STEVE BIKO DE L’AFRIQUE DU SUD…

L’apartheid pratiqué en Afrique du Sud est une politique de discrimination raciale par laquelle la minorité blanche se croit supérieure à la majorité noire. Il a été instauré tacitement en Afrique du Sud juste après sa création en 1910.

En 1911, tous les emplois qualifiés dans les mines sont réservés aux blancs.

En 1913, la loi sur la terre, le Land Act attribue 87 % du territoire de l’Afrique du Sud aux blancs et 13 % de terres non fertiles aux noirs avec interdiction pour ces noirs de s’approprier des terres dans les zones rurales.

Les noirs sont tenus à distance par les Boers ou fermiers hollandais, à l’aide de leurs fusils.

En 1923, l’Urban Areas Act créé les native locations  ou Quartiers indigènes ou Ghettos et où les noirs sont entassés.

Avec le Color Bar Act de 1926, l’accès aux emplois supérieurs est interdit aux noirs.

Les noirs sont retirés des listes électorales de la province du Cap en 1936 avec la Représentation of Native Act ; Province pourtant  libérale  que les autres.

En 1942, les travailleurs noirs sont interdits de grève et avec le système de Pass, les Sud-africains noirs sont tenus de limiter leurs déplacements.

Le 18 décembre 1946 à King William’s Town dans la province du Cap, naît un combattant de la lutte contre la ségrégation raciale, Stephen Bantu Biko dit Steve Biko, de Mzingaye Biko pour père et de Nukuzula Macethe Duna pour mère.

Le père de Steve Biko, Mzingaye Biko exerce quelques temps comme policier et abandonne cette fonction pour occuper le poste de Clerc dans le bureau des affaires autochtones de la localité de King william’s.

Son père s’inscrit à l’université UNISA de l’Afrique du Sud et prend des cours de Droit à distance.

En 1948, l’apartheid est officialisé en Afrique du Sud avec l’arrivée au pouvoir du Parti national qui soutient et fait la promotion de la ségrégation raciale.

Le 12 septembre 1951, Steve Biko n’a que cinq (5) ans lorsque son père est tué par un policier blanc au cours d’un rassemblement militant. Il grandit dans une ambiance lourde où toute la famille est révoltée par la mort injuste du Chef de famille.

Steve Biko bien qu’intelligent et calé en mathématiques et en Anglais, adopte un comportement de rebelle et insoumis tout le long de son cursus secondaire au lycée de la Roman Catholic Boarding de la province de Natal, en Afrique du Sud.

La répression du régime d’apartheid s’intensifie et Khaya Biko, le frère de Steve Biko, grand militant anti-apartheid tente en vain d’entraîner son petit-frère dans la politique.

Steve Biko apprend ce que c’est que la garde la vue lorsque son frère Khaya Biko est arrêté et condamné à deux (2) ans d’emprisonnement. Il retourne à son école mais trois (3) mois après, il est renvoyé pour avoir participé à une grève.

L’ex-président de l’Afrique du Sud, Thabo Mbeki est exclu de la même école également.

Steve Biko décide de se battre contre ce système ségrégationniste et son frère Khaya Biko est heureux et dit : « Steve a été renvoyé sans raison valable. Ceci dit, rétrospectivement, je salue le geste du gouvernement Sud-africain car il a mis en lumière un très bon politicien. J’avais essayé en vain d’obtenir que Steve s’intéresse à la politique. En un jour, la police aura réalisé que, des années durant, je n’ai pas réussi à faire. Elle a de surcroît réveillé en lui un géant. »

Steve Biko obtient les notes exigées pour s’inscrire à l’université et il choisit la Faculté de médecine de l’University Of Natal Medical School, à la section de personnes de race noire et en 1967, il est élu au Conseil représentatif des étudiants.

A l’université de Rhodes, Steve Biko est désigné en 1968 délégué à la Conférence de la National Union of South African Students (NUSAS) ou Union nationale des étudiants Sud-africains.

La NUSAS est dirigée par des étudiants de race blanche qui affirment que le mouvement NUSAS est libéral et respecte les libertés de tous ses membres, blancs comme noirs.

Or, Steve Biko trouve que les préoccupations des étudiants de race noire ne sont pas prises en compte et la distinction entre étudiants noirs et étudiants blancs est une réalité au sein de la NUSAS.

En 1969, il quitte la NUSAS et, avec d’autres étudiants du Natal créent le premier syndicat étudiant exclusivement noir de l’Afrique du Sud, la South African Students Organisation (SASO) ou Organisation des Etudiants sud-africains.

La SASO devient l’un des principaux représentants du Black Consciousness movement ou Mouvement de Conscience noire.

Le Mouvement de Conscience noire est un courant de pensée proche du Black nationalism des Etats-Unis d’Amérique et du Panafricanisme qui prônent l’unité des populations de race noire.

Exclu de la Faculté de médecine, Steve Biko s’occupe de projets sociaux à Durban comme enseigner les personnes défavorisées qui ne peuvent s’offrir le luxe de fréquenter les écoles.

Steve Biko, dans son combat, s’inspire de la lutte de grands Hommes comme l’Américain noir William Edward Burghardt ou W.E.B. Du bois, activiste des droits civiques qui exige l’égalité des droits pour les noirs ; L’Afro-américain Alain Locke qui, pour donner l’opportunité à des talents noirs d’éclore dans les années 1919, apporte son aide aux artistes, écrivains et musiciens Afro-américains ; Le Jamaïcain Marcus Garvey précurseur du panafricanisme ; Le Martiniquais Aimé Césaire qui combat le colonialisme ; Le Martiniquais Frantz Fanon qui se bat pour que tous les opprimés du monde soient solidaires ; L’Afro-américain Malcolm X, militant des droits de l’homme qui se bat contre la ségrégation raciale et l’Américain Martin Luther King Jr qui lutte contre la ségrégation raciale aux Etats-Unis d’Amérique.

Steve Biko, avec le Mouvement de Conscience noire, appelle les personnes de race noire à cesser de se plier en quatre (4) devant les personnes de race blanche.

Il juge qu’il est primordial que la libération psychologique précède la libération physique. Pour lui donc, les noirs ne pourront se libérer politiquement de l’apartheid que s’ils arrêtent de se croire inférieurs aux blancs.

Le Mouvement de Conscience noire critique l’ANC et les libéraux blancs lorsqu’ils disent aux opprimés de s’émanciper eux-mêmes.

Steve Biko se demande comment les noirs peuvent-ils s’émanciper s’ils sont mentalement enchaînés.

S’ils se croient inférieurs aux blancs ?

Dans une idéologie de non-violence, Steve Biko veut marquer dans l’esprit de la communauté noire qu’elle doit être fière d’être noire et ne plus se sentir complexée.

En 1970, Steve Biko épouse Ntsiki Mashalaba et deux (2) enfants voient le jour, Nkosinathi Biko né en 1971 et Samora Biko.

Hors mariage, Steve Biko a trois (3) Lerato Biko née en 1974 mais décédée deux (2) mois après sa naissance d’une pneumonie, Motlatsi Biko née en 1977 et Hlumelo Biko né en 1978.

En 1971, Steve Biko, dans un discours à Cape Town, dit : « L’arme la plus puissante dans les mains de l’oppresseur, c’est la mentalité, l’esprit de l’opprimé ! »

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Pour Steve Biko, le noir doit changer sa manière de penser et doit se considérer l’égal du blanc et il confie à un journaliste Britannique : « …Pour commencer, il faut que les Blancs réalisent qu’ils sont seulement humains, pas supérieurs. De même les Noirs doivent réaliser qu’ils sont aussi humains, pas inférieurs… »

En 1972, la SASO va plus loin en rejetant la coopération avec les leaders noirs impliqués dans le système de l’apartheid et traite de collaborateurs, les noirs qui travaillent avec le système d’apartheid ou ceux qui souhaitent un rapprochement avec les blancs.

Il propose aux noirs de se défaire de l’assistance des blancs et refuser désormais de participer à tout mouvement où il y a des blancs.

Avec l’emprisonnement des leaders de l’ANC et la dislocation de ce Parti, les élèves et étudiants adhèrent massivement au Mouvement de Conscience noire.

Le régime d’apartheid qui se sent menacé, arrête Steve Biko et d’autres membres du Mouvement de Conscience noire pour terrorisme.

Plusieurs fois arrêté et relâché, Steve Biko poursuit la conscientisation de la masse.

En 1973, banni et assigné à résidence dans sa ville natale de King William’s Town, les autorités ne le lâchent plus.

Steve Biko est même interdit de tenir des discours en public et parler à plus d’une personne.

Pendant cette période d’exclusion, sa femme Ntsiki dit : « J’ai épousé un homme ne sachant pas qu’il était le chef de file d’un mouvement. Pour moi, il était juste comme n’importe quel homme. Cependant, je voyais bien qu’il y avait quelque chose qui le poussait à travailler avec, et pour les autres, tant et si bien que, la plupart du temps, la famille ne passait pas en premier. Quand il a été banni en 1973, les gens venaient le voir pour lui soumettre des problèmes. Il y avait ceux qui venaient avec des problèmes d’argent ou de famille. Si quelqu’un venait à lui en disant « Je n’ai pas d’argent pour envoyer mon enfant à l’école », ou « Je n’ai pas de nourriture à la maison », vous savez ce qu’il faisait ? Il vidait nos sacs afin de rassembler le nécessaire pour aider cette personne. Donc, il était toujours disposé à œuvrer pour les gens. »

En dépit du bannissement, la graine semée par le Mouvement de Conscience noire germe dans l’esprit des jeunes et les parents n’arrivent plus à retenir leurs enfants.

Les recommandations des parents aux enfants de rester modérés et sages n’empêchent pas ces derniers de se rallier au Mouvement de Conscience noire ; Mouvement qui leur permet d’avoir confiance en eux, au point de ne plus avoir peur du blanc et de ses lois.

Ainsi, le 16 juin 1976 à 08 heures du matin, des milliers d’élèves de race noire de Soweto protestent devant l’école Morris Isaacson pour faire fléchir le régime d’apartheid sur sa décision d’imposer dans les écoles, l’afrikaans dans l’enseignement de la géographie, les mathématiques et l’histoire.

Or, l’afrikaans est la langue de ceux qui ont officialisé l’apartheid en Afrique du Sud.

Trois (3) semaines avant, les élèves du Lycée technique de Phefeni avaient fait la grève pour la même revendication.

Avec des banderoles, les élèves envisagent marcher dans Soweto pour se retrouver au stade Orlando mais ils tombent sur un dispositif de Police impressionnant qui leur intime l’ordre de se disperser.

Au premier refus, les policiers lâchent les chiens sur les manifestants, puis des bombes lacrymogènes et tirent à balles réelles.

La première personne touchée par balle dans le dos est un écolier de douze (12) ans, Hector Pieterson.

L’enfant agonise et est porté dans les bras par Mbuyisa Makhubu âgé de dix-neuf (19) ans, un jeune venu participer à la manifestation.

Paniqué, Mbuyisa Makhubu court avec Hector Pieterson mourant et la petite sœur de la victime, Antoinette Pieterson court à leurs côtés en pleurs, dans son uniforme d’école.

Hector Pieterson meurt le même jour, le 16 juin 1976.

L’image immortalisée par le photographe Sam Nzima fait le tour du monde et enflamme Soweto puis toute l’Afrique du sud.

Des cailloux et des bois sont utilisés par les manifestants pour affronter la Police Sud-africaine super-armée.

Officiellement, il est dénombre 575 morts mais officieusement il est dénoncé plus de 1.000 personnes tuées.

En fin de compte, le régime d’apartheid retire la loi contestée.

Mbuyisa Makhubu, le jeune qui portant l’enfant agonisant est harcelé par les services secrets du régime d’apartheid qui veulent le faire taire afin qu’il ne témoigne pas.

Mbuyisa Makhubu prend la fuite et disparaît pour toujours.

Sa mère dit avoir reçu un courrier de lui en 1978 en provenance du Nigéria et plus rien après.

Cependant, sa cousine, Thoko Makhubu Diamini affirme qu’une personne incarcérée depuis 2004 à Lindsay, au nord-est de Toronto au Canada est Mbuyisa Makhubu.

Cette personne est arrivé à Toronto, au Canada en 1988 sous la fausse identité de Victor Vinnetou et n’ayant pas pu avoir le statut de réfugié au Canada il a été emprisonné et serait atteint de troubles mentaux.

Sa famille lutte pour qu’il soit rapatrié en Afrique du Sud même si le test d’ADN effectué n’a pas été concluant mais il porterait une tâche de naissance semblable à celle de Mbuyisa Makhubu.

Après la manifestation des élèves, Steve Biko dit : « …La réponse des étudiants à ce moment-là a traduit leur fierté. Ils ne voulaient pas se calmer, même sous la menace des fusils. Et donc ce qui devait arriver arriva. Certains ont été tués. Les révoltes n’arrêtaient pas. Parce qu’à aucun moment, les jeunes étudiants – ni à aucun moment leurs parents – ne se sont résignés à avoir peur. le monde a considéré que des mesures oppressives avaient délibérément été mises en place pour calmer les masses noires, et tout le monde était également déterminé à dire à la police, à dire au gouvernement : nous ne serons pas effrayés par votre police, par vos chiens et par vos soldats. Voilà l’absence de peur dont on parle, et que je considère comme un élément déterminant de l’action politique… »

La Black People’s Convention ou Convention du peuple noir élit, en janvier 1977, à l’unanimité, Steve Biko Président d’honneur pour sa grande contribution dans la lutte pour la libération et Peter Cyril Jones, Secrétaire national à l’économie et aux finances.

Steve Biko et Peter Cyril Jones se rapprochent et ce dernier dit : « Steve avait une attitude drôle et joyeuse. (…) Il était sérieux et engagé dans son travail pour le peuple, comme nous tous. Sa capacité et son intrépidité envers les gens – de toutes sortes, bons ou mauvais – étaient quelque chose à expérimenter. (…) Steve et moi avons partagé une interaction quelque peu frénétique au quotidien. Mais il y avait des moments où nous pouvions être tranquilles les uns avec les autres, dans la camaraderie et la réflexion. Cela se produisait également aux petites heures du matin, lorsque la foule était partie. »

Le 17 août 1977 Steve Biko bien qu’interdit de quitter sa résidence, lui et Peter Cyril Jones se rendent à Cap Town pour régler un différend avec le leader du New Unity Movement du nom de Neville Alexander,

Ils arrivent à 10 heures du matin à Cap Town et se reposent chez Peter Cyril Jones avant de se rendre chez Fikile Bam, un camarade de Neville Alexander.

Peter Cyril Jones laisse Steve Biko et Fikile Bam pour aller seul chez Neville Alexander pour le prévenir de l’arrivée de Steve Biko et son intention de le rencontrer mais Neville Alexander refuse.

Revenus, Fikile Bam propose qu’en dépit du refus de Neville Alexander, iemande qu’ils s’y rendent tous les trois (3).

Une fois arrivés, Fikile Bam va seul vers Neville Alexander pour le convaincre de rencontrer Steve Biko. Steve Biko et Peter Cyril Jones attendent dans le véhicule stationné dans la Cour de Neville Alexander.

Neville Alexander ne souhaite pas rencontrer Stive Biko parce qu’ils sont tous deux bannis et seront arrêtés et emprisonnés si les autorités sud-africaines venaient à les prendre et cela portera un coup au mouvement de la conscience noire. Il dit plus tard : « Fiks a essayé toutes les astuces du livre pour me convaincre de rencontrer Steve. Mais je ne bougeais pas. Afin de me mettre la pression, il a dit que Steve était assis dans la voiture dans la cour. Mais mes gars m’ont demandé de ne pas rencontrer Steve à cause de problèmes au sein du Black Consciousness Movement à Cape Town. Je ne voulais pas être pris entre deux feux. »

Se sentant en danger puisque banni et assigné à résidence dans sa ville natale de King William’s Town, Steve Biko décide de retourner le même soir à King William’s Town, long de 12 heures.

A un barrage de Police, à Grahamstown, Steve Biko bien que déguisé est reconnu par les agents de Police du régime d’apartheid.

Il avoue être Steve Biko, ils sont arrêtés le 18 août 1977 et conduits au célèbre quartier sécurisé de Port Elizabeth.

Ils sont séparés et Steve Biko est conduit au poste de police de Walmerde, à Port Elizabeth et enchaîné, il est roué de coups et laissé nu dans le bureau 619 de l’immeuble Sanlam.

Privé de soins pendant plusieurs jours, son état de santé empire et le 7 septembre 1977, Steve Biko souffre de lésions neurologiques qui font qu’il perd fréquemment connaissance.

La violence des sévices est telle que son transfert dans un hôpital s’impose à ses geôliers le 11 septembre 1977.

Les capitaines de police Siebert et Wilken et le sergent-détective Niewoudt l’emmènent dans une prison de Pretoria à plus de 1 000 km de Port Elizabeth.

Jeté à l’arrière d’un véhicule de marque Land Rover, sans vêtement, entièrement nu, ils parcourent la distance de 1.200 Km qui sépare Port Elisabeth à Pretoria, sans escorte médicale pourtant Steve Biko agonise.

Steve Biko arrive à destination vivant mais déposé toujours nu, à même le sol d’une cellule de la prison centrale de Pretoria, il décède le 12 septembre 1977.

Peter Cyril Jones est emmené au poste de police d’Algoa de Port Elizabeth où il est gardé prisonnier pendant dix-huit (18) mois et il confie bien plus tard : « qu’ils avaient été emmenés dans une pièce isolée des bureaux de police de Gqeberha. Ses vêtements ont été retirés et il a été contraint de s’asseoir au centre d’une pièce sur une chaise en acier à laquelle sa main gauche était attachée. Il a été interrogé sur ses activités liées à son implication dans le Mouvement pour la Conscience Noire et sur les raisons pour lesquelles il se trouvait avec Biko au moment de son arrestation. L’une de ces activités comprenait un tract qui aurait été distribué par les militants et lorsqu’il a nié en avoir connaissance, une attaque s’est ensuivie entre lui et les policiers de l’apartheid, le colonel Gideon Nieuwoudt, les adjudants Johan Beneke et Rubin Marx et le major Harold Snyman. ».

Il dit : « Nieuwoudt m’a frappé à la tête et dans le dos avec un tuyau vert, Beneke m’a frappé avec un tuyau noir dans le dos et les fesses et Snyman et Marx m’ont donné des coups pour me maintenir aligné. »

Peter Cyril Jones raconte qu’en prison, loin de celle de Steve Biko, il a essayé de converser avec des détenus d’une cellule voisine à sa tienne et lorsque les détenus ont su qu’il s’agissait de lui, un compagnon d’armes de Steve Biko, ils se sont mis à crier très fort.

Peter Cyril Jones, ignoraient alors que ces détenus faisaient les funérailles de son ami et frère Steve Biko. Il dit : « Je n’ai appris la mort de Steve que le lendemain des funérailles, trois semaines après sa mort (…) La mort de Steve m’a laissé sans mots. Je me suis assis avec ce qui ne peut être décrit que comme un coup violent porté à la poitrine, une pression persistante, une inconsolabilité qui persiste depuis de nombreuses années. »

Le régime d’apartheid déclare que Steve Biko est décédé à la suite d’une grève de la faim mais la journaliste Helen Suzmana réussit à prouver que le prisonnier est mort après avoir été torturé par la Police.

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Elle demande au ministre de la Justice du gouvernement d’apartheid, Jimmy Kruger, ce qu’il pense de la mort de Steve Biko et ce dernier répond : « Je ne suis ni heureux, ni désolé à propos de M. Biko. Sa mort me laisse froid. »

Les policiers, auteurs du crime de Steve Biko ne sont que blâmés par leur hiérarchie.

Donald Woods, un ami journaliste sud-africain blanc de Steve Biko, rédacteur en chef du journal Daily Dispatch publie les photos de Steve Biko couvert de plaies et d’ecchymoses gisant à même le sol et nu.

Le monde entier est choqué et bouleversé.

Le grand chanteur Peter Gabriel sort une chanson intitulée Biko.

De même, un film est tourné sur la vie de Steve Biko, Cry Freedom ; Film réalisé en 1987 par Richard Attenborough et joué par deux (2) grands acteurs de cinéma américains, Denzel Washington et Kevin Kline.

L’Afrique du Sud commence à être isolée sur la scène internationale et des Etats évitent désormais de collaborer avec elle.

Le Conseil de sécurité de l’ONU vote la Résolution 417 le 31 octobre 1977 et la résolution 418 le 4 novembre 1977 pour imposer un embargo sur les ventes d’armes à destination de l’Afrique du Sud.

L’apartheid est aboli le 30 juin 1991 en Afrique du Sud.

En 1994, élu Président de l’Afrique du Sud, Nelson Mandela dit : « Biko a été le premier clou dans le cercueil de l’apartheid.»

En 1995, la Commission pour la Vérité et la Réconciliation est confiée à l’archevêque anglican Desmond Tutu qui, après trois (3) ans d’enquête, compte 20.000 auditions et 5.000 demandes d’amnistie.

Desmond Tutu prêche le pardon en disant : « En ouvrant les blessures pour les nettoyer, on les empêchera de s’infecter. La vraie réconciliation n’est jamais bon marché, car elle repose sur le pardon qui est coûteux. »

Pour bénéficier de l’amnistie proposée par le gouvernement, cinq (5) anciens policiers reconnaissent leur responsabilité dans la mort de Steve Biko.

En décembre 2014, le rapport d’autopsie de Steve Biko est mis en vente par les enfants de Maureen Steele, l’ancienne secrétaire particulière du médecin légiste mais le mercredi 3 décembre 2014, la justice Sud-africaine interdit cette vente sur demande de la famille Biko.

Peter Cyril Jones, l’ami de Steve Biko décède le 15 février 2023, après avoir lutté pour une vie meilleure des Noirs et a œuvré pour garantir que les terres communales où vivent la majorité des sud-africains pauvres, soient transformées en zones productives et économiquement fonctionnelles grâce à des méthodologies d’autosuffisance.

Nkosinathi Biko, le fils de Steve Biko âgé de trente-six (36) ans et Président de la Fondation Steve Biko dit : « Il (Steve Biko) nous a aidés à comprendre et à construire notre identité, et il continue à influencer les jeunes. »

Nelson Mandela dit : « L’Histoire est émaillée de leaders capables de saisir les occasions et de porter les souhaits ainsi que les aspirations des opprimés. Steve Biko était de ceux-là, un pur produit de son époque, le fier représentant de l’éveil de tout un peuple. »

En mai 1977, seulement trois (3) mois avant sa mort, Steve Biko disait : « …Soit tu es vivant et fier, soit tu es mort, et quand tu es mort, tu ne peux plus t’en soucier. Et ta façon de mourir peut elle même être une chose politique (…) car si je n’arrive pas dans la vie à soulever la montagne de l’apartheid, sûrement l’horreur de la mort y parviendra. »

Les témoignages affluent et Donald Woods, rédacteur en chef du Daily Dispatch (East London, Afrique du Sud) déclare : « Au cours des trois années pendant lesquelles j’ai appris à le connaître, je n’ai jamais douté qu’il fût le leader politique le plus important du pays et tout simplement le plus grand homme que j’ai eu l’honneur de rencontrer. »

PAROLE FORTE :

«L’arme la plus puissante dans les mains de l’oppresseur,
c’est la mentalité, l’esprit de l’opprimé ! »

Steve Biko

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