
La Tanzanie est située en Afrique de l’Est et partage ses frontières au nord avec le Kenya et l’Ouganda, à l’ouest avec le Rwanda, le Burundi et la république démocratique du Congo, au sud-ouest avec la Zambie et le Malawi et au sud avec le Mozambique.Julius Kambarage Nyerere est donc né le 13 avril 1922 à Butiama au Nord de l’Etat de Tanganyika, est le fils de Nyerere Burito, Chef du groupe ethnique Zanaki.
Julius Nyerere fait ses études secondaires à Tabora et est admis à la prestigieuse université de Makerere d’Ouganda où il suit une formation pédagogique. En 1949, il enseigne quelques années et lorsqu’il obtient une bourse du gouvernement Britannique en 1952, il se rend à Edimbourg en Ecosse pour des études en Histoire et en Economie politique où il y obtient sa maîtrise. Pendant ses études en Ecosse, il traduit la tragédie de William Shakespeare, Jules Cesar en Kiswahili, une langue bantoue parlée en Afrique de l’Est et dans les Grands lacs. PUBLIÉ PAR LOIDICI.COM Julius Nyerere adhère au socialisme pendant son passage en Ecosse et de retour au pays, il enseigne dans une école secondaire au Sud de Dar-es-Salam, la plus grande ville de la Tanzanie. Approché par les leaders du Tanganyika Africain Association (TAA), mouvement favorable à l’indépendance de la Tanzanie, Julius Nyerere accepte d’intégrer ce mouvement en 1954 et devient le Président du Parti politique issu du TAA, le Tanganyika Africain National Union ou Union nationale Africaine du Tanganyika (TANU). En 1955, lorsque le gouvernement Britannique interdit aux fonctionnaires de militer dans des Partis politiques, Julius Nyerere est obligé de démissionner de son travail pour se consacrer pleinement à la politique. Convaincu que s’engager par la voie de la guerre pour l’indépendance de la Tanzanie serait désastreuse pour son pays, il choisit le combat pacifique et, pour répondre à ceux qui le trouvent lâche, il leur répond que la vraie guerre à mener en Afrique est la guerre contre la pauvreté et le tribalisme et dit : « Je sais qu’il y a des gens qui pensent que nous plaisantons quand ils nous entendent employer le mot guerre. Je veux dire que nous ne plaisantons pas. » Le 9 décembre 1961, pacifiquement, la Grande-Bretagne accorde à l’Etat de Tanganyika son indépendance et Julius Nyerere est nommé Premier ministre. A la suite des élections organisées en 1962, il devient le premier Président du Tanganyika, le nouvel Etat indépendant. Le 26 avril 1964, les deux (2) Etats, Tanganyika et Zanzibar fusionnent pour donner naissance à la République Unie de Tanzanie et l’Accord de fusion stipule que le Zanzibar garde son autonomie politique avec un Président à la tête du Gouvernement révolutionnaire de Zanzibar. Amani Abeid Karume, Président du Gouvernement révolutionnaire de Zanzibar est désigné Vice-président de la République Unie de Tanzanie. Né le 4 août 1905, il est issu du Parti politique Afro Shirazi-Party (ASP) et est devenu Président après l’indépendance accordée par le Royaume-Uni en 1963 à cet archipel, le Zanzibar, situé vers la côte orientale du Tanganyika. Les deux (2) hommes, Julius Nyerere et Amani Abeid Karume n’ont pas la même idéologie politique. Amani Abeid Karume est un révolutionnaire proche des communistes qui mène une politique totalitaire et qui a nationalisé les propriétés des arabes et des indiens à Zanzibar quand Julius Nyerere ne souhaite pas la confrontation avec les occidentaux. Chrétien catholique pratiquant, d’une grande simplicité, Julius Nyerere refuse toute forme d’adulation comme l’inscription de son nom sur les édifices publics, les routes, les universités, les écoles, les hôpitaux ou la pose de sa photo dans les établissements publics. Il n’admet pas également que sa femme soit appelée Première Dame ou First Lady. Il exige qu’elle soit appelée Madame Nyerere et rien d’autre. En 1967, pour éviter le piège ethnique avec la centaine d’ethnies de la Tanzanie, Julius Nyerere fait de la langue Kiswahili, la langue nationale et unique langue enseignée à l’école primaire. Les médias et les leaders politiques sont tenus de parler le Kiswahili pour faire passer leurs messages à la population. Par cette démarche, Julius Nyerere contribue à la promotion d’une langue africaine, le Kiswahili et, selon l’université américaine de Stanford, le Kiswahili est la première langue continentale la plus parlée et la deuxième en Afrique après l’arabe. En 2005, la Banque mondiale estime le nombre de locuteurs de la langue Swahili à plus de 150 millions de personnes à travers le monde. Le 5 février 1967, Julius Nyerere fait une déclaration à la nation pour fixer ses orientations politiques et sociales. Il opte pour le socialisme au détriment du capitalisme pratiqué de 1961 à 1967. Baptisée Déclaration d’Arusha, il fait une adaptation du socialisme occidental aux réalités africaines, principalement à celle de la Tanzanie. Son Socialisme qu’il appelle Socialisme africain ou Socialisme agraire ou communautaire, est expliqué par le Président Julius Nyerere : « L’objectif du socialisme en République-Unie de Tanzanie est d’édifier une société dans laquelle tous les membres jouissent des mêmes droits et des mêmes possibilités ; où tous peuvent vivre en paix avec leurs voisins sans subir ni imposer l’injustice, sans être exploités ni exploiter autrui ; où chacun voit son bien-être matériel augmenter progressivement avant qu’un seul ne vive dans le luxe (…) Le développement d’un pays s’opère grâce à l’homme et non grâce à l’argent. L’argent, et la richesse qu’il représente, n’est pas le point de départ du développement, il en est le résultat. » Considérant qu’un individu ne se construit qu’à partir de la communauté à laquelle il appartient, Julius Nyerere met en œuvre le projet de villagisation c’est-à-dire fixer les habitants dans les villages pour éviter une urbanisation trop rapide. Des villages sont organisés en coopératives agricoles ou communautés villageoises appelés dans la langue Kiswahili, Ujamaa ou Familialisme. La collectivisation de l’agriculture a pour finalité de mettre en commun les terres, les matériels techniques et les forces humaines sous la directive d’un responsable pour un partage plus équitable des bénéfices générés entre les habitants. Le Président Julius Nyerere déclare : « Vivre dans les villages est un ordre » et il procède au déplacement de nombreuses familles vers les zones rurales et ceux qui refusent de s’exécuter sont amenés de force par l’armée. Le Président tanzanien n’est pas soutenu par les occidentaux mais pour lui, il est plus qu’impératif de parvenir à faire naître, une société juste, égalitaire et solidaire qui trouve son autosuffisance dans ses propres moyens. Une aide des chinois lui est accordée pour la construction de 800 villages collectifs devant regrouper les tanzaniens de différentes ethnies. A la fin des années 70, il créé 7.373 Ujamaa de plus de 13 millions d’habitants. A partir de ses ressources propres, la Tanzanie développe les services publics en rendant l’école et les soins dans les hôpitaux gratuits. Le Président arrête les investissements étrangers. C’est en cette période, que le choc pétrolier survient de 1973, avec l’augmentation du prix du pétrole. Tous les efforts de la Tanzanie sont anéantis et les quelques résultats économiques obtenus partent en fumée. L’impopularité de la politique des Ujamaa conduit à l’arrêt de l’opération et entraîne une perte financière considérable. Les attentes de la Déclaration d’Arusha se soldent par un échec. Dans des conditions restées encore obscures, Amani Abeid Karume, le Vice-président est assassiné le 7 avril 1972 à Zanzibar. En 1977, le Tanganyika Africain National Union (TANU) et le l’Afro Shirazi-Party (ASP) fusionnent pour donner naissance au Chama Cha Mapinduzi ou Parti de la Révolution (CCM). Des éléments de l’armée nationale de l’Ouganda, l’Etat voisin font une mutinerie, se réfugient en Tanzanie en 1978. Ils rejoignent les ougandais déjà exilés en Tanzanie après leur rébellion de 1977. Les deux (2) groupes se regroupent au sein du mouvement Uganda National Libération Front (UNLF). Idi Amin Dada, Président de l’Ouganda qui accuse le Président de la Tanzanie, Julius Nyerere de financer les mutins ougandais refugiés dans son pays, l’attaque et annexe à l’Ouganda une région de 1.800 Km² appelée Saillant de la Kangera, bien que cette région soit source de conflit entre les deux (2) Etats depuis de longues années. Le Président Julius Nyerere dont l’armée bénéficie de l’aide des mutins ougandais charge à son tour l’Ouganda, s’empare du Saillant de la Kangera et une autre ville ougandaise appelée Mbarara. Le Président de la Libye, le Colonel Mouammar Kadhafi apporte son soutien au Président ougandais mais, le 11 avril 1979, l’armée tanzanienne et les rebelles ougandais pénètrent en Ouganda et sortent vainqueur des combats avec l’armée ougandaise. Le Président Idi Amin Dada fuit la capitale le même jour, s’exile en Lybie mais meurt en 2003 à Djeddah, en Arabie Saoudite où il est inhumé. L’armée tanzanienne se maintient en Ouganda pour rétablir la paix, selon elle. Le 30 juin 1981, les troupes tanzaniennes se retirent définitivement de l’Ouganda mais la guerre menée par la Tanzanie augmente ses difficultés économiques car, la Tanzanie a engagé plus de 500 millions de Dollars ou 236 milliards 221 millions 594 mille 947 Francs CFA dans sa guerre avec l’Ouganda mais à côté des difficultés économiques, il parvient à élaborer un système éducatif devenu une référence en Afrique. Surnommé Mwalimu en Tanzanie ou Maître d’école, Julius Nyerere juge que le système éducatif hérité du colonisateur qui se base sur les principes de la société capitaliste et colonialiste, ne transmet que des valeurs de la puissance coloniale et prépare évidemment les africains à la servir. PUBLIÉ PAR LOIDICI.COM Cet appareil éducatif instauré par les colonisateurs favorise, pour le Président tanzanien, la soumission, l’inégalité entre les hommes et l’individualisme. Il forme une classe d’employés de bureau et il dit : « Depuis l’indépendance, nous n’avons pas remis en question le système éducatif dont nous avons hérité. Si nous ne l’avons pas fait, c’est parce que l’éducation n’était pour nous que le moyen d’obtenir des enseignants, des ingénieurs, des administrateurs, etc. Individuellement et collectivement, nous avons dans la pratique assimilée l’éducation aux compétences qu’il faut avoir pour obtenir un poste bien payé dans le secteur moderne de notre économie. » Julius Nyerere place l’éducation des jeunes et des adultes en deuxième position dans son programme de gouvernement après l’agriculture. Il propose la réorientation du système éducatif, notamment celui de la Tanzanie, sous-développé et principalement agricole, en sept (7) étapes : 1°) il souhaite que le système éducatif soit axé sur la vie rurale. 2°) les enseignants et les étudiants doivent participer ensemble à des activités de production. Ainsi les étudiants sont à associer à la planification et la prise de décision concernant l’organisation de ces activités. 3°) le travail productif doit faire partie intégrante du programme scolaire et avoir la possibilité d’offrir une expérience d’apprentissage utile en combinant théorie et pratique. 4°) considérant que le seul rôle des examens dans les écoles et universités consiste à évaluer l’aptitude des individus à apprendre des faits, il faudrait, pour Julius Nyerere, supprimer les examens qui répondent à des critères internationaux mais ne tiennent pas compte des besoins et des problèmes du pays. Il faudrait donc minimiser l’importance des examens. 5°) les enfants doivent débuter l’école à l’âge de sept (7) ans afin d’être suffisamment mûrs et raisonnables pour entreprendre une activité autosuffisante et productive à la fin de leurs études. 6°) l’enseignement primaire doit être un tout en soi et non un moyen pour accéder à l’enseignement supérieur. 7°) le système éducatif doit permettre aux élèves d’avoir une confiance totale en eux, avoir le sens de la coopération, et faire preuve d’un esprit critique et curieux. Le Président de la Tanzanie n’écarte pas les adultes dans le système éducatif qui doivent bénéficier également de l’éducation pour leur libération afin d’éviter les contraintes et les limites de l’ignorance et la dépendance. L’éducation des adultes doit renforcer la liberté physique et intellectuelle des hommes pour la maîtrise de soi, de sa vie et de son environnement. Ainsi, les idées inculquées ou inspirées par l’éducation, libèrera l’adulte et lui permettra de mettre en valeur les compétences acquises. Le système éducatif élaboré par le Président Julius Nyerere est pris comme modèle dans beaucoup d’Etats à travers le monde. En 1985, Julius Nyerere quitte le pouvoir et est succédé par Ali Hassan Mwinyi, Président du Zanzibar. Les avis sont partagés sur la personnalité du Président Julius Nyerere car, certains tanzaniens considèrent que Julius Nyerere les a coupés de leurs racines avec les Ujamaa et d’autres, et les plus nombreux le respectent et le considèrent comme un grand de l’Afrique, un panafricanisme qui a lutté pour l’unité des africains. L’Eglise catholique a ouvert le processus de béatification du Président Julius Nyerere après l’avoir rendu vénérable. Il est fêté chaque 14 octobre en Tanzanie. PAROLE FORTE : « Sans unité, les peuples d’Afrique n’ont pas de futur, sauf comme Julius Nyerere PUBLIÉ PAR LOIDICI.COM |