LE JUGE JAVIER GOMEZ BERMUDEZ – ESPAGNE

Javier Gomez Bermudez connaît les dossiers de terrorisme. À 45 ans, le président de la salle du pénal de l’Audience nationale, né à Malaga, en Andalousie, préside depuis hier et durant cinq mois le procès des attentats les plus traumatisants en Espagne.

La tâche est ardue et le défi important. Mais Javier Gomez Bermudez n’en est pas à son premier dossier difficile ni à son premier macroprocès.

Il fut membre du tribunal dans des affaires importantes, notamment celles concernant l’ETA.

La trame financière de l’organisation terroriste basque ou les procès contre les branches de la guérilla urbaine n’ont pas de secret pour lui. Dernièrement, il présida le tribunal qui jugeait la cellule espagnole impliquée dans les attentats du 11 septembre aux États-Unis.

Ce procès des attentats du 11 mars est toutefois le plus important de sa carrière. Il s’est fixé un objectif : qu’au plus tard fin juin ou fin juillet cette affaire soit mise en délibération pour une sentence en octobre. Membre de l’Association professionnelle de la magistrature, il est décrit comme un juge conservateur mais balaie la question. « Ce que pensent les autres et ce qu’on dit de moi, peu importe, cela me laisse indifférent. »

Un brin dandy, d’une allure très soignée, ce juge au physique à la Yul Brunner, a le sens du détail. Avant de commencer le procès hier matin, il est allé voir les victimes, installées dans une salle spéciale, pour s’assurer que tout allait bien.

Froid mais attentif, il est aussi venu voir les journalistes, installés dans une autre salle où ils suivent sur plusieurs écrans plasma la retransmission des audiences.

Il voulait répondre à des questions de procédure. « Je viendrai tous les jours », a-t-il précisé, en homme qui veut que tout soit bien organisé.

Il sait qu’il sera aussi jugé par l’opinion publique. Car ce procès se déroule dans un climat très tendu, de crispation politique, en raison de la théorie de conspiration, relayée par certains secteurs de la droite et par plusieurs médias.

Selon cette théorie, l’ETA serait la responsable de ces attentats. Voilà pourquoi le juge veillera à ce que le procès se passe dans les règles les plus absolues du droit et du respect de la défense.

Source :www.la-croix.com