
Le Ghana est un Etat situé en Afrique de l’ouest qui partage ses frontières, à l’ouest avec la Côte d’Ivoire, au nord avec le Burkina Faso et à l’est avec le Togo. Kwame Nkrumah est né le 21 septembre 1909 à Nkroful à Gold Coast, colonie britannique appelée aujourd’hui Ghana. Fils unique de sa mère Magnae Ka ku Nyaniba, commerçante et petite agricultutrice, Kwame Nkrumah est très proche de celle-ci et à trois (3) ans, Kwame Nkrumah et sa mère quittent Nkroful pour rejoindre son père à Half-Assini. PUBLIÉ PAR LOIDICI.COM Sa mère, qui le dorlote cache la banane plantain sous son oreiller au cas où Kwame Nkrumah aurait faim dans la nuit. Son père, Opanyin Kofi Nwiana Ngolomah, chercheur d’or est un polygame. En 1918, Kwame Nkrumah est scolarisé à l’école primaire d’Half Assini sous le nom de Francis Nwia-Kofi ou Nay Kofi Nkrumah et à douze (12) ans, il est inscrit dans une école administrée par des missionnaires catholiques. Il est dit qu’il était connu sous le nom de Francis Nwia-Kofi ou Nay Kofi Nkrumah, jusqu’en 1945 avant de changer son nom en Kwame Nkrumah. Professeur stagiaire au Standart Seven Education qui équivaut au lycée dans le système français, Kwame Nkrumah rejoint l’université d’Achimota en 1926, sur recommandation du Révérend A.G. Fraser, Recteur de l’université qui, en cherchant des étudiants brillants, l’avait déjà remarqué à l’école primaire d’Half Assini. En 1927, Kwame Nkrumah intègre le Collège de formation des enseignants d’Accra et la même année, son père décède. Kwame Nkrumah devient à son tour enseignant dans une école catholique et est nommé Principal de cette école. Convaincu qu’il peut jouer un rôle dans la libération de son pays, Kwame Nkrumah décide d’entreprendre de hautes études aux Etats-Unis d’Amérique et dit : « Je suis africain non pas parce que je suis né en Afrique, mais parce que l’Afrique est né en moi.» Le choix des Etats-Unis est guidé par l’admiration qu’il porte au Dr Kwaggyr Alfrey, diplômé des Etats-Unis d’Amérique qui disait que : « Le salut des noirs ne pouvait venir que de leur auto-amélioration par une meilleure éducation comme cela s’est passé aux Etats-Unis d’Amérique. » En 1935, à vingt six (26) ans, avec ses économies d’enseignant et les cinquante (50) livres sterlings reçus de ses parents, Kwame Nkrumah, part pour les Etats-Unis d’Amérique et y découvre la ségrégation raciale. Il intègre la Lincoln University de Pennsylvanie et étudie plusieurs thèses dont celles de Karl Marx, Lénine, Marcus-Garvey et apprend la politique américaine dans ses différents aspects dans l’objectif de l’appliquer à son pays. Etudiant excellent, Kwame Nkrumah obtient une bourse dès sa première année. En dehors des études, il réorganise l’association des étudiants africains des Etats-Unis d’Amérique et du Canada et devient le Président de cette association. Bon orateur, il participe à des meetings religieux et politiques. Kwame Nkrumah est néanmoins contraint de dormir quelquefois dans la rue et pour subvenir à ses besoins, il fait de petits travaux de vendeur de poissons, d’ouvrier agricole, d’employé dans une usine de fabrication de savons d’hiver, de camionneur, de serveur sur les navires de croisière l’été ou d’employé permanent de la bibliothèque de son université. En 1939, il obtient son Bachelor of Sciences Degrees, un diplôme en Economie, puis un Bachelor of Theology degree, diplôme en Sociologie. Nkrumah devient maître assistant en Théologie et en Philosophie à la Lincoln University de Pennsylvanie, il rédige aussi des piges dans des journaux américains pour se faire de l’argent et s’adonne régulièrement à la lecture des œuvres de Kant, Descartes, Schopenhauer, Freud, Nietzsche… En 1942, il se retrouve au département de Théologie de l’université de Philadelphie et la même année, il décroche son Master en Education et est récompensé par un titre honorifique de l’université de Philadelphie, le Leader of Governement Business de la Gold Coast. Kwame Nkrumah enseigne l’histoire de la communauté noire à l’université de Philadelphie. En 1943, pour critiquer le colonisateur qui prive les noirs du droit de connaître la prospérité, il publie deux (2) ouvrages intitulés Education and Nationalism in Africa ou Education et nationalisme en Afrique et To wards colonial freedom. En 1945, Kwame Nkrumah part à Londres au Royaume-Uni, à la London School of Economics and Political Sciences pour des études en Droit. Il travaille avec rigueur et dans ce pays d’accueil, il devient l’un des membres influents des intellectuels panafricains et participe aux réunions des nationalistes africains qui se tiennent tous les jeudis et samedis chez Dr Hastings Kamuzu Banda, devenu premier Président du Malawi en 1966. Prennent part à des rencontres avec, Julius Nyerere devenu Président de la Tanzanie en 1964, Jomo Kenyatta devenu premier Président du Kenya en 1964, Kenneth Kodjo Botsio devenu ministre des Affaires étrangères en 1963 au Ghana, Harry Nkumbula devenu ministre de l’éducation africaine en 1962 en Zambie, Joshua Nkomeno devenu 2ème Vice-président du Zimbabwe en 1987… Lors du 5ème Congrès Panafricain tenu à Manchester en 1945, Kwame Nkrumah désigné Secrétaire général, fait la connaissance du socialiste Georges Padmore, un trinidad, né en juillet 1902 à Tacarigua, dans l’Ile de Trinidad qui, avec l’américain W.E.B. Du Bois, ont fondé le panafricaniste. Les deux (2) hommes, Georges Padmore et Kwame Nkrumah se lient d’amitié pour leurs accointances idéologiques et rédigent ensemble, la déclaration de clôture du Congrès où ils réclament la libération de l’Afrique pour une auto-administration. A la fin du Congrès, Georges Padmore et Kwame Nkrumah inondent Londres de tracts pour dénoncer la colonisation et le nom Nkrumah est associé à Londres, à la lutte pour l’indépendance de la Gold Coast. Kwame Nkrumah milite également pour le retour des Afro-américains en Afrique et dit : « Toutes les personnes d’ascendance africaine, qu’elles vivent en Amérique du Nord ou du Sud, dans la Caraïbe ou n’importe autre partie du monde, sont des Africains et appartiennent à la nation africain. » En 1947, Dr Ako-Adjei de l’Université de Lincoln rentre définitivement en Gold Coast et une fois arrivé, il écrit à Kwame Nkrumah, son camarade resté à Londres pour le prier de rejoindre la terre de ses ancêtres afin de mener la lutte de la libération de son pays. Il lui propose pour ce faire, le poste de Secrétaire général du principal Parti politique de la Gold Coast dénommé United Gold Coast Convention (UGCC). Il lui suggère une voiture et un salaire mensuel de 100 pounds, l’équivalent de 76 447 FCFA. L’UGCC est dirigée par Joseph Boakye (J.B) Danquah, avocat et homme politique de la Gold Coast né le 18 décembre 1895 qui se bat pour créer un lien entre les élites et la classe populaire de la Gold Coast. L’UGCC a été fondée le 4 août 1947 par J.B Danquah, Ebenezer Ako-Adjei, Edward Akufo-Addo, Emmanuel Obetsebi-Lamptey et William Ofori Atta. Kwame Nkrumah donne officiellement son accord à l’UGCC le 14 novembre 1947. Le 10 décembre 1947, Kwame Nkrumah arrive en Gold Coast, en pleine période de crise où la population résistent aux britanniques. Pour contrecarrer les mouvements de désobéissance des indépendantistes, les autorités britanniques interdisent les grèves, répriment les actions des nationalistes et provoquent l’exil forcé de certains responsables politiques. Les autorités coloniales n’hésitent pas à punir leurs propres ressortissants, les britanniques, soupçonnés de soutenir les indépendantistes de la Gold Coast. A son arrivée dans son pays, Kwame Nkrumah occupe le poste promis au sein de l’UGCC et en cette qualité, il fait des tournées dans le pays et se rend compte que beaucoup de ses compatriotes rêvent de voir la Gold Coast acquérir son indépendance. Kwame Nkrumah propose une campagne pacifique de boycott des produits européens accompagné de grèves. Lorsque la tactique de Kwame Nkrumah est mise en exécution, l’économie de la Gold Coast décline. Le 28 février 1948, au cours d’une manifestation pacifique des anciens militaires, les britanniques ouvrent le feu, plus de soixante (60) personnes sont atteintes. Après cinq (5) jours d’émeutes, les colons décrètent l’état d’urgence et emprisonnent la majorité des dirigeants de l’UGCC. En dépit de la répression des britanniques, la paix n’est pas instaurée. Au cours de cette période, Kwame Nkrumah quitte l’UGCC et, pour certains Observateurs, sa démission est due à l’incompréhension des autres leaders de l’UGCC qui ne partagent pas sa vision de la lutte de libération du pays. Pour d’autres, le départ de Kwame Nkrumah est une sortie forcée pour le mot d’ordre de désobéissance qui a conduit à l’emprisonnement de tous les dirigeants de ce Parti. Kwame Nkrumah crée son propre Parti politique, la Convention People’s Party (CPP) mais il est arrêté et emprisonné. En 1951, les autorités coloniales organisent les élections législatives et bien qu’en prison, le Parti de Kwame Nkrumah les remporte avec 22.780 voix sur les 23.122 voix. Libéré la même année, en 1951, Kwame Nkrumah est nommé Premier ministre. Il met en œuvre sa politique d’africanisation de l’Administration qui n’est pas du goût des occidentaux. En 1953, à Kumassi et en 1958 à Accra, en Gold Coast, Kwame Nkrumah et son ami Georges Padmore organisent les 6ème et 7ème Conférences panafricaines. Sur le plan national, le CPP remporte, en 1956, les 3/4 des sièges aux élections législatives et Kwame Nkrumah exige l’indépendance de la Gold Coast. Contraints, les britanniques accèdent à la demande du leader africain. Devant une foule enthousiaste, Kwame Nkrumah proclame, le 6 mars 1957, à minuit, l’indépendance de la Gold Coast qui devient ainsi la première colonie de l’Afrique de l’Ouest à obtenir son indépendance. Le jour de l’indépendance, Kwame Nkrumah annonce le changement du nom de la Gold Coast en Ghana, en hommage à l’Empire du Ghana, premier grand empire noir à avoir émergé dans le Soudan occidental. Kwame Nkrumah, soucieux de voir tous les pays africains acquérir leurs indépendances, prononce un discours en faveur des colonies non encore indépendantes et dit : « …Nous ré-dédions maintenant notre action à la lutte pour émanciper les autres pays car l’indépendance du Ghana n’a aucun sens, tant qu’elle n’est pas liée à une libération totale du continent africain… » En décembre 1957, il rend visite à son homologue Gamal Abdel Nasser, Président de l’Egypte et Kwame Nkrumah fait la connaissance de Fathia Rizk, une jeune égyptienne d’une famille copte, née le 22 février 1932. Orpheline de père et élevée par sa mère qui avait déjà accepté, impuissante, que son fils quitte l’Egypte après avoir pris pour femme une étrangère, elle refuse de bénir le mariage de sa fille avec Kwame Nkrumah, un étranger. Néanmoins, le 31 décembre 1957, une petite cérémonie de mariage se déroule dans les jardins du château de Christianborg, quelques heures seulement après leur arrivée à Accra. Des Observateurs qualifient le mariage de Kwame Nkrumah et Fathia de mariage politique qui lie l’Afrique du nord à l’Afrique de l’ouest. La secrétaire particulière du Président Kwame Nkrumah apprend la nouvelle du mariage à la radio et des ghanéens ne comprennent pas comment Kwame Nkrumah a pu épouser une Blanche au lieu d’une Africaine ; Ignorant que, bien qu’ayant une peau blanche, Fathia est une africaine originaire de l’Egypte. Trois (3) enfants naissent de cette union, Gamal Gorkeh Nkrumah né en 1959 et devenu journaliste et rédacteur en Chef du journal Al Ahram Weekly ; Samia Yaba Christina Nkrumah née le 23 juin 1960, élue députée au Ghana de 2009 à 2013 et Sékou Nkrumah né le 1er décembre 1963, un politique. A ces trois (3) enfants, il faut ajouter son premier fils, Francis Kwesi Nkrumah née d’une mère ghanéenne. Premier producteur de cacao, le Ghana parvient, avec les excédents de l’Office de commercialisation du Cacao, à développer les infrastructures du Ghana et de véritables progrès sont observés dans le domaine de l’éducation et celui de la santé. Kwame Nkrumah poursuit une politique africaine commune avec les autres dirigeants africains et vient en aide aux autres mouvements de libération, ceux de la Rhodésie du Sud appelée aujourd’hui Zimbabawe avec Robert Mugabé, du Congo avec MNC-Lumumba de Patrice Lumumba, du Cameroun avec l’UPC d’Um Nyobè… Grand disciple de la philosophie de William Edward Burghardt Du Bois et Marcus Garvey sur l’unité des noirs et s’inspirant de l’union des américains avec les Etats-Unis d’Amérique, Kwame Nkrumah centre sa politique extérieure sur la création des Etats-Unis d’Afrique ; Ceci bien que la France considère les Etats africains francophones comme sa chasse gardée. De ce fait, Kwame Nkrumah et le Général de Gaulle ne s’apprécient guère. En 1958, lorsque le leader nationaliste de la Guinée, Ahmed Sékou Touré, dit Non au Général de Gaulle qui demande à la Guinée d’intégrer la Communauté française, le dirigeant français est furieux. En effet, dans un discours du 25 août 1958, Ahmed Sékou Touré avait dit au Général de Gaulle : « Il n’y a pas de dignité sans liberté : Nous préférons la liberté dans la pauvreté à la richesse dans l’esclavage.» Le Général de Gaulle lui répond : « «L’indépendance est à la disposition de la Guinée [mais] la France en tirera les conséquences. » Le député ivoirien Félix Houphouët-Boigny qui soutient le Général de Gaulle dit : « Le communisme essaie de s’établir dans ce pays (La guinée) au travers de la Russie et de ses satellites afin de faire de la Guinée une vitrine du communisme en Afrique. » Le 28 septembre 1958, il est organisé un référendum en Guinée pour le vote du Contre ou Pour la Communauté franco-africaine et sur un total de 1.203.875 votants, 1.136.324 votent Contre l’entrée de la Guinée dans la Communauté franco-africaine et 56.981 votent Pour. Le Non l’ayant emporté, le 2 octobre 1958, la Guinée proclame son indépendance. Le nouveau Président de la République de Guinée déclare le 4 novembre 1958 : « Le paysan noir n’avait rien à perdre sinon une partie de la misère et de son humiliation en accédant à l’indépendance (…) Le choix de la Guinée est donc un choix africain et il a traduit les aspirations profondes de nos populations. L’Afrique a vécu sur l’apport de la France. Elle demande à vivre avec l’apport de la France, mais si cet apport lui est refusé, elle saura vivre sans cet apport dans la dignité. » Le Premier ministre ivoirien Félix Houphouët-Boigny, Pro-français qui se sent blessé par le Non du Président guinéen Ahmed Sékou Touré, un affront fait au Général de Gaulle, mène des campagnes de dénigrement contre les nationalistes Ahmed Sékou Touré et Kwamé Nkrumah. Jacques Baulin, collaborateur du Premier ministre Félix Houphouët-Boigny tente d’expliquer les raisons de l’animosité de Félix Houphouët-Boigny envers Kwamé Nkrumah : « L’antagonisme entre les deux premiers ministres ivoirien et ghanéen n’aurait probablement par pris la tournure de « combat finish » qu’il devait revêtir bientôt, si les divergences entre eux s’étaient limitées au seul terrain des concepts d’organisation du continent africain. En fait, le Dr N’Krumah, partant de prémisses panafricanistes et considérant le Ghana comme le noyau, voire le moteur, des Etats-Unis d’Afrique, en arrivant, tout naturellement, à avoir des visées annexionnistes. » Face à l’affront, le Général de Gaulle œuvre pour isoler la Guinée de la scène internationale et empêcher son développement. Livrée à elle-même, tous les Chefs d’Etat africains évitent la Guinée, de peur de s’attirer la colère du Général de Gaulle mais le ghanéen Kwame Nkrumah se porte au secours du Président Ahmed Sékou Touré et lui accorde un prêt de 10.000.000 de Livres Sterlings ou 7 milliards 415 millions 280 mille 517 Francs CFA. Le 1er mai 1959, pour la réalisation de son projet des Etats-Unis d’Afrique, Kwame Nkrumah forme une union avec la Guinée et le 24 décembre 1960, le Mali rejoint la Guinée et le Ghana. En avril 1959, l’ivoirien Félix Houphouët-Boigny dit devant Donald R. Norland, Consul américain à Abidjan : « Le Ghana n’a ni la puissance économique, ni le charisme politique nécessaires pour prétendre jouer un rôle dans les affaires internationales, comme il l’aspire (…) N’krumah perd son temps à faire des discours démagogiques qui font appel à des clichés pour s’assurer le soutien des masses pauvres et ignorants dans son pays, et voyage beaucoup pour essayer d’obtenir des soutiens à l’étranger. » Kwame Nkrumah ne réplique pas et le Président Félix Houphouët-Boigny lui lance ce défi : « Dans 20 ans, on verra qui de nous deux a raison. » Au Ghana, Kwame Nkrumah fait réaliser, un grand Port en eau profonde relié à la capitale par une autoroute à Tema, il fait construire plusieurs routes, des hôpitaux, des universités et différents projets industriels dont le barrage hydro-électrique sur la Volta. Ces projets, plus qu’ambitieux, sont financés par la vente du cacao et pour ne plus que le cacao soit l’unique source de revenus du Ghana, Kwame Nkrumah envisage développer l’agriculture dans son ensemble. Il juge que la commercialisation du cacao, dont les cours dépendent des spéculations extérieures, peut porter préjudice à l’économie du Ghana si ces cours viennent à baisser brusquement. De plus, il souhaite réduire la dépendance du Ghana aux manufacturiers étrangers afin que le Ghana ne reste pas un éternel fournisseur de matières premières mais un transformateur de produits finis. Le Ghana devient la terre des panafricains et des opprimés. Plusieurs s’y refugient, notamment, Julian Hudson Mayfield, acteur et militant des Droits de l’homme, accusé par le FBI de tentative d’enlèvement qui s’exile avec toute sa famille en 1961 ayu Ghana ; Dame Ana Livia Cordero, médecin portoricaine, activiste politique panafricaniste et anti-impérialiste, épouse de l’acteur Julian Hudson Mayfield ; Dame Maya Angelou née Marguerite Annie Johnson, écrivain et militante américaine des Droits de l’homme ; Preston Theodore King universitaire américain et militant afro-américain des Droits civiques, qui n’est revenu aux États-Unis qu’après une grâce présidentielle de Bill Clinton en 2000 ; Dame Alice Windom, originaire de Saint-Louis, travaillé à construire un sentiment de communauté entre les Noirs des États-Unis et ceux de l’Afrique… Le Président Kwame Nkrumah est admiré des ghanéens mais les craintes du Président ne tardent pas à se confirmer avec la chute brutale des cours mondiaux du cacao. L’économie du Ghana connaît des difficultés sérieuses et cette situation aboutit à l’augmentation des prix des produits de première nécessité alors que les revenus des planteurs régressent. La croissance s’estompe et le chômage augmente. Kwame Nkrumah est convaincu qu’il s’agit d’un sabotage des occidentaux et demande à ses homologues africains, d’unir leurs forces pour être puissants. Il dit : « …Divisés, nous sommes faibles ; unie, l’Afrique pourrait devenir et pour de bon, une des plus grandes forces de ce monde. Je suis profondément et sincèrement persuadé qu’avec notre sagesse ancestrale et notre dignité, notre respect inné pour la vie humaine, l’intense humanité qui est notre héritage, la race africaine, unie sous un gouvernement fédéral, émergera non pas comme un énième bloc prompt à étaler sa richesse et sa force, mais comme une grande force dont la grandeur est indestructible parce qu’elle est bâtie non pas sur la terreur, l’envie et la suspicion, ni gagnée aux dépend des autres, mais basée sur l’espoir, la confiance, l’amitié et dirigée pour le bien de toute l’humanité. » De juillet à août 1961, Kwame Nkrumah effectue une tournée dans les pays du bloc de l’Est. Des personnes déclarent que c’est à la suite de ces voyages que le Président ghanéen a durci son régime bien qu’ayant opté pour une politique volontariste. Le Président ghanéen augmente l’impôt malgré la paupérisation d’une grande partie de la population et le mécontentement de la population se généralise. Il censure la presse, restreint la démocratie et jette en prison les membres de l’opposition dont Kofi Busia, Chef de l’opposition unie qui manifestait avec d’autres personnes pour revendiquer la hausse des salaires. Il arrête les députés proches de l’opposition et emprisonne, sans procès, les membres de son propre gouvernement soupçonnés de complicité. J.B Danquah, son allié dans le combat pour l’indépendance du Ghana est fait prisonnier. Le Président retire une grande partie des pouvoirs des Chefs traditionnels ghanéens qui jouissent depuis toujours d’une grande autorité au Ghana. Le 2 août 1962, Kwame Nkrumah est victime d’une tentative d’assassinat ; Une bombe explose à Kulungugu, au passage de son convoi. La Conférence instituant l’Organisation de l’Unité Africaine (OUA) se tient du 22 au 25 mai 1963 à Addis-Abeba en Ethiopie et deux (2) thèses s’affrontent. La première, qualifiée de Pro-français avec pour leaders Léopold Sédar Senghor du Sénégal et Félix Houphouët Boigny de la Côte d’Ivoire veulent faire de l’OUA, un outil de coopération entre les Etats africains tout en maintenant, voire, en renforçant les relations économiques avec les occidentaux pour faciliter l’obtention de prêts et autres aides. L’autre thèse, les Fédéralistes ou Progressistes avec Kwame Nkrumah du Ghana et Sékou Touré de la Guinée comme meneurs, souhaitent que l’OUA mette en place un marché commun africain et une citoyenneté africaine pour réduire l’influence des occidentaux en Afrique. Le 24 mai 1963, le Président Kwame Nkrumah intervient à la tribune de l’OUA et tient ce discours : « Excellences – Mes chers Collègues – Mes frères Mes Amis, Je suis heureux de me trouver à Addis-Abeba, en cette occasion hautement historique. J’apporte avec moi les espoirs et les félicitations fraternelles adressés par le gouvernement et le peuple du Ghana à Sa majesté Impériale Hailé Selassié et à tous les Chefs d’Etat africains rassemblés dans cette ancienne capitale, en ce jour qui fera époque dans notre histoire. Notre objectif, c’est, dès maintenant, l’unité africaine. Il n’y a pas de temps à perdre. Nous devons maintenant nous unir ou périr. Je suis certain que par des efforts concertés et notre ferme propos, nous allons jeter ici même les fondations sur lesquelles s’élèvera une union continentale des Etats africains.…. » A l’issue de la Conférence, Kwame Nkrumah qui souhaite créer un gouvernement central africain est déçu des résolutions adoptées qui a fait de l’OUA un simple outil de coopération entre Etats africains. En politique intérieur, Kwame Nkrumah restreint l’indépendance du pouvoir judiciaire et se proclame Président à vie. Pour la création de l’Union des États africains qui débute entre la Guinée et le Ghana, le Président de la Guinée, Sékou Touré effectue une visite du 20 au 24 novembre 1958 à Accra. L’Union de ces Etats prévoie de développer une monnaie commune et une politique étrangère unifiée parmi leurs membres et ils font cette déclaration commune : « Inspirés par les treize colonies américaines, qui, pour leur accession à l’indépendance, ont formé une confédération qui a abouti aux États – Unis d’Amérique ; inspirés aussi par la tendance des peuples d’Europe, d’Asie et du Moyen Orient à s’organiser de manière rationnelle ; inspirés également par la déclaration de la Conférence d’Accra relative à la Personnalité africaine. Nous, soussignés, Présidents du Ghana et de la Guinée, au nom de nos gouvernements respectifs et sous réserve de la ratification par nos Assemblés nationales respectives, convenons d’unir nos deux États en un seul noyau, l’Union des États de l’Afrique de l’Ouest. Conscients du fait que l’esprit d’union est partagé par tous les peuples du continent, nous lançons un appel aussi bien aux gouvernements des États indépendants d’Afrique, qu’aux leaders des peuples de territoires encore sous domination étrangère, à nous soutenir dans notre action. Toujours dans cet esprit, nous restons disposés à accueillir d’autres États au sein de l’Union des États d’Afrique de l’Ouest. Nous avons convenu d’adopter dans un premier temps un drapeau de l’Union et de développer des échanges plus poussés entre nos gouvernements dans le but d’harmoniser les politiques des deux États en ce qui concerne la défense et les affaires économiques et extérieures. Notre prochaine étape consistera à élaborer une Constitution qui permettra la réalisation de l’Union. Et pour finir, nous affirmons que cette action que nous entamons dans le but de former l’Union des États Ouest-Africains, ne portera d’aucune façon préjudice aux relations actuelles et futures d’une part entre le Ghana et le Commonwealth et d’autre part entre la Guinée et la Communauté Française. Fait à Accra, le 23 novembre 1958 KWAME NKRUMAH – Président du Ghana / SEKOU TOURE – Président de la Guinée. » A l’exception du Mali qui a rejoint l’Union en 1960, tous les autres Etats africains ne s’associent pas et l’œuvre d’union de l’Afrique ne prend pas forme. C’est à cette rencontre que le Président Kwame Nkrumah se fait proclamer officiellement Osagyefo qui signifie, Rédempteur ; Sauveur. Le Président Kwame Nkrumah échappe à plus d’une demi-douzaine d’attentats et de conspirations. En janvier 1964, le Président Kwame Nkrumah instaure, après un référendum voté à 99 % des voix, le monopartisme au Ghana et érige son Parti politique, le CPP comme Parti unique au Ghana. PUBLIÉ PAR LOIDICI.COM Les manifestations pour protester contre les mesures du Président ghanéen se multiplient. Une seconde tentative d’assassinat en janvier 1964, l’oblige à renforcer sa sécurité et à mettre de côté les Officiers de l’armée qu’ils n’apprécient pas. Il décide de diriger personnellement l’armée. Après une autre tentative d’assassinat, le Président Kwame Nkrumah doute de la sincérité de tout son entourage et se renferme sur lui-même. Le 10 mai 1964, Malcolm X, grand défenseur de la cause noire américaine se rend à Accra au Ghana où l’attend un groupe d’intellectuels noirs-américains qui ont trouvé refuge au Ghana. Il lit cette lettre le 11 mai 1964 : « Je suis arrivé à Accra hier depuis Lagos, au Nigeria. La beauté naturelle et la richesse du Nigeria et de son peuple sont indescriptibles. Il y a plein d’Américains et d’autres Blancs qui sont bien conscients de ses ressources naturelles inexploitées. Les mêmes blancs, qui crachent aux visages des Noirs en Amérique et jettent leurs chiens policiers sur nous afin de nous empêcher de nous « intégrer » à eux, sont vus à travers l’Afrique, s’inclinant, souriant et grimaçant avec effort pour « s’intégrer » aux Africains – ils veulent «s’intégrer» à la richesse et à la beauté de l’Afrique. C’est ironique. Ce continent a une fertilité si grande et le sol est si abondamment végétal qu’avec les méthodes agricoles modernes, il pourrait facilement devenir le «grenier» du monde. J’ai parlé à l’université d’Ibadan au Nigeria, vendredi soir, et j’ai donné la vraie image de notre situation en Amérique, et de la nécessité des nations africaines indépendantes de nous aider à porter notre cas aux Nations Unies. La réception des étudiants fut formidable. Ils m’ont fait membre honoraire de la «Société des étudiants musulmans du Nigéria» et m’ont rebaptisée «Omowale», ce qui signifie «l’enfant est rentré à la maison» en langue Yorouba. Le peuple nigérian est fortement préoccupé par les problèmes de ses frères africains en Amérique, mais les agences d’information américaines en Afrique donnent l’impression que des progrès sont faits et que le problème est résolu. Lors d’une étude approfondie, on peut facilement voir un dessein gigantesque pour éviter que les Africains ici et les Afro-Américains ne se réunissent. Un officiel africain m’a dit: « Quand on combine le nombre de peuples d’ascendance africaine en Amérique du Sud, en Amérique centrale et en Amérique du Nord, on en compte bien plus de 80 millions. On comprend facilement les tentatives pour empêcher les Africains de s’unir avec les Afro-Américains «. L’unité entre les Africains d’Occident et les Africains de la terre-mère changera le cours de l’histoire. Étant désormais au Ghana, la source du panafricanisme, les derniers jours de ma tournée devraient être intensément intéressants et instructifs. Tout comme le Juif Américain est en harmonie (politique, économique et culturel) avec les juifs du monde, il est temps pour tous les Afro-Américains de devenir une partie intégrante du Panafricanisme mondial, et alors même que nous pourrions physiquement rester en Amérique tout en combattant pour les avantages que la Constitution nous garantit, nous devons «retourner» en Afrique philosophiquement et culturellement et développer une unité de travail dans le cadre du panafricanisme. » Il rencontre le Président Kwame Nkrumah le 15 mai 1964. Bien que devenu impopulaire au Ghana, le Président ghanéen effectue une visite d’Etat au Vietnam du 23 février au 24 février 1966. Le 23 février 1966, le Président ghanéen arrive au Vietnam sur invitation du Président Ho Chi Min et est accueilli par une foule en liesse mais le lendemain 24 février 1966, au Ghana, vers la résidence du Président Kwame Nkrumah, à Flagstaff House, des coups de feu sont entendus. Au même moment, le major Akwasi Amankwaa Afrifa intervient en personne sur la radio nationale pour annoncer l’annulation du journal de 06 heures du matin et à 6H30, le Colonel Emmanuel Kwasi Kotoka fait une déclaration et annonce un coup d’Etat organisé simultanément par l’armée et la Police nationale. Joseph Arthur Ankrah prend le commandement du Conseil de libération nationale. La statue en bronze de Kwame Nkrumah installée au centre de la capitale Accra est détruite. Un cercueil renversé, certainement celui du Président Kwame Nkrumah est conduit par un cortège funèbre formé pour la circonstance au cimetière d’Awudone. Dès la prise du pouvoir, le Colonel Emmanuel Kwasi Kotoka bannit le Président Kwame Nkrumah et dissout son Parti politique. La famille de Kwame Nkrumah, sa femme et ses enfants s’exilent en Egypte. Kwame Nkrumah se réfugie en Guinée où son ami, le Président guinéen Ahmed Sékou Touré lui propose en vain la Co-présidence de la Guinée. L’ex-Président ghanéen choisit plutôt de créer une maison d’édition pour publier son autobiographie et ses théories révolutionnaires telles L’Afrique doit s’unir ; Le Consciencisme et Le Néo-colonialisme. Le 27 avril 1972, Kwame Nkrumah, atteint du cancer du pancréas, décède dans un hôpital de Bucarest, capitale de la Roumanie. La mère de Kwame Nkrumah décède le 21 octobre 1977. En 2007, à l’âge de soixante quinze (75) ans, Fathia, l’épouse de Kwame Nkrumah qui souffrait d’une congestion cérébrale décède. En 1992, au Ghana, pour lui rendre hommage, un mémorial baptisé Kwame Nkrumah Memorial Park est construit sur un rectangle de 5 hectares, au centre d’Accra, face au Palais de justice. PAROLE FORTE : Kwame Nkrumah PUBLIÉ PAR LOIDICI.COM |