AFFAIRE KEMI SEBA

SENEGAL : KEMI SEBA INTERPELLE POUR AVOIR BRULE UN BILLET DE 5000 FCFA

L’activiste panafricaniste Kémi Séba, qui a comparu hier devant la barre du tribunal de Dakar statuant en matière correctionnelle, a finalement été purement et simplement relaxé par le tribunal. Devant la juridiction, le leader de «Urgences panafricanistes» a soutenu qu’il a posé un acte symbolique pour attirer l’attention de l’opinion sur les méfaits du Franc Cfa.

Il suffisait que leur leader les accompagne quand ils sortaient du tribunal pour que la scène soit une copie presque conforme de la libération du grand Mandela. En effet, les nombreux panafricanistes et supporters du leader de «Urgences panafricanistes» ont accueilli la nouvelle de la relaxe de leur idole avec des applaudissements, chantant le nom de leur leader et proférant des slogans hostiles au Franc Cfa. «Kémi, Kémi, Kémi», scandait une partie de la foule, alors que l’autre criait : «non au Franc Cfa».

«Je n’ai pas brûlé ce billet pour défier la Bceao ou la justice africaine, mais c’est pour dénoncer le néocolonialisme dont le Franc Cfa est une des branches»

Habillé comme de coutume en tenue africaine moderne, Kémi Séba a quitté la cave pour rejoindre, avec son présumé complice Alioune Ibn Abitalib Sow, la barre du tribunal. Le poing fermé, le bras levé, Kémi Séba, de son vrai nom Stellio Capo Chichi, a traversé la moitié de la salle d’audience pour se présenter devant les juges. Débute ainsi la série de questions. Juges, avocats comme procureur, chacun voulait en savoir plus. «J’ai brûlé ce billet pour passer un message symbolique, dans le but de dénoncer le néocolonialisme dont le Franc Cfa est une des branches», a déclaré Kémi Séba, qui poursuit pour demander au tribunal de ne pas prendre son acte comme un manque de respect ou un quelconque acte de défiance à l’égard de la justice sénégalaise. «Je n’ai pas brûlé ce billet pour défier la Bceao ou la justice africaine, pour qui j’ai beaucoup de respect. Mais, je le dis et je le répète, le Franc Cfa est un scandale économico-politique d’ordre colonial, qui tue nos peuples africains», a ajouté le chroniqueur politique, sous un tonnerre d’applaudissements de ses supporters venus nombreux lui apporter leur soutien dans la salle d’audience.

Le public applaudit Kémi Séba, le juge évacue la salle

Une situation qui a mis le président du tribunal dans tous ses états. Il a ainsi ordonné aux gendarmes présents dans les lieux d’évacuer la salle, à l’exception des journalistes. Après cela, arrivent les plaidoiries, avec les conseils de la partie civile, la Bceao, qui ont ouvert le bal.

La Bceao demande le franc symbolique, son avocat charge Kémi Séba

Soulignant que le débat sur la Françafrique ne les intéresse pas, Me Mbaye Sall note : «le comportement de M. Séba, qui s’est permis de prendre des jeunes étudiants en otage, en les convoquant à la place de la Nation pour après brûler un billet de banque devant eux, n’est rien d’autre que de l’indiscipline purement et simplement», soutient l’avocat, qui ajoute que le prévenu est d’une mauvaise foi manifeste. «Venir ici nous dire qu’il a posé un acte symbolique, c’est être de mauvaise foi, puisque son acte d’indiscipline ne saurait être un acte symbolique pour faire passer un quelconque message», plaide-t-il, finissant par demander le franc symbolique.

Le procureur tempère et demande 3 mois avec sursis

Prenant ses réquisitoires, le procureur de la République a requis de dépassionner le débat. Poursuivant, le maitre des poursuites révèle que c’est un certain Ahmidou Al Alminou Lo qui a déposé une plainte au niveau de la Dic pour le compte de la Bceao ; il a par la suite demandé au tribunal de relaxer le sieur Alioune Ibn Abitalib Sow et de condamner l’auteur de «supra négritude» à trois mois de prison assortis de sursis.

Le juge relaxe, Kémi Séba porté en triomphe

Scandaleux, rétorquent les avocats de la défense. Pour eux, les billets de banque n’appartiennent pas à la Bceao. A les en croire, leur client, au lieu d’être stigmatisé, devrait tout simplement être donné en exemple pour la jeunesse africaine, pour tous les nobles combats qu’il mène à travers le continent. Ils ont fini par demander au tribunal de purement et simplement relaxer leur client. Au terme de l’audience, le Cour a décidé de relaxer les deux prévenus Stellio Capo Chichi et le jeune étudiant Alioune Ibn Abitalib Sow.

Aussitôt le verdict tombé, les supporters de l’activiste se sont mis à jubiler pour marquer leur victoire. Formant un groupe, ils criaient leur cause pour marquer leur indignation, scandant le nom de Kémi Séba comme pour savourer leur victoire.

Source : www.jotay.net

Date de l’article : 29 août 2017

 

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Le polémiste franco-béninois Kémi Séba a été expulsé mercredi (6 septembre 2017) du Sénégal.

Militant pour la suppression du franc CFA, il avait brûlé en août un billet de 5000 francs.

Jugé dans cette affaire, il avait été relaxé. L’Etat sénégalais a donc pris la décision de l’expulser. Une décision qui a provoqué une mobilisation de la société civile à l’aéroport de Dakar.

L’expulsion de Kémi Séba, Gilles Capo Chichi à l’état-civil, est sans doute la dernière décision du gouvernement Dionne. Puisque l’arrêté a été signé juste avant la démission du Premier ministre mardi (05 septembre 2017)

L’Etat estime que la présence de l’activiste constitue une menace grave à l’ordre public. Pour son bras droit, Héry Djéhuty , il n’en est rien.

« Si vous appelez ça un trouble à l’ordre public, oui, nous on considère que cet ordre public n’est pas garant de l’égalité et du bien-être des Africains ».

L’avocat de Kémi Séba a bien tenté un ultime recours pour stopper l’expulsion en vain. Maître Khourreisy Ba a vu son client à l’aéroport, un client serein estime-t-il.

« Une notification de mesure d’expulsion avec effet immédiat, imaginez un peu sa surprise, mais c’est un combattant, un homme à la peau dure, et donc il prend ça du bon côté ».

Présent à l’aéroport et interpellé deux heures par les forces de l’ordre, le porte-parole du mouvement Yen A Marre Thiat a vertement critiqué l’état du Sénégal. « Un pays où il y a même pas de gouvernement, comment est-ce qu’il peut y avoir un arrêté ministériel ? Faut être sérieux, si nous laissons faire ce sera la honte pour tout le Sénégal ».

Malgré cette expulsion, les sympathisants de Kémi Séba ont annoncé poursuivre leurs mobilisations contre le franc CFA.

Source : www.rfi.fr

Date de l’article : 06 septembre 2017