(Sunommé : « Tueur à gage juridique »)
Barry Roux est né le 1er novembre 1955 à Mahikeng en Afrique du Sud
« Mercenaire juridique », « tueur » des prétoires, l’avocat d’Oscar Pistorius passionne les médias. Mais qui est Barry Roux, avocat tenace et joker du champion accusé de meurtre ?
Affichant un sourire discret, Barry Roux se faufile entre la nuée de journalistes avides de détails. À la sortie du deuxième jour du procès le plus médiatisé du moment; l’avocat a le triomphe modeste et assure, laconique, qu’il ne fait « rien de spécial » (« nothing special »).
Mais, une fois à la barre, c’est une tout autre histoire. Ce ténor du barreau, 31 ans d’expérience à défendre des accusés controversés, tient enfin dans ses manches le procès de sa vie. Et il compte bien en découdre.
« Tueur à gage juridique »
Les lunettes posées nonchalamment sur l’arête du nez, le geste avare mais la stature impressionnante.
La voix tantôt douce, complaisante, tantôt sévère et sèche, Barry Roux est un maître du contre-interrogatoire. Sa méthode : poser encore et toujours les mêmes questions pour déstabiliser les témoins et traquer les moindres failles… jusqu’à faire craquer.
Les médias anglo-saxons lui ont immédiatement trouvé un surnom, parlant de lui comme d’un « tueur à gage » ou « mercenaire juridique » (« a legal guns to hire »). Le journal à scandale britannique
The Mirror titre pour sa part sur la capacité de l’avocat de la défense à passer de l’insignifiance d’un « caniche » à l’agressivité d’un « rottweiler » en « quelques secondes » (« Defence lawyer Barry Roux can turn from poodle to rottweiller in seconds »).
Dans la même veine, le tweet de Karyn Maughan, une journaliste sud-africaine alors que Barry Roux interroge l’officier Hilton Botha, est lui aussi très imagé : « Roux est en train de détruire Botha. C’est comme regarder un bébé phoque se faire battre à mort.
Un habitué des affaires controversées
Décrit par ses pairs comme un admirable avocat, irréprochable d’un point de vue éthique, Barry Roux n’a pas hésité à s’emparer de ce dossier hautement controversé.
Dans les années 1990, il défend notamment le Général Lothar Neethling, accusé par un journal d’avoir, durant l’Apartheid, ordonné l’empoisonnement de militants anti-apartheid.
Le prix de cinq années de bataille juridique acharnée entre les parties et les compensations financières demandées ont finalement eu raison du journal, obligé de mettre la clé sous la porte.
Barry Roux a également été l’avocat de Glasgow Dave King, ce millionaire et dirigeant du club de football des Glasgow Rangers, dans une retentissante affaire de fraude fiscale. Après 13 ans de procès, l’accusé s’en est sorti avec une facture sensiblement diminuée.
« Compétence », « efficacité »
Alors qu’au deuxième jour du procès l’accusé semblait au bord de la crise de nerf, le visage bouffi, enfoui dans ses mains, Barry Roux a gardé le cap et semble presque avoir réussi à retourner la situation.
« Tout le monde a été épaté par sa compétence et son efficacité pour conduire le contre-interrogatoire des témoins cités par le parquet, au premier rang desquels l’officier de police chargé de l’enquête », estime William Booth, juriste au Cap.
Il a eu raison du policier Botha.
Méthodique et précis, ne lâchant rien, le brillant avocat n’aura fait qu’une bouchée de l’officier Hilton Botha, arrivé le premier sur les lieux du crime.
Sous les feux des questions, ce dernier a fini par admettre nombre de bévues et de négligences : une douille oubliée dans la cuvette des toilettes, un témoignage irecevable d’un voisin censé avoir entendu des cris alors qu’il habitait à plus de 300 mètres du lieu du drame, ou encore l’erreur grossière des détectives qui avaient piétiné les lieux du crime sans chaussures de protection.
Discrédité, l’enquêteur principal a été démis de ses fonctions dès le lendemain et remplacé au pied levé.
Le ténor a même réussi à faire invalider toutes les preuves accumulées jusque-là à l’encontre de l’athlète sud-africain (Pistorius).
Avocat de luxe
Michelle Burger, la voisine appelée comme témoin à la barre, a aussi fait les frais de la « méthode Roux ».
Subissant plusieurs heures d’un interrogatoire féroce, l’avocat traquant la moindre contre-indication, elle a fini par fondre en larmes.
Pistorius verserait entre 3 500 et 6 000 euros par jour à Roux (entre 2 295 849 FCFA et 3 935 742 FCFA).
L’avocat de luxe fait payer cher son client, mais la liberté n’a pas de prix.
Source : www.ouest-france.fr