
Le Congo tient son nom d’un royaume du 14ème siècle du nom de Kongo et issu lui aussi de la scission d’un petit royaume, le Royaume Bungu, situé dans la zone Nord et entouré d’autres royaumes, Kuba, Luba et Lunda. Le Roi créé une capitale qu’il baptise Mbanza Kongo mais en 1484, les portugais s’installent sur ce territoire paisible, au niveau de l’embouchure du fleuve Congo et transforment ce royaume en une ville d’allure européenne. Ils renomment la capitale, San Salvador et prénomment les rois africains Joao 1er ; Afonso 1er ou Alvaro 1er. En 1636, les Jaga un peuple du royaume Kongo chassent les portugais qui prennent la fuite mais ils se positionnent dans quelques zones de la côte du fleuve Congo. L’occupation de ce territoire par les portugais ne fait pas l’unanimité au sein des puissances européennes parce que ce territoire congolais est considéré comme une terra nullius ou terre sans maître. Ces puissances européennes se disputent la paternité Congo pour avoir fait des explorations sur ce territoire. Ainsi, la Belgique avec le Roi Léopold II qui cherchait des matières premières pour rendre l’économie de son pays florissante, s’est intéressée aux richesses de l’Afrique. Le Roi Léopold 2 a aidé les explorateurs des autres Etats qui rencontraient des difficultés à mener leurs travaux d’exploration et l’anglais Verney Lovett Camero a bénéficié d’une aide de 100.000 F Belge ou 1 million 625 mille 461 Francs CFA. De même, le Roi Léopold 2 a organisé la Conférence internationale de Géographie tenue à Bruxelles du 12 au 19 septembre 1876 pour la création de l’Association Internationale pour l’Exploration et la Civilisation de l’Afrique centrale (AIA). Enfin en apprenant que l’explorateur britannique, Henry Morton Stanley qui a fait le tour de l’Afrique du 17 novembre 1874 au 7 août 1877 n’était pas soutenu par son pays, le Roi s’est engagé à ses côtés et c’est cet explorateur qui a informé le Roi que le Congo recouvre de richesses inimaginables. Tout comme les belges, les italiens ont entrepris des explorations au Congo avec l’explorateur italien, naturalisé français Pierre Savorgnan de Brazza qui a conclu un Traité avec un Chef de la rive droite du fleuve Congo le 10 septembre 1880. Avec le Portugal, c’est l’explorateur Diogo Cão qui, sur recommandation de son Roi Jean 2, a effectué un voyage sur l’embouchure du fleuve Congo en 1482 et lorsqu’il a été informé qu’il existe un peuple en dehors de l’embouchure, il a continué son chemin, pensant qu’il s’agissait du royaume déjà découvert par le prêtre Jean. Un autre explorateur portugais, Duarte Lopez a remonté le fleuve Congo en 1578. Pour obtenir des différentes parties européennes en conflit, une promesse de libre échange sur le fleuve Congo, les britanniques qui n’ont pas d’ambition au Congo, se mêle néanmoins à ce litige. De ce fait, le 24 février 1884, les britanniques concluent un Traité avec les portugais ; Traité par lequel les britanniques reconnaissent la souveraineté du Portugal sur l’embouchure du fleuve Congo. Les autres puissances occidentales dénoncent cet Accord. Pour régler cet imbroglio, le diplomate allemand Bismarck, après avoir échangé avec l’ambassadeur de France Alphonse Chodron de Courcel, convoque la tenue d’une concertation internationale baptisée Conférence de Berlin sur l’Afrique. Cette Conférence débute le samedi 15 novembre 1884 et s’étend sur trois (3) mois. Quatorze (14) Etats sont présents à cette conférence, l’Allemagne, l’Angleterre, la France, le Portugal, la Belgique, les Pays-Bas, l’Espagne, les Etats-Unis d’Amérique, l’Empire Austro-Hongrie, la Suède, le Danemark, l’Italie, la Russie et la Turquie. Lorsque la Conférence prend fin le 26 février 1885, la résolution fondamentale adoptée est le partage du Congo entre trois (3) entités qui sont la France, le Portugal et l’Association Internationale Africaine (AIA) fondée par le Roi Léopold 2. Le Roi Léopold 2 se proclame, en 1886, Roi de l’Etat indépendant du Congo (EIC) et dit en 1906 : Néanmoins, en 1908, le Roi Léopold 2 cède l’Etat indépendant du Congo à la Belgique. C’est la naissance du Congo-Belge. Le 17 décembre 1909, le Roi Léopold 2 décède et est remplacé par le Roi Albert 1er. En 1910, l’autre partie du Congo, propriété de la France devient le Congo-Français, aujourd’hui République du Congo ou Congo-Brazzaville. Le 2 Juillet 1925, au Congo-Belge, naît, à Onalua dans la localité de Katako-Kombe, province du Kasaï-Oriental, Elias Okitasombo, d’ethnie Batetela, issue d’une famille catholique pratiquante. Il commence ses études dans une école catholique puis intègre une école protestante. Elève brillant, il est néanmoins obligé de limiter sa formation au niveau d’étude que les structures éducatives de son village lui offrent. En Belgique, le 17 févier 1934, le Roi Albert 1er décède et est remplacé par le Roi Léopold 3. En 1943, Elias Okitasombo s’ennuie dans son village et décide de partir pour la ville. Il change son nom pour prendre celui de Patrice Emery Lumumba. Dans la ville de Kalima de la province de Maniema, Patrice Lumumba est engagé dans une société minière pour travailler dans une cantine et au sein de cette société, il se rend compte que les immenses richesses de son pays sont confisquées par les occidentaux et leurs compagnies. Effectivement, les richesses du Congo sont un scandale écologique parce qu’on y trouve, le cuivre, le cobalt, l’or, le diamant, les corindons, l’uranium-radium, l’étain, le tungstène, le tantale (coltan), le niobium, le manganèse, le cadmium, la houille, le pétrole, le bitume… Il y existe des roches comme les silicates les hydrates d’aluminium, la barytine et le baryum, le bismuth, le cérium, le disthène, le graphite, le kaolin, le lithium, le palladium, le platine, le plomb, le vanadium… Ces matières premières sont réparties entre les onze (11) provinces du Congo : 1) la Province de Bandundu : le pétrole… ; 2) la Province du Bas-Congo : le pétrole, le Bauxite et le schiste bitumeux… ; 3) la Province de l’Equateur : le pétrole… ; 4) la Province du Kasaï-Occidental : le fer, le pétrole… ; 5) la Province du Kasaï-Oriental : l’étain, le tantale, le fer, le pétrole… ; 6) la Province du Katanga : le cuivre, le cobalt, le charbon, le manganèse, l’étain, le pétrole, le fer, l’uranium… ; 7) la Province de Kinshasa : le pétrole… ; 8) la Province de Maniema, le tantale, le pétrole… ; 9) la Province du Nord-Kivu : l’étain, le tantale, le pétrole ; 10) la Province Orientale : l’étain, le pétrole… 11) et la Province du Sud-Kivu : l’étain, le tantale, le pétrole… La Compagnie du Chemin de Fer du Katanga (CFK) créée en 1902 appartient à l’homme d’affaires britannique Robert Williams, ainsi que les structures Union Minière ; Etoile du Congo (UM), la Mine de Kambove et la Fonderie d’Elisabethville. Pourtant, la majorité des congolais vit dans une grande misère. En juillet 1944, Patrice Lumumba arrive dans la ville de Stanleyville appelée aujourd’hui Kisangani qui fait partie de la Province Orientale. Il obtient un emploi à la Poste de Stanleyville et parallèlement, il suit des cours du soir et continue seul son instruction en lisant beaucoup de livres. En 1945, il exerce le métier de journaliste dans la ville de Léopoldville et à vingt ans, le Après la deuxième guerre mondiale, des congolais tentent de réclamer plus de droits mais ils sont envoyés en prison, tel l’écrivain Lomami Tchibamba emprisonné pour avoir écrit un article dans le journal La Voix du Congolais en 1945. Une classification nette est établie entre les habitants du Congo exposée par le Professeur de l’Université coloniale de Belgique, Maurice Verstraete comme suit : « Sont « Belges », les personnes qui le sont en vertu des lois du Royaume Belge ; Sont « Sujets belges » ou « Belges de statut colonial » ou « Congolais », les personnes qui ont acquis la nationalité Congolaise suivant le Code civil Congolais c’est-à-dire des individus nés sur le sol Congolais de parents autochtones. » La Constitution n’accorde donc pas de droits aux congolais. Cependant, en 1947, Joseph Kasa-Vubu, né en 1917 à Dizi au Congo-belge dans la province duBas-Congo, réclame aux colonisateurs d’accorder quelques droits aux ressortissants congolais. Bon élève, Joseph Kasa-Vubu envisageait sortir comme prêtre mais il a été renvoyé du Grand-séminaire Régional de Kabwe au Kasaï-Occidental pour son indépendance d’esprit et surnommé Kiboba ou le vieux, Joseph Kasa-Vubu cache pour ceux qui le connaissent, les traits d’une personne révoltée. Il choisit l’enseignement mais trouvant qu’il est mal payé, il se fait embaucher comme employé dans la société Agrifor à Tshela, puis occupe le poste d’aide-comptable. En 1942, il est engagé dans les Finances du Gouvernement colonial. Patrice Lumumba épouse le 25 juin 1947, Hortense Sombosia, originaire de la Province de Stanleyville. Pendant que Patrice Lumumba suit une formation à l’école des Postes et Télécommunications (PTT), il tombe amoureux de Pauline Nkie, une fille Sakata originaire de Tolo dans la région du Lac Mai-Ndombe, Province de Bandundu. Patrice Lumumba et Pauline Nkie deviennent amants. En 1948, le colonisateur institue une carte baptisée, Carte du mérite civique pour accorder à celui qui la possède, une qualification de non-indigènes qui lui donne l’autorisation de circuler la nuit et bien d’autres avantages. Le congolais Edmond Nzeza N’Landu initie la création en 1950 de l’Association des Bakongo pour l’unification, la conservation et l’expansion de la langue kikongo (Abako). Cette association culturelle fait la promotion de la langue congolaise Kikango, une langue parlée par un peuple qui représente plus de 60 % de la population de Léopoldville. En 1951, l’abbé Joseph Malula, jeune vicaire de la Paroisse Christ-Roi de la commune de Dendale fonde avec l’intelligentsia congolaise, Joseph Iléo, Albert Nkuli, Dominique Zangabie, Antoine Ngwenza, Victor Njoli et Joseph Ngalula, le mouvement, Conscience africaine. Patrice Lumumba et Hortense Sombosia divorcent le 9 février 1951. Le 15 mars 1951, soit un (1) mois après son divorce, Patrice Lumumba épouse Pauline Opango, jeune fille venant tout droit de son village Maniema et âgée de quatorze (14) ans. D’ethnie Tetela, Pauline Opango, née le 1er janvier 1937 à Wenbonyama dans le district de Sankuru, Province du Kasaï-Oriental a pour père Daniel Disashi Alonga, un ancien combattant de la première guerre mondiale et pour mère Koho Marie. En Belgique, pays colonisation du Congo, l’héritier du trône Belge du nom de Baudouin remplace son père Léopold 3 après son abdication presque forcée du 17 juillet 1951 alors âgé de vingt-et-un (21) ans lorsqu’il prend en main la destinée de la Belgique. Le 20 septembre 1951, naît le fils de Pauline Nkie et Patrice Lumumba baptisé, Lumumba François, prénom du père Lumumba. En 1952, la Carte du mérite civique est remplacée par la Carte d’immatriculé. La Carte du mérite civique et la Carte d’immatriculé accordent le statut d’évolué c’est-à-dire des noirs qui ont atteint un degré suffisant de ressemblance avec le modèle blanc puisque les noirs ont toujours été considérés comme de grands enfants mineurs sous tutelle à guider. A sa suppression, la Carte du mérite civique n’est attribuée qu’à 425 congolais et la Carte d’immatriculé à 200 personnes sur la dizaine de millions d’habitants. Patrice Lumumba et Pauline Opango donnent naissance à leur premier enfant le 18 septembre 1952 et le nomme Patrice Okende Lumumba et c’est dans ce même mois que Patrice Lumumba reçoit sa Carte d’immatriculé. Joseph Kasa-Vubu est élu Président du mouvement Abako en 1954, Daniel Kanza, Vice-président et l’Abbé Jean Loya, aumônier. En octobre 1954, grâce à l’Eglise Catholique du Congo-Belge et de l’Université Catholique de Louvain de Belgique, la première université du Congo-Belge ouvre ses portes à Léopoldville avec trente trois (33) étudiants. Embauché comme comptable aux chèques postaux à Stanleyville, Patrice Lumumba débute ses actions syndicales et en 1955 il créé l’Association du personnel indigène de la colonie (APIC). En 1955, le Roi Baudouin effectue une visite au Congo-Belge et est accueilli triomphalement par la population congolaise qui le surnomme Bwana Kitoko ou Beau jeune homme ou Noble Seigneur. Le Roi Baudouin échange quelques minutes avec Patrice Lumumba qui se trouve dans la foule. Le deuxième enfant du couple Lumumba, Juliana Amato Lumumba naît le 23 août 1955. En décembre 1955, le père Van Bilsen, Professeur à l’Institut Universitaire des Territoires d’OutreMer (INUTOM) chargé de former les administrateurs, publie un plan baptisé le Plan pour l’émancipation politique de l’Afrique Belge. Dans ce document, le Professeur déclare qu’il faudrait préparer l’indépendance du Congo sur trente (30) ans et demande une structure fédérale, la formation accélérée de l’intelligentsia congolaises et l’accession progressive des personnes formées aux commandes des leviers en contrôlant la progression des événements pour éviter les tensions. L’idée du Professeur Van Bilsen est saluée par les milieux sociaux catholiques, le Parti socialiste Belge et les colons. Le 26 juin 1956, l’Association des Bakongo pour l’unification, la conservation et l’expansion de la langue kikongo devient un vrai Parti politique sous l’appellation d’Alliance des Bakongo (Abako). L’épiscopat du Congo Belge et du Ruanda-Urundi publie, le 29 juin 1956, la présente déclaration : « Tous les habitants d’un pays ont droit de collaborer activement au bien général ; Ils ont donc droit de prendre part à la conduite des affaires publiques. La nation tutrice a l’obligation de respecter ce droit et d’en favoriser l’exercice par une éducation politique progressive… » Le lendemain, 30 juin 1956, le mouvement Conscience africaine avec comme rédacteur en Chef, Joseph Ileo, publie son manifeste pour soutenir la thèse du père Van Bilsen. Mais, le 23 août 1956, un contre-manifeste est publié par Joseph Kasa-Vubu du Parti Abako et mentionne : « Pour nous, nous n’aspirons pas à collaborer à l’élaboration de ce plan mais à son annulation pure et simple parce que son application ne ferait que retarder le Congo davantage. Ce n’est au fond que l’éternelle chanson de la Berceuse. Notre patience a déjà dépassé les bornes puisque l’heure est venue, il faudra nous accorder aujourd’hui même l’émancipation plutôt que la retarder encore de 30 ans. Des émancipations tardives, l’histoire n’en a jamais connu que quand l’heure est venue, les peuples n’attendent pas. » Pour satisfaire l’ONU qui déplore le manque de formation supérieure dans les colonies, les autorités coloniales du Congo Belge créent en novembre 1956, la deuxième université à Elisabethville, l’Université du Congo-belge et du Runada-Urundi (UOC). Lorsque Auguste Buisseret, un politique Belge, d’idéologie libérale, ministre des Colonies décide de développer davantage l’enseignement public, Patrice Lumumba adhère à cette politique et invite les Evolués congolais à s’y intéresser. Pour promouvoir le Parti libéral, Patrice Lumumba distribue aux membres de l’Association des évolués de Stanleyville en 1956, cette lettre-circulaire : « …Tous les Belges qui s’attachent à nos intérêts ont droit à notre reconnaissance… Nous n’avons pas le droit de saper le travail des continuateurs de l’œuvre géniale de Léopold II… » Accusé de détournement de fonds, Patrice Lumumba est arrêté et condamné à un (1) an de prison et dans sa cellule de prison, il écrit un ouvrage : Le Congo est-il une terre d’avenir ? Mais faute de temps, il ne publie pas son œuvre. En juin 1957, Patrice Lumumba bénéficie d’une amnistie. Libéré et avec ses nombreuses relations, il parvient à trouver un poste de Directeur commercial à la brasserie Bracongo qui produit les bières Polar. Bon orateur, éloquent et persuasif, Patrice Lumumba impose la bière de sa structure à de nombreux consommateurs de Léopoldville. Sur invitation du Roi Baudouin, formulée lors de son passage au Congo, des évolués du Congo dont Patrice Lumumba se rendent en Belgique, au frais du gouvernement belge. En Belgique, du 17 avril au 19 octobre 1958, Patrice Lumumba participe à l’Exposition Universelle de Bruxelles ou Expo 58. Pendant le déroulement de la cérémonie, il n’apprécie pas l’image dévalorisante que l’on présente des congolais. Il choisit donc de rencontrer des politiques belges, participer aux rassemblements organisés par des jeunes socialistes belges et profiter de son bref passage en Europe pour en savoir plus sur le syndicalisme. Patrice Lumumba contacte des anti-colonialistes également. Au Congo, la Constitution du gouvernement belge installe un groupe de travail pour analyser des réformes sur le Congo ; Ceci, sans la participation des ressortissants congolais. Les jeunes du Centre d’Etudes et de Recherches Sociales (CERS) et proche de Patrice Lumumba se lèvent contre cette décision des autorités coloniales. Elu bourgmestre ou maire après la victoire de sa formation politique aux élections communales du Roland-Gilbert Okito Lumumba, un autre fils de Patrice Lumumba et Pauline Lumumba naît en 1958. Au Congo-français voisin, le Général de Gaulle entame une tournée et demande aux africains de rester dans la Communauté française après leurs indépendances. Il tient ce discours le 24 août 1958, discours baptisé Discours de Brazza : « …Quelles propositions, quel projet va être soumis au choix libre et conscient de tous ? C’est celui de la Communauté (…) «Cette Communauté-là, je vais la proposer à tous et à toutes ensemble, où qu’ils soient.» On dit : «Nous avons droit à l’Indépendance, mais certainement oui ! D’ailleurs l’Indépendance, quiconque la voudra pourra la prendre aussitôt, la Métropole ne s’y opposera pas…» En 1958, Patrice Lumumba quitte Stanleyville pour s’installer dans la Province de Léopoldville et dans le mois d’août 1958, seize (16) membres du CERS, notamment, Patrice Lumumba, Antoine Ngwenza, Arthur Pinzi, Mbombo Lona, Gaston Diomi, Maximilien Liongo, Joseph Ngalula, Mbungu, Abert Nkuli, Gabriel Makoso, Joseph Iléo, Cyrille Adoula, Jean Motingia et Alphonse Nguvulu tiennent une réunion et adressent à Monsieur Pétillon, ministre du Congo-belge et du Ruanda-Urundi, une pétition dans laquelle ils exigent que les congolais soient intégrés au groupe de travail envisagé ; Pétition suivie de cette note : « Monsieur le Ministre, Au moment ou la Belgique, consciente de sa mission au Congo, se dispose à déterminer la ligne de conduite concernant l’avenir politique de ce pays, les soussignés croient de leur devoir de vous faire connaître dans le cadre de vos consultations actuelles leur point de vue sur les problèmes importants qui vont ainsi être abordés. Les reformes que vont bientôt subir certains pays voisins d’Afrique et qui vont leur permettre de franchir une étape politique décisive de leur avenir, préoccupent sérieusement les élites du Congo Belge qui souhaitent que celui-ci, qui est pourtant a l’avant-garde du progrès social et économique, ne soit pas indéfiniment maintenu dans un régime politique anachronique…. » Dix (10) des seize (16) signataires de la pétition dont Patrice Lumumba créent le Mouvement National Congolais (MNC) le 5 octobre 1958 Contrairement aux autres Partis politiques qui se créent sur des bases tribales ou culturelles, le MNC se démarque par son statut national et le 10 octobre 1958, jour de l’élection du Président du Comité provisoire, il est demandé à chaque membre de voter pour lui-même et Patrice Lumumba se fait accompagner d’une personne qui prend part au vote ; Attitude jugée habile pour certains et malhonnête pour d’autres. Patrice Lumumba ayant obtenu donc deux (2) voix contre une (1) voix pour chacun des candidats, il est élu Président du MNC. Après son élection, Patrice Lumumba dit : « Le MNC doit préparer les masses et l’élite à assurer les affaires publiques ; continuer le processus de démocratisation ; implanter la déclaration des droits de l’homme et sortir du néocolonialisme par la non-violence. » et il est aussitôt traité de démagogue par les sympathisants du MNC et vu comme quelqu’un qui se bat pour son propre intérêt. Patrice Lumumba est convaincu qu’il est appelé à un destin national ; Surtout que sa tribu, Ngongo Leteta a mené la résistance à la conquête Arabe en 1880. En 1958, Moïse Tshombé et Godefroid Munongo fondent la Confédération des associations tribales du Katanga (Conakat). Moïse Tshombé, un pro-occidental, originaire de la Province du Katanga, né le 10 novembre 1919 qui a suivi une formation en comptabilité, s’est occupé d’une chaîne de magasins à Katanga, avant de s’intéresser véritablement à la politique. Lors de la Conférence panafricaine des Peuples qui devrait se tenir à Accra du 5 au 13 décembre 1958, l’Administration coloniale refuse d’accorder au MNC l’autorisation de se rendre à Accra au Ghana. C’est seulement sur intervention du Gouverneur général que la délégation avec Patrice Lumumba comme leader part au Ghana et participe à cette Conférence qui rassemble toute l’Afrique subsaharienne y compris le Maghreb et l’Egypte. La tenue pour la première fois de cette Conférence panafricaine des Peuples, a pour but de soutenir les mouvements indépendantistes africains. Le 11 décembre 1958, Patrice Lumumba tient ce discours : « …Nous estimons que le Congo, en tant que société humaine, a le droit d’accéder au rang des peuples libres. Nous désirons voir établir dans notre grand pays un Etat démocratique moderne, assurant la liberté, la justice, la paix sociale, la tolérance, le bien-être et légalité des citoyens, sans discrimination aucune. Dans une motion que nous avons adressée récemment au ministre du Congo, à Bruxelles, nous avons clairement stipulé – et beaucoup d’autres de nos compatriotes l’ont également fait, que le Congo ne pouvait plus être considéré comme une colonie, ni d’exploitation ni de peuplement, et que son accession à l’indépendance était la condition sine qua non de la paix. Dans notre action pour la conquête de l’indépendance du Congo, nous n’avons cessé de proclamer que nous n’étions contre personne, mais uniquement contre la domination, les injustices et les abus, et que nous voulions tout simplement nous libérer des entraves du colonialisme avec toutes ses conséquences. Ces injustices et l’idiot complexe de supériorité qu’affichent des colonialistes, sont, comme cela ressort clairement des rapports troublants des autres délégués, à la base du drame de l’Occident en Afrique… » Lors du déroulement de cette conférence, Patrice Lumumba côtoie de grands panafricanistes comme Frantz Fanon, figure centrale de la révolution africaine ; Kwame Nkrumah, l’ouvrier de l’unité africaine ; Gamal Abdel Nasser, le père du panarabisme au Proche-Orient… A son retour au Congo-Belge, devant plus de 10.000 personnes réunies sur la Place de la Victoire à Matonge de Kinshasa, Patrice Lumumba organise son premier meeting pour faire un compte rendu de son passage à la Conférence panafricaine des Peuples et dit quelques minutes après le meeting : « Vous êtes tous endormis. Vous pensez que l’indépendance vous sera offerte sur un plateau d’argent, mais il faudra lutter pour l’obtenir et je suis décidé à me battre pour arracher notre indépendance.» Lorsque l’Aboko demande l’autorisation d’animer son meeting le dimanche 4 janvier 1959, l’Administration coloniale refuse. La décision de refus ne parvient pas à temps aux membres de ce Parti qui ne sont informés que le samedi 3 janvier 1959 au soir. Le dimanche 4 janvier 1959, des personnes sont postées à l’entrée des installations de l’YMCA de Léopoldville sur recommandation des responsables du Parti Abako afin de faire passer le message de l’annulation du meeting mais à 15 heures, il y a environ 4 000 personnes en colère présentes sur les lieux. Viennent s’ajouter aux militants de l’Abako, les supporteurs d’un match qui reviennent du Stade Roi Baudouin. Ces supporteurs sont déçus et mécontents de leur équipe de football, le V. Club battu par le Mikado. Mis au courant de la situation, le Président de l’Abako, Joseph Kasa-Vubu se rend à l’YMCA, accompagné d’autres leaders du Parti dont le fondateur Edmond Nzeza N’Landu. Joseph Kasa-Vubu tente de calmer la foule en parlant en français, en Lingala et en Kikongo. Rassurés, les dirigeants de l’Ablako quittent les lieux et une fois chez lui, Joseph Kasa-Vubu dit à sa femme : « Ils sont mécontents mais je les ai calmés». Pourtant, devant les installations de l’YMCA, policiers et jeunes congolais se regardent en chien de faïence et des Vive Abako !, Vive l’indépendance fusent des groupes de jeunes congolais. Un autre incident se produit avec un chauffeur blanc d’autobus qui, passant non loin de l’YMCA, a une altercation avec un jeune congolais et le blanc lève le bras ; Signe interprété par les jeunes congolais comme un geste de racisme. Déjà énervés, les jeunes rouent de coups le chauffeur de l’autobus. La police intervient et ces jeunes se déversent dans la rue pour détruire les biens des européens. Les affrontements du 4 janvier au 7 janvier 1959 provoquent la mort de plus de 300 personnes et fait des milliers de blessés. L’Administration coloniale expulse, vers les villages, des milliers de congolais venus à Kinshasa sans autorisation. Ces villageois arrivés dans leurs localités, expliquent comment la population rurale a réagit face aux autorités coloniales. La population villageoise est fière des citadins et le sentiment de peur envers le colon blanc baisse. Dans quelques Provinces du Congo et dans des villages du Bas-Congo, du Kwilu et du Kwango, les actions de désobéissances sont menées tel le refus de payer l’impôt. Joseph Kasa-Vubu est arrêté le 12 janvier 1959 et son Parti interdit d’activité. Le 13 janvier 1959, le Roi Baudouin se prononce sur les incidents de début janvier 1959 et dit en substance : « …Conduire sans atermoiements funestes mais sans précipitation inconsidérée les populations congolaises vers l’indépendance, et l’organisation à la fin de l’année d’une conférence devant discuter des modalités d’accession du Congo à l’indépendance (…) Notre résolution est aujourd’hui de conduire les populations congolaises à l’indépendance… ». En fait, surpris par la mobilisation et la résistance du peuple congolais, la Belgique adopte une autre tactique, celle d’accorder rapidement l’indépendance demandée afin de placer leurs hommes à la tête du nouvel Etat indépendant pour ne pas le livrer à un nationaliste comme Patrice Lumumba. Libéré trois (3) mois après, en mars 1959, Joseph Kasa-Vubu est envoyé en Belgique sur recommandation du ministre Belge Van Hemelryck. Le 16 avril 1959, en transite en Guinée Conakry pour une session extraordinaire du Comité permanent de la Conférence d’Accra, prévu à Conakry du 15 au 17 avril 1959, Patrice Lumumba échange avec le Président de la Guinée, Sékou Touré et le 18 avril, il visite l’ambassadeur de l’Union soviétique, Pavel Guerassimov et lui fait part de la situation qui prévaut au Congo-Belge. Le Président Guinéen reçoit également Joseph Kasa-Vubu le même jour. Le 21 avril 1959, l’administrateur Saintraint tente de mettre de son côté, des Partis politiques congolais pour fragiliser les mouvements nationalistes. Il dit de l’Abako : « La situation générale est critique et, sous certains aspects, dramatique. L’Administration, rejetée, n’a plus les moyens de diriger le pays ni d’y maintenir l’ordre. L’Abako a un plan détaillé de mise en place d’une nouvelle administration. Il vaut mieux qu’elle procède très rapidement à ce remplacement.» Fort de ce soutien, Joseph Kasa-Vubu continue de se désolidariser des Partis nationalistes et met une fois encore l’accent sur sa seule Province. Il dit : « La création d’un Etat autonome, la République du Bas Congo, dont le Président sera élu par les originaires de cette République ». De même, plusieurs autres Partis politiques obtiennent le soutien des autorités coloniales, le Parti National du Progrès (PNP) de Paul Bolya ; le Parti de l’Unité Nationale (PUNA) de Jean Bolikango ; l’Union des Mongo (UNIMO) de Justin Bomboko et la Confédération des Associations tribales du Katanga (CONACAT) de Godefroid Munongo et Moïse Tshombé. Ces Partis sont appelés par leurs compatriotes, Partis des Nègres payés. Patrice Lumumba qui compte sur la masse pour avancer dit en avril 1959 : « La masse est beaucoup plus révolutionnaire que nous. Quand nous sommes avec la masse, c’est la masse même qui nous pousse, elle voudrait aller beaucoup plus rapidement que nous. » De retour de la Belgique, en mai 1959, Joseph Kasa-Vubu cesse de lutter pour la fin de la colonisation. Il œuvre désormais pour l’obtention de l’indépendance de sa Province. Beaucoup d’Observateurs déclarent que Joseph Kasa-Vubu est devenu après son passage en Belgique, l’homme des occidentaux. Lorsque le ministre Van Hemelryck déclare que Joseph Kasa-Vubu s’est rallié à leur vision, le concerné dit : « Nous demandons au peuple Congolais de rester calme, d’oublier le passé et de préparer l’avenir dans l’esprit de la nouvelle politique qui conduit le Congo à l’indépendance. » Le 1er juillet 1959, Patrice Lumumba organise son second meeting devant plus de 1.500 personnes et débute son discours en disant : « Cinq minutes de silence à la mémoire des Congolais victimes du colonialisme tombés le 4 janvier ». La compassion de Patrice Lumumba pour l’Abako provoque le courroux de part et d’autre. Les membres de l’Abako parlent de provocation et ceux du MNC disent : « Cet homme est un démagogue dangereux ». Le 16 juillet 1959, une lettre du Comité central du MNC confie la gestion du politique à une présidence collégiale qui exclut Patrice Lumumba. Immédiatement, le lendemain 17 juillet 1959, Patrice Lumumba convoque une assemblée extraordinaire des sections et dissout le Comité central. Le MNC se scindent, le MNC-Lumumba, appelés encore Lumumbistes avec comme leader, Patrice Lumumba œuvre pour une indépendance totale par le combat de la masse. L’autre parti politique, le MNC-Kalonji avec pour leader Albert Kalonji souhaite simplement la réforme du système économique et politique colonial. Le MNC-Lumumba tient son Congrès du 23 au 29 octobre 1959 et lors de ce rassemblement, Patrice Lumumba réclame l’indépendance immédiate du Congo et déclare le boycotte des élections. La Police venue arrêter Patrice Lumumba voient les militants du MNC s’interposer. Les affrontements entraînent la mort de plus de vingt (20) personnes et le Gouverneur de Stanleyville, Leroy, dit : « Lumumba a provoqué des émeutes pour empêcher les élections. Il a reçu d’un étranger des leçons de technique révolutionnaire.» Patrice Lumumba est néanmoins arrêté le 23 novembre 1959 et de sa cellule, il fait parvenir à ses juges un mémoire où il écrit : « … Monsieur le Président (du tribunal), l’Administration de notre pays ne doit pas utiliser la justice comme un instrument de vengeance à l’égard des Partis ou des leaders qui ne souscrivent pas aveuglément à sa politique… » En décembre 1959, le gouvernement colonial donne son accord pour la tenue d’une Table ronde à Bruxelles afin de discuter de toutes les questions relatives à l’indépendance du Congo-Belge. A l’ouverture de cette le réunion le 20 janvier 1960, la Belgique est représentée par son Gouvernement et son Parlement. La délégation congolaise est composée de quarante cinq (45) membres et quarante-huit (48) suppléants. Les Partis politiques présents sont, l’Association des Bakongo (ABAKO) ; Le MNC-Lumumba ; Le MNC-Kalonji ; La Confédération des associations tribales du Katanga (CONAKET) ; Le Parti National du Progrès (PNP) ; Le Parti Solidaire Africain (PSA) ; Le Parti du Peuple (PNP) ; L’Alliance de Bayanzi (Abazi) ; Le Centre de Regroupement Africain (CEREA) ; L’Alliance des Bangala (ASSORECO) qui a changé de dénomination pour devenir le Parti de l’Unité Nationale (PUNA) ; L’Alliance Rurale Progressiste (ARP) ; L’Association des Baluba du Katanga (Balubakat) et l’Union Congolaise (UC). Les Provinces de Léopoldville, l’Equateur, Stanleyville, le Kivu-Maniema, le Katanga et le Kasaï sont représentées par leurs Chefs coutumiers respectifs. Pendant la Table ronde, Patrice Lumumba, leader du MNC-Lumumba est en prison au Congo et est représenté par Victor Nendaka Bika, Vice-président de ce Parti mais, les participants, en particulier Joseph Kasa-Vubu réclament la présence de Patrice Lumumba. Condamné à six (6) mois de prison pour incitation à la haine racial, Patrice Lumumba transféré le 22 janvier 1960, dans la Province du Katanga pour purger sa peine de prison mais il est libéré le 25 janvier 1960 et conduit directement à Bruxelles pour la Table ronde. Patrice Lumumba prend la place de Victor Nendaka Bika à la Table ronde. Avant le début de la rencontre, la délégation congolaise qui constate que les belges essaient de les monter les uns contre les autres, forme un Front commun durant tout le déroulement de la Table ronde, prenant à contre pied les belges. Unie au sein de ce front, la délégation congolaise déclare : « L’accord sur la nature de la « Table ronde » doit être acquis entre les deux parties avant que s’engage utilement tout débat sur les points de l’ordre du jour. » Déboussolés, les belges répondent à l’exigence des congolais avant les discussions et à la clôture de la Table ronde, les résolutions fondamentales adoptées sont, la fixation de la date des élections générales au Congo pour les mois d’avril et mai 1960 et la proclamation de l’indépendance du Congo-belge le 30 juin 1960. A Bruxelles, Patrice Lumumba réorganise son bureau et y intègre l’un de ses anciens amis de Léopoldville, Joseph-Désiré Mobutu né le 30 octobre 1930 à Lisala, dans la Province de l’Equateur. Enrôlé dans la Force publique à Luluabourg à vingt (20) ans, il a, après ses études dans une école catholique, obtenu le brevet de Secrétaire-comptable en 1953 et s’est retrouvé à l’Etat-major à Léopoldville avec le grade de Sergent. Joseph-Désiré Mobutu, devenu ensuite journaliste d’Activités africaines, a effectué un stage professionnel à Bruxelles avec ses écrits sous la plume de José De Banzy. Il est nommé Secrétaire du bureau du MNC-Lumumba, en dépit des craintes de Maurice Mpolo et Cléophas Kamitatu qui n’ont pas confiance à la nouvelle recrue. Un troisième MNC voit le jour en mars 1960, le MNC-Nendaka de Victor Nendaka Bika. Vice-président du MNC-Lumumba en 1959, les deux (2) leaders Victor Nendaka Bika et Patrice Lumumba se brouillent après la Table ronde et accusé par Patrice Lumumba de détournement de fonds du Parti, Nendaka Bika il s’est retrouvé en prison. Sa liberté obtenue, il créé son propre Parti, le MNC-Nendaka. Patrice Lumumba organise de nombreux meetings pour mobiliser la masse pour les élections législatives fixées du 11 au 25 mai 1960. Le 5 mars 1960, il prend part à un meeting à Stanleyville et prône un « Congo où belges et congolais vivront côte à côte ». Les 3 et 4 avril 1960, un meeting se tient à Luluabourg. Les 10 et 11 avril 1960, il se retrouve avec son équipe à Coquilhaville. Les 1er et 2 mai 1960, Patrice Lumumba est à Inongo et le 5 mai 1960 à Bukavu. Le 22 mai 1960 à Stanleyville, à son meeting de clôture, Patrice Lumumba réaffirme sa détermination à lutter pour son pays et déclare : « Chers frères, nous ne poursuivons aucun intérêt personnel, nous n’avons aucun souci électoral. Si nous voulions avoir de l’argent, si nous voulions vivre mieux, nous ne ferions pas ce que nous faisons aujourd’hui. Nous pouvons quitter ce Congo, paisiblement, et aller vivre une vie meilleure ailleurs, qui dépassera celle d’un petit (ou futur) ministre congolais…» Les élections se déroulent sans incident et les autorités coloniales tentent vainement d’empêcher Patrice Lumumba de les gagner. Le MNC-Lumumba emporte néanmoins ces élections législatives avec trente quatre (34) sièges, le PSA gagne treize (13) sièges, le CEREA dix (10) sièges et le Balubakat sept (7) sièges. Le MNC-Lumumba devient ainsi le premier Parti politique du Congo, au grand désespoir des colons. Pour obtenir la majorité des sièges du Parlement, le MNC-Lumumba fait des alliances avec les Partis nationalistes et collecte soixante onze (71) sièges mais connaissant les agissements des colons, Patrice Lumumba continue de mobiliser la masse pour éviter de se faire voler sa victoire à la présidence de l’Assemblées nationales et du Sénat. Le 21 juin 1960, pour l’élection du Président du Parlement, Joseph Kasongo du MNC-Lumumba est élu Président avec soixante quatorze (74) voix. Jean Bolikango du PUNA gagne soixante trois (63) voix. La Présidence du Parlement du Sénat revient au MNC-Lumumba qui se voit ainsi confier la charge de l’organisation de la cérémonie de l’indépendance du Congo. Pour la seconde Institution du Congo, le Sénat, Joseph Iléo du MNC-Kalonji est élu Président avec quarante et une (41) voix. La Vice-présidence revient à Joseph Okito du MNC-Lumumba qui obtient trente neuf (39) voix avec quatre (4) absents lors du vote. Le MNC-Lumumba sort vainqueur des élections en remportant la présidence du Parlement et la Vice-présidence du Sénat. Estimant que la situation leur échappe, les belges distribuent des enveloppes d’argent aux anti-Lumumba que sont, Joseph Iléo du MNC-Kalonji, Delvaux du PNP et Jean Bolikango du PUNA. Les personnes recrutées se voient charger d’acheter les consciences et empêcher Patrice Lumumba d’atteindre le sommet de l’Etat. Patrice Lumumba qui a à ses côtés Antoine Gizenga du PSA, Jason Sendwe du Balubakat, Anicet Kashamura du CEREA et son Secrétaire dévoué à la tâche, Bernard Salumu, homme capable de mobiliser rapidement et en masse la jeunesse du MNC-Lumumba, menace les autorités coloniales de bloquer le fonctionnement du pays si elles ne jouent pas franc jeu. Patrice Lumumba leur dit qu’ils iront eux-mêmes proclamer l’indépendance du Congo si elles continuent leurs manœuvres qui faussent le jeu démocratique. Les autorités coloniales laissent les opérations se dérouler normalement et le 13 juin 1960, Patrice Lumumba est nommé pour former le gouvernement mais, le 17 juin 1960, l’accusant de ne pas pouvoir faire le consensus autour de lui, l’Administration coloniale désigne Joseph Kasa-Vubu pour former le nouveau gouvernement. Patrice Lumumba se fâche à nouveau et déclare qu’il arrêtera tout le processus en cours mais remis dans ses droits, il forme le premier gouvernement du Congo composé de congolais. Ce gouvernement ne comporte pas de femmes et ne satisfait pas toutes les Provinces puisque les deux (2) Provinces les plus riches du Congo, le Kantaga de Moïse Tshombé et le Sud-Kasaï ont été exclues. Le gouvernement formé comprend vingt-trois (23) ministres, dix (10) Secrétaires d’Etat et quatre (4) ministres d’Etat dont Bomboko et Delvaux, hostiles à Patrice Lumumba. Patrice Lumumba occupe les postes de Premier ministre et ministre de la Défense. Présenté au Parlement le 23 juin 1960, c’est seulement le 24 juin 1960 à 2 heures du matin, après d’intenses tractations que le Parlement accepte l’investiture de ce gouvernement par soixante quatorze (74) voix Pour ; une (1) voix Contre ; cinq (5) Abstentions et soixante sept (67) Absents. Le même 23 juin 1960, le Senat approuve le gouvernement par soixante (60) voix Pour ; douze (12) voix Contre ; huit (8) Abstentions et quatre (4) Absents. Pour l’élection du Président du Congo, la Constitution dispose que : « Le Président de la République est élu par les deux Chambres (Parlement et Sénat) réunies en Congrès. » Détenant une petite majorité dans les deux (2) Chambres, Patrice Lumumba porte son choix sur Joseph Kasa-Vubu, son adversaire politique pour tenir la présidence du pays En demandant aux députés de son Parti d’offrir le poste de Président à Joseph Kasa-Vubu, Patrice Lumumba pense réaliser l’union nationale autour de son gouvernement nationaliste. Joseph Kasa-Vubu est élu Président du Congo avec 159 voix. Jean Bolikango du PUNA obtient quarante trois (43) voix. Onze (11) personnes s’abstiennent de voter et il est noté huit (8) absents. Le 27 juin 1960, Joseph Kasa-Vubu prête serment devant les deux (2) Chambres, Parlement et Sénat, il dit : « Je jure d’observer les lois de la nation congolaise, de maintenir l’indépendance nationale et l’intégrité du territoire. » Juste après les élections et avant la célébration de l’indépendance, la tension monte entre Patrice Lumumba et Joseph Kasa-Vubu. Le Président Joseph Kasa-Vubu trouve Patrice Lumumba, trop pressé. Patrice Lumumba est en colère parce qu’il a souhaité que le frère du Roi Baudouin, le prince Albert soit invité pour la proclamation de l’indépendance du Congo et le Roi Baudouin, premier chef d’Etat à visiter le Congo indépendant mais le Président Joseph Kasa-Vubu adresse une invitation au Roi seul sans informer le gouvernement. Patrice Lumumba en veut au Président Joseph Kasa-Vubu et lui demande de jouer son rôle symbolique et ne pas gêner le Premier ministre dans la gestion du pays puisqu’il doit rendre compte au Parlement. Lorsque Patrice Lumumba demande aux belges de signer une amnistie générale à l’occasion de la proclamation de l’indépendance, sa requête est ignorée. Enfin, Patrice Lumumba accuse le Président Joseph Kasa-Vubu de n’avoir pas fait avaliser son discours par le gouvernement comme la loi le prescrit. Patrice Lumumba mène ses propres investigations et parvient à obtenir le discours du Président de la République qu’il trouve trop flatteur parce qu’il n’évoque le désastre de la colonisation et la lutte des congolais. Patrice Lumumba fait venir chez lui, à sa résidence privée, le jeudi 30 juin 1960, à 8h30, le ministre Thomas Kanza et lui présente son discours dactylographié. Thomas Kanza dit : « Monsieur le Premier ministre (Patrice Lumumba), c’est un excellent discours. C’est le genre de discours que vous pouvez prononcer au stade, c’est formidable, c’est ce qu’il faut pour le peuple le jour de l’indépendance. Mais le Parlement n’était ni l’endroit ni l’occasion de prononcer ce discours. » Patrice Lumumba réplique : « Thomas, je vais parler, parce que le Président Kasa-Vubu nous a humiliés. Il va prononcer un discours qu’il a montré au gouvernement Belge mais qu’il ne nous a pas montré. Tout ce que je te demande : revois un peu ce discours, atténue à gauche, à droite, les passages que toi, tu penses être un peu extrémistes. » Or, le jour de la proclamation de l’indépendance du Congo, seuls (2) discours sont prévus, celui du Roi Baudouin et celui du Président du Congo Joseph Kasa-Vubu. Le ministre congolais Thomas Kanza rencontre, au Parlement, le Premier ministre belge Gaston Eyskens et le ministre des Affaires étrangères Pierre Wigny et il les prévient en disant : « Messieurs les Ministres, je crois que nous avons intérêt à reporter, ne serait-ce que d’une heure, la séance de la proclamation de l’indépendance pour vous donner le temps de négocier avec le Premier ministre Lumumba, parce qu’il va parler. » Gaston Eyskens et Pierre Wigny n’accordent pas d’importance aux déclarations du ministre Thomas Kanza. Le jeudi 30 juin 1960, jour de la proclamation de l’indépendance du Congo, le Roi Baudouin prononce son discours et dit en substance : « …L’indépendance du Congo constitue l’aboutissement de l’œuvre conçue par le génie du roi Léopold II. (…) L’Afrique et l’Europe se complètent mutuellement. Je souhaite que le peuple Congolais conserve et développe le patrimoine des valeurs spirituelles, morales et religieuses qui nous est commun. » A la suite du Roi, le Président Joseph Kasa-Vubu tient son discours et dit : « …A tous ceux qui ont donné sans compter leurs souffrances, leurs privations, et même leur vie, pour que se réalise enfin leur rêve audacieux d’un Congo libre et indépendant…» Pendant que les deux (2) hommes tiennent leurs discours, Patrice Lumumba corrige le discours qu’il à l’intention de lire et Thomas Kanza, craintif, regarde les ministres bellges Gaston Eyskens et Pierre Wigny. Lorsque le Président congolais achève son discours, le Président des cérémonies, Joseph Kasongo invite le Premier ministre Patrice Lumumba à prendre la parole. La panique s’empare de l’assistance qui ignore ce que va dire Patrice Lumumba. Patrice Lumumba dit : « …Qui oubliera qu’à un noir on disait « tu », non certes comme à un ami, mais parce que le « vous » honorable était réservé aux seuls blancs? Nous avons connu que nos terres furent spoliées au nom de textes prétendument légaux qui ne faisaient que reconnaître le droit du plus fort. Nous avons connu que la loi n’était jamais la même selon qu’il s’agissait d’un blanc ou d’un noir: accommodante pour les uns, cruelle et inhumaine pour les autres. Nous avons connu les souffrances atroces des relégués pour opinions politiques ou croyances religieuses; exilés dans leur propre patrie… » . A la fin du discours, les officiels belges avec à leur tête le Roi Baudouin sont en colère. Ils estiment avoir été injuriés et humiliés dans le discours du Premier ministre Patrice Lumumba. Le Roi Baudouin émet le vœu de rentrer immédiatement à Bruxelles mais la diplomatie parvient à le retenir jusqu’à la fin de la cérémonie. L’acte officiel de l’indépendance du Congo est signé par le Premier ministre belge, Gaston Eyskens ; Le Premier ministre congolais Patrice Lumumba et contresigné par le ministre belge des Affaires étrangères Pierre Vigny et le ministre congolais des Affaires étrangères, Justin-Marie Bomboko. Dans l’après-midi, la fête bat son plein et Patrice Lumumba tente de contenter les occidentaux en prononçant un discours apaisant mais cela ne change rien à leur courroux. Au pouvoir, le Président Joseph Kasa-Vubu se présente comme un homme simple qui ne gêne pas les anciens colonisateurs. Il fait ses courses à pied et conduit lui-même sa voiture de marque Coccinelle et certains trouvent dans sa simplicité, un manque d’autorité. Les belges toujours fâchés pour le discours de Patrice Lumumba veulent provoquer les soldats de l’armée congolaise afin de trouver une raison pour attaquer. Ainsi, cinq (5) jours après l’indépendance, le 5 juillet 1960, le Lieutenant-général Janssens, ressortissant belge encore Commandant de l’armée nationale congolaise, écrit à 08H00 sur un tableau au quartier général : Avant indépendance = après indépendance. L’incident n’aboutit pas à de véritables troubles. Ensuite, le même Lieutenant-général envoie cette note à Patrice Lumumba, Premier ministre d’un Etat désormais indépendant : « …Un dernier et solennel avertissement ». Il signifie au Premier ministre Patrice Lumumba qu’il n’a pas apprécié son discours le jour de l’indépendance. Patrice Lumumba ne réagit pas. Poursuivant la provocation, le 8 juillet 1960, des soldats de l’armée belge occupent le Kitona et le Kamina et désarment des soldats nationalistes à Lubumbashi le 10 juillet 1960. Les ministres du gouvernement congolais nommés Bomboko et Delvaux qui n’aiment pas Patrice Lumumba, font appel aux soldats belges pour régler le litige. En juillet 1960, Joseph-Désiré Mobutu est nommé Secrétaire d’Etat dans le gouvernement formé par Patrice Lumumba. Après qu’il se soit installé à la primature, Patrice Lumumba prend pour secrétaire personnelle, Alphonsine Batamba, Miss Stanleyville 1957, amie de jeunesse de Louis-Richard Lumumba, le frère de patrice Lumumba. Patrice Lumumba est fou amoureux d’Alphonsine Batamba, une beauté éduquée et instruite, en comparaison aux femmes venant du village qu’il a toujours fréquenté. Alphonsine Batamba devenue la maîtresse du Premier ministre, est installée dans un appartement sur le Boulevard du 30 juin à Royal qui se transforme en lieu de rendez-vous des sympathisants du MNC-Lumumba. Quant à Joseph-Désiré Mobutu, il commence à adopter un comportement étrange vis-à-vis de son Parti, le MNC-Lumumba. Mobutu fréquente de moins en moins son mentor, Patrice Lumumba. Cléophas Kamitatu, Président provincial de Léopoldville, rend visite à Patrice Lumumba et insiste pour que le Premier ministre mette à l’épreuve Joseph-Désiré Mobutu. Patrice Lumumba appelle au téléphone Joseph-Désiré Mobutu et lui dit : « Je te considère comme mon fils, comment peux-tu m’abandonner ? » Joseph-Désiré Mobutu de répondre : « Je suis militaire et je ne peux faire que le devoir d’officier. » En colère, Patrice Lumumba retire sa confiance à son Chef d’Etat-major, le Colonel Joseph-Désiré Mobutu et nomme le Lieutenant-général Maurice Mpolo, Commandant en Chef de l’Armée nationale congolaise (ANC). Le 11 juillet 1960, au micro du studio de Radio-Collège, Moïse Tshombé, sur recommandation de l’Union Minière, proclame l’indépendance du Katanga et sollicite le soutien de l’armée belge qui accepte. Dès l’annonce de la sécession, le même jour, Patrice Lumumba fait appel aux Nations-Unies pour intervenir dans l’agression des troupes belges. Le 12 juillet 1960, un journal proche du gouvernement belge écrit : « Plusieurs ministres lumumbistes se sont conduits comme des sauvages primaires et imbéciles ou comme des créatures communistes » et le lendemain 13 juillet, le gouvernement congolais déclare : « Un état de guerre existe entre le Congo et la Belgique. » Patrice Lumumba rompt les relations diplomatiques avec la Belgique et malgré une résolution sur l’assistance militaire au Congo adoptée par le Conseil de Sécurité de l’ONU, les belges continuent d’envahir le Congo. Gillon, ministre belge de la Défense dit devant le Parlement Belge : « L’ensemble des forces Belges engagées au Congo s’est élevé à près de 10.000 hommes. » Les américains soutiennent les belges et disent : « La Belgique avait le droit d’envoyer des troupes au Congo pour protéger des vies humaines en danger… » En réalité, les américains souhaitent obtenir une partie de la richesse enfouie au Congo. Se sentant en danger avec la Belgique qui cherche à reconquérir le Congo, le 17 juillet 1960, Patrice Lumumba écrit au représentant du Secrétaire-général de l’ONU, Ralph Bunche pour exiger que l’intervention de l’Organisation internationale se fasse rapidement et il menace : « Mettez dehors les troupes d’agression belges, sinon je serai obligé de faire appel à l’URSS pour mettre fin à l’agression ». Cet appel de Patrice Lumumba fait dire à ses détracteurs qu’il a toujours été un Pro-communiste. Dans les années 60 et même aujourd’hui encore, il existe deux (2) blocs qui sont, le bloc occidental avec l’Europe occidentale et les Etats-Unis d’Amérique d’une part et et le bloc Soviétique avec l’URSS et l’Europe centrale et orientale d’autre part. Les dirigeants africains qui sollicitent les soviétiques qui sont d’idéologie communiste sont combattus. Le Président Joseph Kasa-Vubu, Pro-français dénonce l’appel du Premier ministre congolais Patrice Lumumba. Les relations de Patrice Lumumba avec le Secrétaire général de l’ONU, Dag Hammarskjöld se dégradent de plus en plus. Le 24 juillet 1960, Moïse Tshombé refuse que les troupes de l’ONU interviennent au Katanga et demandent aux Forces belges de s’y maintenir. Pour affaiblir le pouvoir central de Patrice Lumumba, Moïse Tshombé demande à Joseph Kasa-Vubu, Joseph Iléo, Albert Kalonji et Jean Bolikango de former une Confédération des Etats du Congo. Le 21 juillet 1960, le Roi Baudouin dit : « Ce que fut le Congo Belge est devenu un chaos » et indique que le seul responsable est Patrice Lumumba. Le 7 août 1960, l’Abako demande qu’il soit créé une Confédération des Etats du Congo et le Le 14 août 1960, arrive à Kinshasa, le général suédois von Horn, commandant des troupes de l’ONU. Patrice Lumumba crie son indignation : « Les Etats-Unis ! Ce pays approuve que la Belgique maintienne ses bases au Congo, parce qu’il y possède des intérêts économiques. Puisque les Belges ne peuvent plus rester, ils font appel à leurs alliés à l’ONU pour les relayer. Je propose le retour immédiat des forces de l’ONU, s’il est exact qu’elles viennent opérer conformément aux arrangements pris avec la Belgique. » Le Colonel Marlière, responsable des services secrets belges à Léopoldville dit de Patrice Lumumba, qu’il nomme Satan dans ses messages codés : « Cet homme doit être supprimé, c’est une œuvre de salubrité publique. » De même, l’américain Andrew Cordier qui dirige l’Opération des Nations unies au Congo (ONUC) dit à l’un de ses proches : « Nkrumah est le Mussolini d’Afrique et Lumumba son petit Hitler. » Dans cette période difficile, Patrice Lumumba s’arrange pour faire sortir certains de ses enfants du Congo, et Pauline Opango Lumumba raconte : « …Un jour, il (Patrice Lumumba) nous avait rassemblés, les enfants et moi, et il nous a dit qu’il allait probablement mourir, que plusieurs complots avaient déjà été déjoués. C’est pour cela que nous avions envoyé les aînés au Caire… » Le 18 août 1960, se tient une réunion à Washington aux Etats-Unis d’Amérique entre le Conseil national de sécurité et le groupe spécial de l’Administration du Président des Etats-Unis d’Amérique, Eisenhower pour évoquer la popularité de Patrice Lumumba et sa proximité avec l’Union soviétique. Des documents américains déclassifiés établissent le rôle de Washington dans les tentatives secrètes d’assassinat du Premier ministre congolais, Patrice Lumumba. Un extrait des rapports envoyés au Quartier général de la CIA par le Chef de la station de Léopoldville mentionne : « Ambassade et station estiment que le Congo est l’objet d’une tentative communiste pour renverser le gouvernement, nombreuses forces au travail ici : Soviétiques […], Parti communiste, etc. Les forces anti-occidentales appuient de plus en plus le pouvoir Congolais, et il ne reste peut-être que peu de temps pour agir afin d’éviter un nouveau Cuba. » N’ayant pas pu assassiner Patrice Lumumba, la personne chargée de cette mission, Larry Devlin, Chef de la station de la CIA à Léopoldville qui a reçu un agent spécialisé dans les empoisonnements et la somme de 100.000 Dollars ou 59 millions 677 mille 588 Francs CFA, a avoué plus tard : « …La pâte dentifrice n’est jamais arrivé dans la salle de bains de Lumumba. Je l’ai jetée dans le fleuve Congo…» En août 1960, Moïse Tshombé se fait élire Président du nouvel Etat indépendant du Katanga. En septembre 1960, le Parlement belge vote des fonds secrets pour permettre aux détracteurs de Patrice Lumumba de le combattre plus intensément. Le 4 septembre 1960, le Président Joseph Kasa-Vubu fait une déclaration à la radio pour annoncer la révocation de Patrice Lumumba et cinq (5) ministres nationalistes. Il dit : « Le Premier bourgmestre, qui avait été nommé par le Roi des Belges, selon les dispositions de la loi fondamentales a trahi la tâche qui lui a été confiée (…) J’ai jugé nécessaire de révoquer immédiatement le gouvernement. » Le Président Joseph Kasa-Vubu fait semblant de se tromper pour dénier à Patrice Lumumba sa qualité et le nomme Bourgmestre c’est-à-dire Maire au lieu de Premier ministre. Le lendemain, 5 septembre 1960, Joseph Kasa-Vubu remplace Patrice Lumumba par le Président du Sénat, Iléo Joseph. Patrice Lumumba annonce à son tour qu’il reste en fonction, obtient le soutien du Conseil des ministres et du Parlement et révoque, pour Haute trahison, le Président Joseph Kasa-Vubu. Pendant que le Chef d’Etat et le Premier ministre se révoquent réciproquement, le Joseph-Désiré Mobutu accuse publiquement Patrice Lumumba d’être un pro-communiste. Le putschiste Mobutu est soutenu par l’ONU, la CIA, l’ambassade des USA, les deux (2) belges Henniquiau et Louis Marlicre et enfin le Général Kettani d’origine marocaine. Patrice Lumumba réplique le 15 septembre 1960 : « Le gouvernement central de la République du Congo porte à la connaissance du peuple que le Colonel Mobutu, Chef d’Etat-major des forces armées, a été corrompu par les impérialistes pour jouer un coup d’état contre le gouvernement légal et populaire. Ces manœuvres ont été déjouées par la réaction de notre armée nationale, dont les soldats, après la déclaration radiodiffusée de l’intéressé (Mobutu) sont allés immédiatement chercher le premier ministre (Lumumba) pour le garder à l’abri de toute agression impérialiste. Peuple ! Vous qui êtes le témoin oculaire de ces manœuvres tendant à faire retomber le Congo. Terre de nos ancêtres, sous la domination d’une organisation internationale, et qui êtes, d’autre part, l’arbitre infaillible des différentes manœuvres de certains de vos dirigeants, vous êtes le seul juge de ces actes, saboteurs de la paix sociale. Peuple ! A vous de juger puisque la vérité finit pas triompher. Vive l’armée nationale ! Vive le gouvernement légal reconnu par la Chambre et les Sénateurs ! Vive la République du Congo ! » (Voir la page 270 du présent pouvrage). Immédiatement, Joseph-Désiré Mobutu ferme l’ambassade de l’Union Soviétique et celle de la Tchécoslovaquie au Congo. Le nouvel homme fort du Congo leur accorde quarante-huit (48) heures pour quitter le Congo. Il demande également aux troupes guinéennes et ghanéennes, favorables à Patrice Lumumba de quitter le Congo. Le 19 septembre 1960, Joseph-Désiré Mobutu installe un collège des Commissaires Généraux ou gouvernement temporaire réprésentés par, Bomboko, Président ; Ndele, Vice-président ; Ferdinand Kazadi, ministre de la Défense ; Lihau, ministre de la Justice et Tshisekedi, Vice-ministre de la Justice. Ce collège est officiellement installé par le Président Joseph Kasa Vubu Des Observateurs affirment que le coup d’Etat a été fait pour éliminer une seule personne, le Premier ministre Patrice Lumumba. Patrice Lumumba, Iléo Joseph et les autres ministres nationalistes sont assignés à résidence. Au cours de cette période, sous surveillance des Forces de l’ordre, le dernier enfant de Patrice Lumumba et Pauline Lumumba, Marie-Christine Lumumba naît prématurément. L’enfant est très malade car atteinte de la jaunisse. Patrice Lumumba accepte que ses amis aident Pauline Lumumba et Roland Lumumba à se rendre à Genève en Suisse pour sauver la vie du nouveau-né mais huit (8) jours seulement après leur arrivée en Suisse, Marie-Christine Lumumba décède. Le régime en place au Congo et l’ONU basé au Congo refusent d’aider Pauline Lumumba à ramener le corps de Marie-Christine Lumumba dans son pays et quand une société aérienne accepte de rapatrier le corps, le Président Joseph Kasa-Vubu refuse qu’il soit transféré à Léopoldville. Une fois au Congo, les militaires emportent le corps de l’enfant et aucun des parents ne sait ce qui a été fait de la dépouille de la petite Lumumba. Très affecté, Patrice Lumumba, se décide à rejoindre son fief, Stanleyville, où sont regroupés la majorité des Lumumbistes. A la résidence Tilkkens, à Kalina, bien que surveillé, Patrice Lumumba parvient à faire passer secrètement un mot aux ministres qui lui sont restés fidèles. Il leur demande de rallier Stanleyville et ensemble, ils formeront un gouvernement clandestin qui sera dirigé par Antoine Gizenga. Or, depuis le 14 octobre 1960, sont recherchées, Antoine Gizenga, Antoine Kiwewa, Anicet Kashamura, Christophe Gbenye, Joseph Mbuyi, Joachim Massena, Davidson Bocheley, Rudahindwa, Grenfell, Yumbu, Pierre Mulele, Valentin Lubuma arrivent à Stanleyville, dans la Province du Kisaï-Orientale. Le 27 novembre 1960, Patrice Lumumba et sa famille, réussissent à prendre la fuite de la résidence des anciens gouverneurs belges située en bordure du fleuve gardée par des soldats ghanéens et guinéens de l’ONU. Patrice Lumumba se déguise en Officier de l’armée guinéenne pour sortir de sa résidence. Hors de vue, il se met en tenue civile.
Informé trois (3) jours après de la fuite de Patrice Lumumba et ses camarades, Joseph-Désiré Mobutu lance des patrouilles de recherche pour les ramener. Localisés par Gilbert Mpongo, Major chargé de liaison du service de renseignements, beaucoup disent que la fuite de Lumumba a été permise par la CIA pour faciliter son arrestation et justifier son assassinat. Le 1er décembre 1960, Patrice Lumumba échappe au major Gilbert Mpongo dans la localité de Port Franc appelé aujourd’hui Ilebo dans la province du Kasaï-Occidental. A Lodi, dans le district de la Sankuru, dans la province du Kasaï-Occidental, Patrice Lumumba, son fils et sa femme empruntent une voiture de marque Chevrolet conduite par un ami politique du leader et vers les rives de la ville de Lodi, ils empruntent un petit bateau à moteur mais dans la nuit, ils sont arraisonnés par une patrouille militaire. Pauline Lumumba témoigne : «…Il a décidé d’écouter ses partisans qui le pressaient, pour sa sécurité, de les rejoindre à Stanleyville (Kisangani) où se trouvaient des militaires qui lui étaient fidèles. Nous sommes partis en convoi de plusieurs voitures, poursuit la dernière épouse de Patrice Lumumba, et c’est Mungul Diaka qui devait nous conduire à travers le Kasaï jusqu’à la rivière Sankuru. Je crois qu’en cours de route Mungul Diaka nous a trahis : nous n’avons pas pris la route la plus directe, Patrice a été trop longtemps retenu pour un meeting improvisé, il a dû prononcer un discours et pendant ce temps, le « monpé » (missionnaire) du village de Bandundu a, par radio, Transféré à Léopoldville par avion piloté par des européens, le 2 décembre 1960, après être passés par la ville de Mweka, Patrice Lumumba et ses compagnons sont exhibés à l’aéroport. Les mains ligotées dans le dos, un soldat relève la tête de Patrice Lumumba en tirant ses cheveux afin de montrer son visage aux caméras. Patrice Lumumba passe la nuit du 2 au 3 décembre 1960 dans le garage de la résidence de Victor Nendaka Bika, du MNC-Nendaka. Le lendemain, 3 décembre 1960, Patrice Lumumba, Maurice Mpolo et Joseph Okito sont conduits au camp militaire de Hardy qui se trouve sous le commandement d’un militaire de la même ethnie que Joseph-Désiré Mobutu, le Colonel Louis Bobozo. Le camp militaire est situé dans la ville de Thysville appelé aujourd’hui Mbanza-Ngungu, Province du Bas-Congo. Le 13 janvier 1961, Patrice Lumumba parvient à retourner à sa cause, une partie des gardes du camp militaire où il est détenu et une mutinerie éclate. Le Président Joseph Kasa-Vubu, Joseph-Désiré Mobutu et le directeur de la Sûreté, Victor Nendaka se rendent par avion dans le camp où sont détenus Patrice Lumumba et ses compagnons et réussissent, en distribuant de l’argent à calmer les uns et les autres mais le Colonel Louis Bobozo prévient : En prison, Patrice Lumumba écrit cette note à sa compagne, comme s’il savait qu’il allait mourir : « Ma compagne chérie, Je t’écris ces mots sans savoir s’ils te parviendront, quand ils te parviendront et si je serai en vie lorsque tu les liras. (…) A mes enfants que je laisse, et que peut-être je ne reverrai plus, je veux qu’on dise que l’avenir du Congo est beau… » (Voir la page 273 du présent ouvrage). Le 17 janvier 1961, les prisonniers sont embarqués dans un avion DC-4 pour Moanda, sur le littoral atlantique et arrivent en fin d’après-midi à l’aéroport d’Elisabethville, chef lieu de la Province du Katanga. Après l’atterrissage, les prisonniers sont roués de coups à nouveau, en présence d’un contingent suédois de l’ONU. Patrice Lumumba est livré à son pire ennemi, le Chef de la Province du Katanga, Moïse Thsombé. Conduits dans une villa, les prisonniers sont ligotés, maltraités et humiliés devant les dirigeants du katangais et des belges. Le soir du 17 janvier 1961, Patrice Lumumba, Maurice Mpolo et Joseph Okito sont fusillés entre 21H40 et 21H43, suivant le rapport de l’enquête menée par les belges et sa prophétie se réalise lorsqu’il disait : « Si je meurs demain, ce sera parce qu’un Blanc aura armé un Noir. » Lorsque les Lumumbistes apprennent l’assassinat de leur leader, des manifestations de colère se déroulent au Congo et dans plusieurs capitales du monde. Des groupes de rébellion voient le jour au Congo. Alors que Patrice Lumumba est tué le 17 janvier 1961, Alphonsine Batamba est enceinte et l’ami de Patrice Lumumba, Cléophas Kamitatu la cache pour ne pas qu’elle soit tuée avec l’enfant. Le 7 avril 1961, elle accouche à l’hôpital Elisabeth dans la localité de Ngaliema et donne un faux nom au nouveau-né et c’est seulement à douze (12) ans, qu’elle le baptise Guy-Patrice Lumumba. Après la mort de Patrice Lumumba, les langues se délient et Larry Devlin, Chef de la CIA au Congo en 1960 dit : « …J’ai cependant mené ma petite enquête le lendemain, alors que je me trouvais à la résidence présidentielle (Congo). Je suis tombé sur le majordome et lui ai demandé ce qui s’était passé la veille au soir. Je l’entends encore me dire : « Oh, ne m’en parlez pas ! J’ai trouvé ce matin des bouteilles de whisky, de champagne et de bière. J’ai aussi remarqué que le complet veston du président Tshombé était taché de sang et qu’il y en avait dans les toilettes ». J’en ai déduit qu’après avoir décidé de la mort de Lumumba, ils s’étaient rendus en état d’ébriété à la villa Brouwez où ils avaient molesté Lumumba… » Moïse Thsombé qui ne veut pas assumer la mort de Patrice Lumumba et ses compagnons dit qu’il n’était pas au courant de leur mort.
La Commission d’enquête belge de 2001, confond Moïse Thsombé et dit : « il y a trois déclarations du 18 janvier qui contredisent la version de Tshombe. Pour elle, Tshombe a bien donné son accord au transfert de Lumumba sur son territoire. Elle cite en particulier une déclaration officielle katangaise confirmant l’accord du gouvernement sécessionniste… » Pour la tentative d’évasion, la même Commission conclut : « …Il apparaît que la reconstitution détaillée et illustrée des faits de ce 17 janvier est aléatoire. Mais elle considère que plusieurs faits sont assez précis. A 16h50 l’avion de Lumumba atterrit. De 17h20 à 20h30, Lumumba et ses deux compagnons sont enfermés à la « maison Brouwez », où il est certain que les prisonniers ont subi des mauvais traitements, de la part de leurs gardiens, mais aussi de la part de ministres katangais Il est possible que le président katangais [ait] participé aux sévices, même si aucune source ne le prouve.[…] Il semble hors de question qu’il n’ait pas vu les prisonniers dans la maison Brouwez, au moins lors du départ des prisonniers vers le lieu d’exécution. La décision de Tshombe de l’exécution Le Belge Gérard Soete raconte ce qui a été fait du corps de Patrice Lumumba : « …J’ai découpé et dissous dans l’acide le corps de Lumumba. En pleine nuit africaine, nous avons commencé par nous saouler pour avoir du courage. On a écarté les corps. Le plus dur fut de les découper en morceaux, à la tronçonneuse, avant d’y verser de l’acide. Il n’en restait presque plus rien, seules quelques dents. Et l’odeur ! Je me suis lavé trois fois et je me sentais toujours sale comme un barbare… » Gérard Soete qui a gardé à un doigt, une dent (empaillés) et l’Alliance de mariage de Patrice Lumumba et qui a découpé son corps en trente quatre (34) morceaux à la tronçonneuse, fait cette révélation en 2002 à un journaliste de l’Agence France-Presse (AFP) : « Le Brugeois dut d’abord transporter les trois corps à 220 kilomètres du lieu d’exécution, pour les enfouir derrière une termitière, en pleine savane boisée. De retour à Elisabethville, il reçut cependant « l’ordre » du ministre de l’intérieur Katangais Godefroi Munongo de faire littéralement disparaître les cadavres. La popularité de Lumumba était telle que son cadavre restait en effet gênant. Le « pèlerinage » sur sa tombe pouvait raviver la lutte de ses partisans. « Petit Gérard Soete de Bruges, je devais me débrouiller tout seul avec trois corps internationalement connus », résume-t-il aujourd’hui. « Toutes les autorités Belges étaient sur place, et elles ne m’ont pas dit de ne rien faire », ajoute-t-il, avec un fort accent flamand. Accompagné d’ « un autre blanc » et de quelques congolais, épuisés « d’une scie à métaux, de deux grandes dames-jeannes et d’un fut d’acide sulfurique », il leur fallut toute la nuit, du 22 au 23 janvier, pour accomplir leur besogne. » A l’annonce de la mort de Patrice Lumumba survenu le 17 janvier 1961, que Pauline Lumumba qui ne l’apprend que le 21 février 1961, soit un mois après l’événement tragique, dit de son mari : « …C’était fini. Je sais que depuis la prison de Thysville, où on m’a empêchée d’entrer, il m’a écrit une lettre, pour m’encourager. Mais j’en ai lu le texte bien plus tard dans les journaux. C’est un journaliste qui a eu cette lettre, il m’a dit qu’il l’avait donnée à François. Moi, je ne l’ai jamais vue… ». En évoquant le souvenir de son époux, Pauline Lumumba dit : «…Lumumba était seulement un bon mari, un bon père. Chaque fois qu’il le pouvait, il jouait avec les enfants dans le jardin. Mais il était tout le temps en train de lire, d’étudier, et parfois, durant des heures, il ne nous parlait pas. C’est normal, il a dû apprendre par lui-même… » Après la mort de son époux, Pauline Lumumba part avec le cadet des enfants, Roland Lumumba pour l’Egypte, dans l’avion affrété par le Président égyptien, Gamal Abdel Nasser Hussein. L’avion fait une escale à Athènes en Grèce et lorsqu’elle débarque à l’aéroport du Caire, Pauline Lumumba est accueillie par une foule chaleureuse avec tout le gouvernement égyptien, y compris le Premier ministre. Le lendemain de son arrivée au Caire, dans la résidence de haut standing au centre ville, elle reçoit en personne, la visite du Président de l’Egypte, Gamal Abdel Nasser Hussein qui lui apporte compassion et la rassure sur la prise en charge, par le gouvernement égyptien de toute sa famille tout le temps qu’elle restera en Egypte, ainsi que les frais de scolarité de tous les enfants Lumumba. Plus tard, interviewée, Pauline Lumumba dit : « …Le Président Nasser nous avait invités, et jusqu’à sa mort, il nous a pris en charge. Encore aujourd’hui, je peux retourner au Caire quand je veux, mon logement est assuré, mes frais médicaux aussi. En Belgique, ce n’est pas comme ça, pour tout, je dois payer… » Après de terribles confrontations avec les casques bleus de l’ONU, Moïse Tshombé met fin à la sécession en janvier 1963 et s’exile. En juillet 1964, Moïse Tshombé est rappelé, par le Président Kasau-Vubu pour devenir Premier ministre. En Mars 1965, le Parti de Moïse Tshombé remporte les élections législatives et sur le point devenir le prochain Chef d’Etat du Congo, le Président Kasa-Vubu destitue Moïse Tshombé le 13 octobre 1965 de son poste de Premier ministre. Moïse Tshombé s’exile une nouvelle fois successivement en Rhodésie du Nord, en Belgique et en Espagne. Le 25 novembre 1965, Joseph-Désiré Mobutu renverse le Président Kasa-Vubu et prend le pouvoir. En 1967, Joseph-Désiré Mobutu condamne Moïse Tshombé à la peine de mort par contumace pour la sécession de la Province du Katanga. Lorsque le Front de libération nationale (FLN) prend le pouvoir en Algérie, ses leaders qui en veulent à Moïse Tshombé qui a été à la base de la mort de Patrice Lumumba, les algérien Mohamed Ben et Brahim Boukharouba détournent l’avion de Moïse Tshombé au-dessus des Baléares, en juin 1967. Gardé en résidence surveillée en Algérie, Moïse Tshombé meurt dans sa prison d’Alger en Algérie le 29 juin 1969 officiellement à la suite d’une crise cardiaque. L’ex-Président Joseph Kasa-Vubu, mis en résidence surveillée par Joseph-Désiré Mobutu, à l’ouest du Congo, à Kisundi, à Bomo meurt à son tour le 24 mars 1969, par manque de soins. Le mardi 23 décembre 2014, une semaine après être revenue de Paris où elle se faisait soigner, Pauline Lumumba décède à Kinshasa. Celle qu’on surnomme au Congo, Mama Pauline est inhumée le 29 décembre 2014 au cimetière Nécropole à Nsele, à Kinshasa. Mama Pauline a fait cinquante trois (53) ans de veuvage et dit lors d’une interview : « …Lorsqu’on a vécu avec un homme comme Patrice, on n’a aucune raison de vouloir vivre avec un autre… » En novembre 2001, la famille Lumumba dépose une plainte afin qu’une enquête soit engagée sur la mort de Patrice Lumumba. Les membres de la Commission parlementaire belge chargés de l’enquête, après avoir conclu leurs travaux ont, le mardi 5 février 2002, par l’intermédiaire du ministre des Affaires étrangères de la Belgique, Louis Michel déclare : « Le gouvernement estime qu’il est indiqué de présenter à la famille de Patrice Lumumba … et au peuple Congolais ses profonds et sincères regrets ». Les membres de la Commission parlementaire belge annoncent la création d’un Fonds Patrice-Lumumba doté de 3,75 millions d’Euros ou 2 milliards 459 millions 838 mille 750 Francs CFA, pour œuvrer au développement démocratique en République démocratique du Congo. L’un des fils de Patrice Lumumba, François Lumumba salue ce signe de courage politique qu’il faut féliciter quand Roland Lumumba qui dirige la Fondation Lumumba, tout en considérant la démarche des belges comme une première victoire sur le chemin de la vérité, souhaite que l’enquête permette de punir la dizaine de belges encore vivants. Aujourd’hui encore, bien que décédé depuis 1961, Patrice Lumumba est considéré au Congo et ailleurs dans le monde comme le premier héros National du Congo ; Le plus grand Congolais. Pour les africains, Patrice Lumumba reste un grand Homme, un panafricaniste confirmée. Malcom X, militant pour les Droits des Afro-américains et grand combattant de l’abolition des discriminations raciales aux Usa et qui sera lui-même assassiné le 21 février 1965 dit : « Lumumba est le plus grand homme noir à avoir jamais foulé le sol du continent africain. Il n’avait peur de personne. Il effrayait tellement les gens qu’ils ont dû le tuer. Ils ne pouvaient l’acheter, ils ne pouvaient l’effrayer, ils ne pouvaient l’atteindre. Eh bien, dit-il au roi des Belges, vous pouvez nous avoir laissé la liberté, vous pouvez nous avoir donné l’indépendance, mais nous ne pourrons jamais oublier ces cicatrices…. » Le père du Panarabisme au Proche-Orient, Gamal Abdel Nasser Hussein a dit à Pauline Lumumba : «…La mort de votre mari est un deuil pour tout le continent, car il était le porte-drapeau de l’indépendance africaine…» Ernesto Guevara dit le Ché, le révolutionnaire Argentin très affecté par la mort de Patrice Lumumba lui a rendu cet hommage avant son propre assassinat le 9 octobre 1967 : « La bestialité de l’impérialisme, une bestialité qui ne connaît pas de limites, pas de frontières. La bestialité des armées d’Hitler, est comme la bestialité de l’Amérique du Nord, comme celle des parachutistes Belges, comme celle de l’impérialisme Français en Algérie. En effet, il est l’essence même de l’impérialisme de transformer les hommes en animaux sauvages, sanguinaires, décidés à abattre, tuer, assassiner et détruire le dernier vestige de l’image du révolutionnaire ou Partisan d’un régime, qu’il écrase sous ses bottes parce que cela lutte pour la liberté. La statue de Lumumba, aujourd’hui détruite mais reconstruite ce matin nous rappelle l’histoire tragique de ce martyr de la révolution mondiale et qu’il faut veiller à ne jamais faire confiance à l’impérialisme en aucune façon. Pas un iota ! » Patrice Lumumba avait dit : « En Afrique, tous ceux qui sont progressistes, tous ceux qui sont pour le peuple et contre les impérialistes, ce sont des communistes, ce sont des agents de Moscou!!! Mais tout ce qui est en faveur des impérialistes, celui qui va chercher chaque fois l’argent, le mettre en poche pour lui et sa famille, c’est un homme exemplaire, les impérialistes le loueront, le béniront. Voilà la vérité, mes amis. » PUBLIÉ PAR LOIDICI.COM |