journalistes sur ces accusations dit : « Je ne connais pas la Françafrique. C’est une affaire qui ne nous concerne pas. (…) C’est une affaire qui pour moi relève du passé, je ne connais pas la Françafrique. (…) Il faut croire qu’il y a beaucoup de personnes qui vivent dans le passé, et chaque fois qu’on dit qu’on ne connaît pas cette affaire (la Françafrique), il s’en trouve toujours pour nous ramener en arrière. (…) Quand je dis que je ne connais pas la Françafrique, je ne connais pas la Françafrique. (…) Je connais les relations d’Etat à Etat que j’ai avec un pays, un de nos partenaires privilégiés, comme aussi d’autres relations privilégiées avec d’autres pays. Et il se trouve que depuis qu’il est indépendant, le Gabon a des relations avec beaucoup de pays. Et dans le cadre de ces autres pays, on ne vient pas me parler d’affaires comme celle-là. (…) Ceux qui ont porté plainte sont ceux qui ont été personnellement mis en cause. (…) Je réponds des actes que je pose et je suis à la tête du Gabon depuis 2009. »
Le Porte-parole de la présidence du Gabon, Clémence Mezui fait une mise au point en disant : « Respectons les traditions gabonaises qui veulent qu’on laisse en paix les baobabs qui se sont couchés pour l’éternité ».
Pour beaucoup, Robert Bourgi est un affabulateur et un ancien Conseiller Afrique de Jacques Chirac, Michel Bonnecorse, dans un livre publié par Pierre Péan intitulé « La République des mallettes », affirme que Robert Bourgi a également remis des fonds occultes africains au Président français Nicolas Sarkozy.
Michel Bonnecorse dit : « Il semblait évident qu’il y aurait deux candidats à droite, Robert Bourgi estima qu’il était temps de tendre la sébile pour les deux. Dès lors, il obtient de Denis Sassou Nguesso et d’Omar Bongo des sommes conséquentes. Mais quand il rentre à Paris, Dominique de Villepin est à terre, après l’échec retentissant du CPE en avril 2006, son projet de loi retiré. Tout logiquement, Bourgi estime que désormais la route est dégagée pour Sarkozy. Villepin est cuit… Et au lieu de distribuer une mallette à chacun, il n’en fait qu’une, plus grosse, et la dépose aux pieds du ministre de l’Intérieur de l’époque, Nicolas Sarkozy. Et le retour sur investissement a été immédiat après l’élection de Nicolas Sarkozy : Bongo a été, un des tout premiers, sinon le premier chef d’Etat appelé par le nouveau président après son élection, poursuit le diplomate. Par ailleurs, le président gabonais Bongo obtint alors un prêt pour l’Etat gabonais de 40 millions ou 26 milliards 238 millions 280 mille Francs CFA d’Euro que Jacques Chirac lui refusait ».
Suite à cette affaire, des discours de Robert Bourgi refont surface.
Robert Bourgi avait dit : « Je suis un ami très écouté de Nicolas Sarkozy.( …) Je travaille à la fois pour les présidents africains et pour le président français. Je ne suis pas conseiller, plutôt missi dominici. Mais je ne me déplace jamais sans informer Sarko et Guéant.(…) Omar Bongo a obtenu par mon entremise, la démission du secrétaire d’Etat à la Coopération, Jean-Marie Bockel… ».
Des personnes félicitent Robert Bourgi pour son courage quand d’autres doutent de sa sincérité par rapport à la période choisie pour faire ces révélations et l’opportunité de ces accusations.