
Le 10 avril 1913, à Song Peck, au Cameroun-français, Ruben Um Nyobè naît de Nyobè Nsounga et de Ngo Um Nonos, tous deux (2) cultivateurs.
En 1920, à l’âge de sept (7) ans, Um Nyobè commence ses études primaires à l’école presbytérienne de Makay et est baptisé un an plus tard par des missionnaires protestants. L’école d’Ilanga non loin d’Eseka l’accueille en 1924 et il y obtient son Certificat d’Etudes Primaires Elémentaires (CEPE) en 1929. Um Nyobè rejoint l’Ecole normale de Foulassi en 1931 mais est renvoyé lorsqu’un litige l’oppose aux enseignants. Il se présente en candidat libre à l’examen de Moniteur indigène et, admis, il donne des cours dans des écoles presbytériennes. En 1935, après des cours par correspondance, Um Nyobè réussit son concours de Commis des services civils et financiers. Il adhère à la Jeunesse Camerounaise Française (JEUCAFRA) en 1936 mais abandonne l’association pour divergence d’idéologie et créé, avec d’autres compatriotes, le Rassemblement Camerounais (RACAM) mais frappé d’interdiction un mois après sa création, le RACAM ne mène aucune activité. En 1939, il décroche la première partie de son Baccalauréat. Muté au greffe du Tribunal d’Edéa, il se passionne pour le Droit et est attristé par l’injustice à laquelle sont soumis ses compatriotes avec le système de l’Indigénat où une distinction est faite entre français et camerounais. En effet, les camerounais sont appelés des Indigènes et dépourvus de droits car considérés comme de simples sujets et les français sont appelés Citoyens avec toutes les prérogatives qui s’y rattachent. PUBLIÉ PAR LOIDICI.COM De plus, il est témoin des travaux forcés et des réquisitions auxquels sont soumis les camerounais. Plus que jamais, il est déterminé à mettre un terme à ces pratiques et dit : « La colonisation, c’est l’esclavage ; c’est l’asservissement des peuples par un groupe d’individus dont le rôle consiste à exploiter les richesses et les hommes des peuples asservis. » En 1944, à Badjôb au Cameroun, Um Nyobè épouse Marthe Françoise Ngo Mayack. Pour avoir aidé les français à se libérer des allemands lors de la deuxième guerre mondiale, le Général de Gaulle allège le traitement des africains et leur accorde le droit de créer des syndicats. Le 18 décembre 1944 donc, avec l’aide de la Confédération Générale des Travailleurs (CGT), un mouvement pro-français, il est créé l’Union des Syndicats confédérés du Cameroun (USCC). Um Nyobè adhère à l’USCC le 18 octobre 1945, et en devient le Secrétaire général adjoint. Il participe à la création d’autres syndicats qu’il aide à fédérer en unions syndicales régionales puissantes. Avec le Cercle d’Etudes Sociales et Syndicales, Um Nyobè participe à la formation des camerounais au syndicalisme. Il leur apprend également le fonctionnement du processus d’exploitation économique et politique des colons. En 1946, lorsque les autorités françaises autorisent l’exercice des activités politiques au Cameroun, Um Nyobè part au Congrès fondateur du Rassemblement Démocratique Africain (RDA) organisé du 18 au 21 octobre 1946 à Bamako au Mali. Il côtoie des progressistes de l’époque, Félix Houphouët Boigny de la Côte d’Ivoire, Modibo Keita du Mali, Sékou Touré de la Guinée et bien d’autres. Jugeant que seule l’indépendance du Cameroun peut contribuer à améliorer les conditions de vie de ses compatriotes, Um Nyobè confie à son camarade Jacques Ngom, la direction des syndicats et s’intéresse au combat pour la libération du Cameroun. En 1947, alors que Um Nyobè est peu connu du public, les services de renseignements français l’ont déjà repéré et ont fait ce commentaire : « Intelligent (Um Nyobè), il cherche à acquérir par lui-même une culture supérieure…Depuis les dix-huit derniers mois, il a consacré toute son activité à créer de nombreux syndicats réunis en Union régionale, dont il est le secrétaire général…Est l’un des membres les plus actifs du mouvement démocratique Camerounais, bien que ne paraissant pas lui-même… Elément dangereux. Sort très peu, mène une vie retirée, ayant un noyau d’amis très restreint. » Pour le sanctionner de son activisme, Um Nyobè est affecté à Maroua, Ngaoundéré au Nord du Cameroun. Le 10 avril 1948, à Douala, dans le café-bar de Ndokoti baptisé Chez Sierra, le premier Parti politique du Cameroun est créé l’Union des Populations du Cameroun (UPC). Pour tromper la vigilance du colonisateur afin qu’il reconnaisse le nouveau Parti politique, Um Nyobè ne se présente pas à la réunion bien qu’informé de la tenue de cette réunion et évite d’inscrire son nom sur la liste des douze (12) fondateurs. L’UPC prend pour symbole, un drapeau rouge sur lequel est dessiné un crabe noir : La couleur rouge se réfère aux patriotes qui ont versé leur sang pour une cause juste ; Le crabe représente la demande de réunification du Kamerun ; La couleur noire fait référence à la couleur de l’Afrique noire, continent où vivent les camerounais. Le Président de l’association des Bétis de Douala, Léonard Bouli, devient le premier Secrétaire général de l’UPC. Les autorités françaises hésitent à reconnaître l’UPC mais le 9 juin 1948, il devient un parti politique légal et Um Nyobè se dévoile neuf (9) jours après en se rendant à Abidjan, en Côte d’Ivoire, le 17 juin 1948, comme représentant de l’UPC au premier Congrès du Rassemblement Démocratique Africain (RDA). Lorsque le Président Ivoirien, Félix Houphouët Boigny et d’autres leaders politiques africains considérés comme progressistes décident de coopérer avec les autorités françaises, Um Nyobè qualifie ces dirigeants de traîtres et prend ses distances. En novembre 1948, à l’unanimité, Um Nyobè est choisi pour occuper la Présidence de l’UPC et en 1949, pour se consacrer pleinement à la politique, il demande sa mise en disponibilité auprès de l’Administration coloniale et l’obtient. Il devient Secrétaire général de l’UPC au Congrès du parti en 1950. Le 17 décembre 1952, la souscription publique organisée par l’UPC permet à Um Nyobè de payer son billet d’avion pour participer à la 309ème séance de l’Organisation des Nations Unies (ONU) à New York aux Etats-Unis d’Amérique. La France qui veut l’empêcher de se rendre à New York, demande aux américains de ne pas lui délivrer le visa. Pour protester contre les manœuvres de la France, les camerounais et sympathisants de l’UPC manifestent devant l’Ambassade des Etats-Unis d’Amérique en France. Pour éviter un scandale, le visa est délivré à Um Nyobè et une fois à la réunion de l’Assemblée des Nations-Unies, Um Nyobè demande l’unification du Cameroun en tenant ce discours : «…Il est question de demander à l’organisation des Nations unies de trouver de véritables solutions qui permettront aux Camerounais d’accéder à leur indépendance dans un avenir raisonnable c’est-à-dire le plus proche possible. Et nous sommes modérés dans notre action. Nous ne demandons pas d’indépendance immédiate. Nous demandons l’unification immédiate de notre pays et la fixation d’un délai pour l’indépendance. » L’UPC crée plus de cent (100) Comités au Cameroun, devient le Parti politique incontournable au Cameroun et Um Nyobè exige une fois encore la réunification du Cameroun avant son indépendance. Revenu au Cameroun, en 1953, Um Nyobè transforme son discours tenu à l’ONU en mémorandum intitulé Que veut le Cameroun ? un plaidoyer pour l’indépendance du Cameroun. Pour informer ses compatriotes qui ont cotisé pour assurer son voyage, Um Nyobè fait des tournées dans le pays mais, dans la localité des Bamoun du Sultan Njoya, une tentative d’assassinat sur sa personne est déjouée. En effet, pendant l’allocution de Um Nyobè, des personnes se jettent sur lui mais des sympathisants de l’UPC venus l’écouter se couchent sur lui et reçoivent les coups de couteaux qui lui sont destinés. Um Nyobè s’en sort avec une blessure à la tête quand une fausse rumeur sur sa mort se propage dans le pays. Dans sa tournée d’explication, le 7 février 1953, à Songmbengue, dans la subdivision de Babimbi, Um Nyobè tient une réunion pour rendre compte de son passage à l’ONU. Le même jour, à la même heure et dans la même localité, l’administrateur français Gélis, qui tente de détourner la population du meeting de Um Nyobè, tient sa réunion publique. Avec la population qui participe en masse au meeting de Um Nyobè, le ressortissant français se rend à la réunion de Um Nyobè et sur place, il tire des coups de feu en l’air pour disperser la foule. L’administrateur français ordonne des arrestations. Um Nyobè dénonce ouvertement l’injustice et promet de porter plainte devant les juridictions mais l’administrateur le devance et saisit les tribunaux pour violence contre agent public dans l’exercice de ses fonctions. L’affaire Gélis contre Um naît. Um Nyobè porte plainte à son tour pour voies de fait perpétrées sur un citoyen par un agent public et l’affaire prend le nom de Um contre Gélis. Face aux deux (2) plaintes, le juge d’instruction, sur recommandation du Gouverneur Soucadaux, rend une ordonnance de non-lieu et classe les deux (2) affaires. Hermine Victorine Ngo Um Nyobè, la deuxième fille de Um Nyobè naît le 13 août 1953. En 1954, devant la 4ème Commission de l’ONU à New York, Um Nyobè exige de la France qu’elle organise un référendum sur la question de la réunification du Cameroun et qu’elle fixe une date pour la fin de la tutelle et l’indépendance du Cameroun. Il dit : « La langue est l’un des éléments fondamentaux pour le développement de la culture d’une nation, la colonisation perdrait sa raison d’être si elle devait œuvrer pour permettre au pays colonisé d’instituer une langue nationale (…) Outre la possibilité que nous avons d’instituer une langue nationale après l’accession à notre souveraineté nationale, nous avons proposé pour l’immédiat la vulgarisation de l’enseignement du français et de l’anglais dans les deux parties du pays, et ce, à partir de l’enseignement élémentaire (…) La communauté de culture [entre les Camerounais] existe à l’origine. On a seulement essayé de la falsifier en instaurant la pseudo-culture française d’une part et anglaise d’autre part, mais cette entreprise se trouve elle-même mise en échec par le fait colonial qui s’oppose au développement culturel des peuples colonisés (…)…Les Allemands sont restés au Cameroun pendant plus de 30 ans, y a-t-il quelqu’un pour nous apporter la preuve que tous les Camerounais de l’époque parlaient allemand ? […] les Anglais et les Français administrent le Cameroun depuis 38 ans. Or, au Cameroun sous administration française, sur une population de plus de trois millions d’habitants, on ne peut pas compter trois cent mille personnes, c’est-à-dire le dixième de la population à la plus large estimation, parlant le français. Au Cameroun sous administration britannique, à l’exception du pidgin qui est également dans le Cameroun dans le Cameroun sous administration française, rares sont les éléments s’exprimant correctement en Anglais. […] Si après plus de soixante-dix ans de présence des puissances coloniales, les populations du Cameroun n’ont pas encore pu trouver une langue commune, il ne faut pas en attribuer le tort aux patriotes qui luttent pour l’unification et l’indépendance de notre pays. Cela signifie simplement que si nous attendons soixante-dix ans encore [pour revendiquer l’unification et l’indépendance. Ndlr], en l’an 2014, nous entendrons toujours dire que les Camerounais ne parlent pas la même langue… » Dr Louis Paul Ajoulat, Chef du Bloc Démocratique Camerounais (BDC) déteste Um Nyobe et tous les partisans de l’UPC. Anti-africain, le Dr Louis Paul Ajoulat s’installe en 1935 à Efok, dans le département de Lékié au Cameroun, comme missionnaire pour l’Association des laïcs universitaires chrétiens et missionnaires Adlucem ou Vers la lumière. Dr Louis Paul Ajoulat mène une campagne de dénigrement de l’UPC et lors d’une veillée pascale, la conférence épiscopale donne lecture de sa lettre : « …Nous mettons les chrétiens en garde contre les tendances actuelles du Parti politique connu sous le nom de l’Union des Populations du Cameroun, en raison non pas de la cause de l’indépendance qu’il défend, mais de l’esprit qui l’anime. » A la suite de ce message, la tension s’intensifie entre les partisans de l’UPC et ceux du BDC et des missionnaires sont pris à partie par des sympathisants de l’UPC. Aujourd’hui encore, les camerounais qui ont lutté pour que le Cameroun reste sous tutelle de la France sont surnommés les Aujoulatistes. Um Nyobè reçoit une invitation des Nations-Unies pour les 24 et 25 novembre 1955 et bien avant, une mission de l’ONU au Cameroun est programmée dans le cadre du référendum sur la réunification du Cameroun. La France panique et manœuvre pour empêcher Um Nyobè de se rendre à ce rendez-vous et elle mute, à Madagascar, le Haut-commissaire André Soucadaux qui réside au Cameroun depuis 1949. Le 2 décembre 1954, Roland-Pré est nommé Haut-commissaire au Cameroun par Robert Buro, ministre de la France d’Outre-Mer. Surnommé le briseur de mouvements nationalistes ou l’intraitable dans la répression des mouvements anticoloniaux, Roland-Pré prend ses quartiers au Cameroun. L’UPC considère cette nomination comme une provocation puisque Roland Pré est l’homme du Dr Louis Paul Ajoulat. Dès sa prise de fonction en 1954, le nouveau Haut-commissaire tente de mettre sous son contrôle les Partis politiques en nouant le dialogue mais l’UPC boycotte sa démarche et Um Nyobè qui montre une grande rigueur intellectuelle et morale, dénonce les conditions de vie difficile des camerounais et les manigances des autorités françaises pour maintenir son peuple dans la soumission. Um Nyobè s’en prend également à ses compatriotes qui s’adonnent à la corruption et coopèrent avec les français pour asservir leurs propres frères. Roland Pré pour montrer sa rigueur, il remet à l’ordre du jour l’affaire Gélis contre Um et omet volontairement l’autre affaire, Um contre Gélis dans lequel Um Nyobè est le plaignant. L’antillais Martinelli, Procureur de la République informe le Haut-commissaire Roland Pré que l’affaire a été classée depuis deux (2) ans mais le Haut-commissaire déclare que l’instruction doit être ouverte. Le Procureur de la République tente de savoir s’il existe des éléments nouveaux qui nécessitent la réouverture du dossier mais le Haut-commissaire lui répond que l’intérêt de l’Etat français le justifie. En fin de compte, le dossier est retiré à l’antillais Martinelli pour être confié au Juge d’instruction. Um Nyobè qui a reçu une convocation se présente à son audition à Yaoundé et les nombreux sympathisants venus l’accompagner au Palais de Justice dissuade le juge d’instruction de le mettre sous mandat de dépôt et l’affaire est renvoyée sous huitaine. Le même scénario se reproduit huit (8) jours après. Le 18 avril 1955, la résidence d’Um Nyobè est attaquée, sa femme et plus de vingt (20) de ses sympathisants sont pris en otage. Um Nyobè dit : « Le mécontentement populaire a pour cause le colonialisme qui exploite et opprime notre pays, s’oppose à la réalisation des objectifs du régime de tutelle qui sont le progrès politique, économique et social des autochtones en vue de l’accession à l’indépendance. Des hommes comme MM. Allaire, chef de subdivision d’Eséka, Pinelli, chef de subdivision de Babimbi, Joud, ancien chef de région de la Sanaga-Maritime, pour ne citer que ceux-là, créent des lois personnelles pour dissoudre arbitrairement nos réunions, violer les domiciles des particuliers, saisir nos brochures et les journaux qui développent les idées de l’indépendance de notre pays, commettent des violences sur les patriotes partisans de l’Unification. Il y a là autant de causes de mécontentement populaire. Mais nous faisons tous nos efforts pour surmonter ce mécontentement en faisant naître dans le pays une conscience nationale et une maturité politique toujours élevées, réduisant au ridicule les provocateurs et les agents de l’arbitraire colonialiste… » Félix Moumié, élu Président de l’UPCen septembre 1952 à Eséka au Cameroun annonce le 19 mai 1955 qu’Um Nyobè est entré dans le maquis. En mai 1955, le Haut Commissaire Roland-Pré, dans une conférence de presse dénigre l’UPC et les responsables de l’UPC programment un meeting dans la localité de Mbanga pour répondre au Haut Commissaire mais des gendarmes disent aux partisans de l’UPC que le meeting qu’ils envisagent tenir est interdit. Les gendarmes molestent des partisans de l’UPC ce 22 mai 1955 et l’UPC déclare de son côté qu’il refuse désormais de reconnaître l’administration coloniale et exige la création d’un Comité exécutif provisoire. Les 23 et 24 mai 1955, des habitants armés de gourdins et de machettes attaquent la prison et la police tire sur les manifestants. L’insurrection gagne tout le pays, principalement Douala, Yaoundé, Nkongsmba, Mbanga, Loum, Manjo, Mombo, Ngambe, Edéa, Eseka, Bafoussam, Obala et bien d’autres villes. Le 25 mai 1955, le Haut Commissaire Roland Pré prend des mesures disproportionnées pour réprimer l’insurrection. Il convoie au Cameroun, les Forces françaises basées en Centrafrique, au Congo, au Bénin et au Sénégal. Après les émeutes, les autorités françaises déplorent la mort de deux (2) européens dont un policier et soixante (62) blessés. Elles déclarent la mort de vingt trois (23) camerounais mais la population dénonce plus de 5.000 camerounais tués. Il est dénombré des milliers de blessés et l’arrestation de 617 militants de l’UPC dont des leaders comme Mathieu Tagny, directeur de l’UPC, Jacques Ngom, Théodore Mayi Matip et Hyacinthe Mpaye, deux (2) dirigeants de la Jeunesse Démocratique du Cameroun (JDC) affiliée à l’UPC. Légaliste et partisan des mouvements non violents, Um Nyobè s’adresse aux militants de l’UPC après l’insurrection : « …Certains camarades peuvent penser que les dirigeants de l’UPC mettent l’organisation du mouvement au-dessus des grands problèmes de l’heure. Cela est vrai. Nous savons par expérience que tous les problèmes politiques peuvent être résolus avec une bonne organisation, tandis que tous les échecs et même les catastrophes sont possibles dans un mouvement mal organisé.… » Le Président ivoirien Félix Houphouët-Boigny qui est du coté des français dit le 26 mai 1955, au lendemain du massacre au Cameroun : « Um Nyobè, le leader de l’UPC, comme Mao Zedong, a pris le maquis dans les forêts de son pays natal. Il est entrain de préparer les plans de la révolution. » Le 13 juillet 1955 à Paris est adopté en Conseil de ministres dirigé par Edgar Faure, un décret portant dissolution de l’UPC et ses annexes comme l’Union Démocratique des Femmes Camerounaises (UDEFEC) et la Jeunesse Démocratique du Cameroun (JDC). La chasse aux sympathisants de l’UPC est lancée et le Chef de Région du département de Dja-et-Lob diffuse ce message à l’attention des Chefs de village : « Haut Commissariat au Cameroun Région du Dja et Lobo. Note à tous les chefs supérieurs, chefs de gouvernement, chefs de village, chefs étrangers de la région du Dja et Lobo. Je porte à la connaissance de toute la population le fait qu’à la suite des troubles graves provoquées par l’U.P.C, notamment à Douala et à Yaoundé, les principaux dirigeants de ce parti ont pris la fuite et sont recherchés par la justice. Toute personne qui recevrait dans sa case ou aiderait d’une manière quelconque l’un des chefs de l’U.P.C en fuite, doit être immédiatement arrêtée pour complicité de recel de malfaiteur et présentée à la justice. Tous les chefs qui auraient omis de signaler le passage d’un agitateur en fuite ou une réunion clandestine, dans les 24 heures, peuvent être également arrêtés et poursuivis. Je rappelle que toute réunion publique ou privée de l’U.P.C est formellement interdite pour des raisons d’ordre public… Le Chef de Région, Signé : HUBER » Um Nyobè parvient à se cacher dans la ville de Douala pendant trois (3) mois et, clandestinement, il participe aux réunions de l’UPCavec Félix Moumié, Abel Kingué et Ernest Ouandié. Avec plusieurs sympathisants de l’UPC ils se localisent à Boumnyebel, son village natal, dans l’arrondissement d’Eséka, au cœur de l’ethnie Bassa et refuse de se présenter au Tribunal pour l’affaire Gelis contre Um. Il y vit avec son épouse Marthe et ses enfants et elle raconte cette vie dans le maquis : « J’étais dans le maquis avec mes quatre enfants. Durant cette période, la priorité d’Um Nyobé était de me protéger avec les enfants. Il mettait quatre gardes de corps pour me protéger et je me cachais dans mon coin, car dans le maquis, chacun essayait de se protéger comme il pouvait. (…) Dans la forêt, la vie était un véritable calvaire. A l’endroit où la nuit nous trouvais, pour se protéger des intempéries, ils construisaient des hangars (abris), de quatre piquets et recouvert de feuilles de plantes mortes (…) On ne vivait pas, on survivait. On n’avait pas de vie, on s’enfuyait, selon l’avancée de l’ennemi. Je portais certains de mes enfants dans les bras, d’autres sur le dos. En journée, chacun vaquait à ses occupations. Chacun allait de son côté. Le soir, on se retrouvait tous ensemble. J’étais constamment en alerte. Dès qu’il y avait un danger, il y avait un signal. Des sentinelles sifflaient. » Dans cette atmosphère tendue, Um Nyobè craignant pour la vie de sa femme et ses enfants les envoie vivre chez les oncles maternels de sa femme, dans une localité du nom de Mahole, non loin de Boumnyèbel et il rendre en contact avec sa femme à l’aide de messagers. En 1955, Um Nyobè, toujours dans le maquis, se met en ménage avec une juene camerounaise du nom de Marie Ngo Njock Yébga, originaire du village Libel Li Ngoy, en pays bassa. A l’exception de Félix Moumié, tous décident de prendre le maquis et en septembre 1955, Um Nyobè introduit une charte de l’UPC dans laquelle il fait une distinction entre maquis et refuge : « Si un camarade continue à faire son travail de militant dans l’ombre, il est dans le maquis. Mais n’est pas maquisard qui veut ; Un camarade qui s’est refugié pour échapper à l’arrestation ou toute autre forme de persécution colonialiste. Un tel camarade a toute notre sympathie, mais nous aurions souhaité qu’il continue à militer sous le sceau du secret. » Dans le maquis, Um Nyobè réorganise l’UPC disloqué. Abel Kingué, Ernest Ouandié et Félix Moumié, se cachent à Kumba et parviennent à s’exiler au Cameroun-britannique. Le 24 novembre 1956, bien que la Chefferie soit une autorité traditionnelle respectée, un jeune Chef du village de Baham allié à l’UPC du nom de Pierre Kamdem Ninyim est, pour reconstitution de ligue dissoute c’est-à-dire l’UPC, inculpé, destitué et condamné à deux (2) ans de prison ferme et cinq (5) ans d’interdiction de séjour dans sa Chefferie le 23 février 1957. Le frère du Chef arrêté, Jean-Marie Téguia proche des colons est placé comme Chef. Le mécontentement s’intensifie pour ceux qui sont avec le Chef emprisonné et ils s’en prennent à l’Administration coloniale de Baham, pays bamiléké. Le 2 décembre 1956, Um Nyobè convoque à Makaï, une conférence, la Conférence de Makaï au cours de laquelle une armée de libération nationale est adoptée et appelée Comité National d’Organisation (CNO). Isaac Nyobè Pandjok, un militaire et ancien combattant de la seconde guerre mondiale devient le Chef du CNO se voit charger de la mission de faire échouer les élections programmées par Pierre Messmer, nouveau Haut Commissaire. Considérée par les autorités coloniales comme une personne modérée, populaire et écoutée, les colons envoient plusieurs émissaires dans la forêt pour demander à Um Nyobè de sortir du maquis afin que des discussions puissent être entamées. Um Nyobè réclame des garanties, particulièrement la réhabilitation de l’UPC. Lorsque les colons réfusent, le CNO met en exécution ses menaces en sectionnant les lignes téléphoniques, détruisant les voies ferrées avec des explosifs et les ponts reliant Yaoundé à Douala et à Edéa. Le département de la Sanaga Maritime passe un moment sous contrôle de l’UPC mais Pierre Messmer réprime avec violence les partisans de l’UPC. A la suite des élections organisées par les colons français et sur proposition de Pierre Messmer, André-Marie Mbida devient Premier ministre du Cameroun et dès sa prise de fonction, il tient un discours où il accuse l’UPC d’avoir trompé le peuple. Le 29 avril 1956, la France définit une loi dite Loi Cadre qui permet au Cameroun, selon les colons, tout en restant sous administration de la France, à évoluer par étapes vers son indépendance. Elaboré par Gaston Paul Charles Deferre, homme politique français, cette loi stipule que : « Le Cameroun aura un gouvernement à compétence locale dans le but, à long terme, de le faire émerger vers un Etat indépendant. » De plus, l’assemblée locale en programmation offrira au Parti politique qui aura obtenu la majorité à l’Assemblée, à former un gouvernement local avec un Premier ministre nommé par le Haut Commissaire de la République française au Cameroun. Um Nyobè qui ne prend pas en considération les projets de l’administration coloniale, demande que l’interdiction imposée à l’UPC soit levée et qu’une amnistie soit accordée aux personnes qui ont participé aux événements de mai 1955 et celles qui ont posé des actes avant mai 1955. Les exigences d’Um Nyobè sont rejetées une fois encore. Cependant, pour contenter les partisans de l’UPC, les français amnistient les personnes qui ont participé aux événements de 1955 uniquement et les élections prévues pour le 8 novembre 1956 sont reportées pour le 23 décembre 1956 après plusieurs tractations. Des personnes affirment que tout avait été mis en œuvre pour ne pas que les candidats de l’UPC participent à cette élection puisque l’amnistie a été accordée après le dépôt des candidatures, soit le 11 décembre 1956. Les élections sont boycottées à Sanaga Maritime, le fief d’Um Nyobè. Les combattants du CNO qui disposent d’unités militaires regroupées en brigades, bataillons, régiments et compagnies s’en prennent à l’armée coloniale. Les bureaux de vote sont incendiés et des équipements publics sabotés. En représailles, les autorités françaises commettent des atrocités sur les habitants de Sanaga Maritime et une grande partie de la population rejoint Um Nyobè dans le maquis. Les nouveaux arrivants dans le maquis surnomment Um Nyobè, Mpodol ou Le sauveur ou Celui qui porte la parole des siens. A Sanaga Maritime, il est dénombré plus de 1.541 personnes tuées. Samuel Mpouma et Dr Charles Delangue, des figures importantes de l’UPC mais modérées et candidats aux élections sont assassinées pour certains camerounais, par des sympathisants de l’UPC radicaux. Le 25 avril 1957, naît dans le maquis, l’unique enfant garçon d’Um Nyobè, Daniel Ruben Um Nyobè. Désirant régler le problème entre Um Nyobè et les colons français, le premier évêque camerounais originaire de la Sanaga Maritime, Mgr Thomas Mongo rencontre, dans la clandestinité Um Nyobè en 1957 pour lui demander de quitter le maquis. Um Nyobè impose ses préalables qui sont l’amnistie totale et inconditionnelle pour tous les faits et délits commis avant décembre 1956, le rétablissement de l’UPC, la réunification et l’indépendance du Cameroun. PUBLIÉ PAR LOIDICI.COM Mgr Thomas Mongo rend compte de son entrevue aux autorités françaises et lorsqu’il retourne dans le maquis pour discuter avec Um Nyobè, ce dernier a changé de cachette. Le 17 février 1958, la loi d’amnistie est votée mais l’UPC étant toujours frappé d’interdiction, Um Nyobè continue son combat et installe son quartier général à Mametel non loin de Boumnyebel. Le 7 juin 1958, le Général Nyobè Pandjock Isaac de l’UPC est surpris dans son poste de commandement et tué par les autorités françaises. En septembre de la même année, Um Nyobè est informé que son quartier général est repéré par le Commandant en chef, le Colonel Lamberton. Dans la nuit du mercredi 10 septembre 1958, alors qu’il pleut très fort, Um Nyobè décide de se rendre vers le refuge provisoire du trésorier du Comité central de l’UPC de Boumnyébel nommé Alexandre Mbend Libot. Il quitte donc Mametel avec huit (8) de ses partisans dont Marie Ngo Njock, sa femme dans le maquis, son fils Daniel Ruben Um Nyobe, seulement âgé dix (10) mois ; Ruth Ngo Kam, la maman de sa compagne Marie, Pierre Yem Back, chef du Secrétariat Administratif/Bureau de Liaison (SA/BL), Théodore Mayi Matip, Antoine Yembel Nyebel (membre du SA/BL), Poha Jean-Marc (cuisinier), Um Ngos (gardien du Grand Maquis). Le lieu de rendez-vous fixé avec Alexandre Mbend Libot est une grotte secrète. Malheureusement, les fugitifs se perdent dans la forêt et au petit matin, ils réalisent qu’ils sont dans un espace contrôlé par l’armée française nommée la Lia li njee ou la Tanière aux lions. Um Nyobè envoie rapidement deux (2) personnes au village situé le plus près possible de la Tanière aux lions afin de faire venir un guide pour les conduire dans le maquis d’Alexandre Mbend Libot. Le samedi 13 septembre 1958, avant l’arrivée des éclaireurs, Um Nyobè entend des bruits de pas et dit à ces amis du maquis que leur campement est découvert. En effet, l’officier des renseignements, le capitaine Agostini, et l’inspecteur de la sûreté, Conan sont sur sa trace. Aux premiers coups de feu qui crépitent, Yem Mback et les deux femmes sont tués sur le champ. Son fils, Daniel Ruben Um Nyobè est touché par une balle. Um Nyobè, désarmé, tient un cartable contenant des documents et son agenda personnel. Il est montré du doigt par Paul Abdoulaye, un soldat d’origine Tchadienne, enrôlé dans l’armée française. Um Nyobè tente d’enjamber un tronc d’arbre mais il est fusillé dans le dos. Sa dépouille est ensuite traînée dans la boue jusqu’à Boumnyebel et exposé au public avec la peau de la tête et du visage déchirée. Um Nyobè est défigurée et méconnaissable. Après l’exposition du corps, les autorités françaises mettent la dépouille de Um Nyobè dans un bloc massif de béton. Il est inhumé quelques jours plus tard par le pasteur Song Nlend. Théodore Mayi Matip qui se trouvait avec Um Nyobè dit être allé satisfaire un besoin naturel quelques minutes avant l’attaque mais beaucoup disent qu’il est le véritable traître qui a conduit l’armée française vers Um Nyobè. Le Cameroun devient indépendant le 1er janvier 1960 et Ahmadou Ahidjo en devient le premier Président. Théodore Mayi Matip se rallie au gouvernement du Président Ahmadou Ahidjo et dit être le représentant de l’UPC légale. Interviewé par Stéphanie Dongmo, à Paris, le fils d’Um Nyobè, Daniel Ruben Um Nyobè, ingénieur en informatique installé en France dit : « Je suis né le 25 avril 1957 dans le maquis, mon père est mort le 13 septembre 1958. Après son assassinat, ma mère est restée dans le maquis pendant une semaine. Puis, elle s’est installée dans son village natal, à Libel Ligoï. Ma mère était très jeune quand elle a épousé mon père et ils sont partis au maquis. Le même jour, elle a perdu, non seulement son mari, mais aussi sa mère qui l’avait accompagné dans son mariage (…) Au Cameroun, je n’avais pas d’issue. Nous étions très pauvres et j’ai dû interrompre mes études en classe de terminale au lycée d’Eséka, parce qu’il fallait subvenir aux besoins de la famille. On a vraiment vécu dans la misère. On n’avait pas de soutien, certaines personnes qu’on croyait proches de mon père nous fuyaient, personne ne voulait s’approcher de nous parce qu’on était toujours surveillé (…) Quand je suis né, mon père m’a donné le nom de Daniel, qui signifie « Dieu seul est mon juge ». J’ai toujours refusé de changer de nom, c’est la seule chose qui me reste de lui….» Une militante française qui correspondait avec Um Nyobè dans les années 1950 dit : « Ce leader révolutionnaire (Um Nyobè) avait des qualités humaines hors série, celle que l’on retrouve chez les saints, chez un Gandhi par exemple. L’exemplarité de sa vie, la pureté de ses intentions, le rayonnement de sa personnalité pourraient suffire à perpétuer sa mémoire. » Georges Chaffard dans le Tome II de Les carnets secrets de la décolonisation écrit : « Peu de mouvements révolutionnaires africains auront eu un chef (Um Nyobè) : de sa valeur. » Le Président camerounais, Ahmadou Ahidjo en apprenant l’assassinat de Um Nyobè aurait dit au cours d’une fête : « Mesdames et messieurs, j’ai une grande nouvelle à vous annoncer. Le bandit et terroriste Ruben Um Nyobè vient d’être abattu, comme une bête sauvage, en pleine forêt. Etant donné la joie qui m’habite, je m’apprêtais déjà à partir, mais, je vais encore rester avec vous, et je demande à l’orchestre de jouer ses meilleurs morceaux, et au maître d’hôtel de nous servir encore du champagne…» La télévision en ligne jmtvplus.com de Jacky Moiffo a interviewé Hermine Victorine Ngo Um Nyobe, la 2ème fille d’Um Nyobe. Interview mise en ligne le 12 septembre 2018 et rapportée par Actu-Cameroun : « Son père ayant senti qu’il ne vivrait pas longtemps, les avait éloignés, les mettant dans des familles amies, pour leur sécurité. Citant son cas personnel, cette femme qui n’a pas connu son père indique qu’elle était contrainte de vivre à l’écart des autres enfants de son âge à l’école et évitait de s’éloigner de la maison familiale. Elle fait savoir qu’elle découvre sa vraie mère, Marthe Um Nyobe (95 ans aujourd’hui), à l’âge de 14 ans alors qu’elle entame ses études secondaires et qu’elle a rejoint pour cela la famille de son père. Des études qu’elle poursuivra comme par le passé sous une fausse identité pour des raisons évidentes de sécurité. « Je n’avais pas l’acte de naissance réel. J’ai évolué sous un prête-nom. On m’appelait NGO OUM avec « O ». Il n’y avait pas Nyobè. Il fallait faire quelque chose pour me permettre d’aller au moins à l’école : avoir une certaine identité ». Plus tard, Hermine va chercher à en savoir plus sur son héros de père mais se heurtera à des difficultés. Le Caractère triste de l’histoire fera qu’un de ses tuteurs se mettra à pleurer quand il fallait parler de Um Nyobe. «L’histoire de notre papa ne nous a pas été racontée. Je l’apprends comme ça. Au moyen des écrits, des médias, comme tout le monde. J’aurais bien voulu, qu’il m’élève, qu’il m’inculque cette nation, que je puisse l’appeler papa, que je le serre dans mes bras ». Hermine Ngo Um Nyobe confie que ses descendants ont été stigmatisés, traumatisés. Comme ce petit-fils du héros, son fils à elle, qui portait le nom complet de Ruben Um Nyobe mais qui pour cette raison fut refusé à l’école du Centre, à Yaoundé. Hermine Um Nyobe vit en France depuis le mois de Juin 2011 à la faveur d’une évacuation sanitaire (à partir du Cameroun) qui lui a permis de se soigner à l’hôpital La Pitié –Salpétrière de 2011 à 2012. Ayant recouvré la santé, elle est restée en France pour effectuer des contrôles médicaux. Sa sœur aînée, première née est aujourd’hui décédée. Tout comme 2 autres enfants de Um Nyobe. » Le Pasteur Samuel Bikoi 2, maire d’Eseka a érigé en 2007 un monument et l’a inauguré le 22 juin 2007 ; Monument qui représente l’arrivée en 1952 de Um Nyobe à la gare d’Eseka de son retour de l’ONU après sa déclaration à l’ONU. Sa deuxième épouse, Marie Ngo Njock avec laquelle il vivait dans le maquis et visitée par des journalistes, refuse de parler de Um Nyobè mais l’un de ses petits-fils, Mazarin Kobla Libock conducteur de moto à Eseka, chef-lieu du département du Nyong et kelle traduit le peu qu’elle a dit : « La grand-mère dit qu’elle était venue au marché à l’époque, et qu’elle dansait bien et c’est là qu’ils se sont connus. Et après, ils ont commencé à vivre ensemble, mais elle dit qu’elle ne peut pas nous raconter ce qu’elle vivait avec son mari. » Le petit-fils ajoute : « Les veuves de ce grand-père ne sont pas récompensés à base de leur mari, ne sont même pas reconnues. Puisque quand on regarde certains pays, les Lumumba et consorts, on reconnait que leur famille ou les enfants ou les veuves que Lumumba avaient sont bien. Normalement le gouvernement devait prendre les deux femmes en charge. Mais on ne sait pas pourquoi la famille camerounaise ne reconnait pas ce que le vieux a laissé (…) » Marthe Um Nyobè, répondant au député Robert Bapooh Lipot qui lui a rendu visite le 20 juin 2015 pour lui offrir des pagnes et, aux questions posées, dit n’avoir pas mangé depuis le matin et vit seule. Elle déclare : « Je suis ici avec le fantôme de mon mari, qui vient de temps en temps me protéger. Mon défunt époux a été assassiné pendant que je me trouvais en brousse, il ne m’a laissé avec personne, je n’ai ni enfant, ni petit fils (…) Pourquoi eux (des visiteurs), vous deviez aussi passer me voir de temps en temps. Je suis déçue parce que personne ne vient me rendre visite. C’est uniquement aujourd’hui que le député Upc Robert Bapooh Lipot est venu me voir en m’offrant un pagne de l’UPC.» Lorsque le même député Robert Bapooh Lipot a rendu visite à la seconde femme, Marie pour lui offrir des pagnes également, elle a renchéri : « Mon fils m’a demandé de ne plus vous parler parce que chaque fois vous venez, on vous dit la même chose et rien ne change. Je vis toujours dans les conditions difficiles. La preuve est que j’ai mangé ce jour du macabo avec un peu d’huile rouge. » Le 3 juillet 2015, lors de son passage Cameroun, le Président français François Hollande reconnaît la répression des français au Cameroun : « C’est vrai qu’il y a eu des épisodes extrêmement tourmentés et tragiques même. Puisqu’après l’indépendance, il y a eu une répression en Sanaga-Maritime, au pays Bamiléké, et nous sommes, comme je l’ai fait partout, ouverts pour que les livres d’histoire puissent être ouverts, les archives aussi… » Le 27 juin 1991, par la loi n° 91/022 du 16 décembre 1991 prise par l’Assemblée nationale sous le régime du Président Paul Biya, trois (3) leaders de l’UPC, Um Nyobè, Félix Moumié et Ernest Ouandié sont élevés au rang de héros nationaux. PAROLE FORTE : PUBLIÉ PAR LOIDICI.COM |