AHMED BEN BELLA DE L’ALGERIE…

Un couple pauvre, berbère marocain originaire de Marrakech, Embarek Ben Mahdjoub et Fatma Bent El Hadj s’installent en Algérie et le 25 décembre 1916, dans la ville de Maghnia, à l’ouest de l’Algérie, non loin de la frontière Algéro-marocaine, naît de ce couple, Ahmed Ben Bella.En 1930, à quatorze (14) ans, pour pouvoir se présenter au Certificat d’études réservé aux jeunes de plus de quinze (15) ans, les parents de Ben Bella vieillissent leur fils de deux (2) ans.A l’école primaire supérieure de Tlemcen, à l’ouest de l’Algérie, lorsque Bénavides, son professeur, traite le prophète Mohamed d’imposteur, Ahmed Ben Bella s’en prend à lui.

Au cours de ses études secondaires à Tlemcen, Ahmed Ben Bella découvre la figure noire du colonialisme, et en 1933, à dix-sept (17) ans, il adhère au Parti du peuple algérien (PPA) fondé par le nationaliste algérien Messali Hadj.

Ahmed Ben Bella est appelé sous les drapeaux français en 1937, et en France, il s’engage au 141ème Régiment d’Infanterie Alpine (RIA) à Marseille où il atteint le grade de Sergent.

Le PPA est dissout en 1939 par les autorités françaises et vingt-huit (28) sympathisants sont arrêtés mais le Parti continue de fonctionner dans la clandestinité.

Tout en continuant son service militaire, Ahmed Ben Bella joue au football au poste de demi-centre de 1939 à 1940 à l’Olympique de Marseille et marque un but au cours du match qui oppose son équipe au FC Antibes.

Démobilisé, il est rappelé au sein de l’armée et intègre le 5ème Régiment des tirailleurs marocains de la 2ème Division d’Infanterie Marocaine (DIM) où il atteint le grade de Sergent-chef puis Adjudant.

En 1940, à Marseille, il combat dans la défense antiaérienne et abat un Stuka sur le port.

Ahmed Ben Bella participe à la campagne d’Italie en compagnie d’officiers français de haut grade qui tentent de rejoindre le Général de Gaulle qui a pris la fuite pour Londres.

En effet, le 17 juin 1940, lorsque la France est vaincue et envahie par les allemands, le Général Charles de Gaulle, son aide de camp, Geoffroy de Courcel et le Général Sir Edward Spears, agent de liaison personnel du Premier ministre britannique auprès du gouvernement français se sont enfuient de la France en prenant un vol à 9 heures de Mérignac pour arriver à Londres vers 14 heures après être passés à New Jersey pour se ravitailler en carburant.

Pour des critiques, la fuite du Général de Gaulle est une désertion face à l’ennemi en temps de guerre qui a entraîné la fusillade de nombreux soldats.

Deux (2) frères de Ahmed Ben Bella sont tués, l’un en 1914, l’autre en 1940 et plusieurs de ses cousins perdent la vie dans leur engagement pour la France.

En 1944, Ahmed Ben Bella participe à la bataille du Monte Cassino d’Italie, à Montano, à la Silva et à Santa Corseau sein du corps expéditionnaire français sous, le commandement du Maréchal Juin que Ben Bella qualifie de grand stratège.

Le commandement Maréchal Juin a sous ses ordres, des soldats nord-africains venant principalement de la Tunisie, le Maroc et l’Algérie dont Ben Bella en fait partie à peine âgé de vingt six (26) ans.

Placés en premières lignes face à l’ennemi, ils parviennent à mettre hors d’Italie les troupes d’Adolphe Hitler.

Au cours des combats, sur le Mont Belvedère, les paras allemands et marocains se massacrent et des pertes considérables sont constatées dans le 3ème Régiment de tirailleurs tunisiens qui, avant d’être fauchés par les mitrailleuses des allemands, selon les survivants, hurlent : Ma Capitaine ! Ma Capitaine !

Au sein de ce Régiment, il est dénombré quinze (15) Officiers et 264 soldats tués.

800 soldats et six (6) Officiers sont blessés quand 400 personnes sont portées disparues.

Ahmed Ben Bella compté parmi les survivants de ce massacre, sauve la vie de son Capitaine, Offel de Villaucourt blessé et qu’il transporte sur son dos sur un chemin montagneux de 500 mètres difficile à escalader.

Pour expliquer la raison de la défaite de l’Allemagne, le Commandant de la division allemande écrit à Adolphe Hitler : « On a affronté des soldats qui grimpent des montagnes comme des mulets. ».

Ben Bella est décoré quatre (4) fois dont celle décernée par le Général de Gaulle.

En effet, en juin 1944, le Général de Gaulle décore en personne Ahmed Ben Bella de la Médaille militaire et ce dernier relate l’événement le 26 octobre 1995 dans le journal Le Monde : « La première fois que nous nous sommes rencontrés, c’était en avril 1944, en Italie, au nord du Monte Cassino. Il avait insisté, contre l’avis des Alliés, pour que le corps expéditionnaire Français participe à cette campagne. La plupart des troupes venaient d’Afrique du Nord. J’appartenais à une unité d’élite, le 5èmerégiment de tirailleurs marocains (RTM), basé à El Malah. Cet hiver-là, le froid fut terrible. Nous progressions dans les montagnes, pied à pied, repoussant l’ennemi à la baïonnette, à la grenade, à l’arme automatique, parfois à coups de poignard… De Gaulle nous a gratifiés d’une visite spéciale. Il allait, disait-on, décorer cinq ou six officiers. Moi, le sous-off, je ne me sentais pas concerné. Juste avant la cérémonie, le colonel me fait chercher : « Comment, vous n’êtes pas prêt ? Dépêchez-vous donc, on vous attend ! » De Gaulle, ce jour-là, m’a remis la médaille militaire pour faits de guerre exceptionnels. »

En 1945, il participe à la campagne d’Allemagne au sein de la première Armée du général de Lattre de Tassigny.

Libéré définitivement, Ahmed Ben Bella rentre en Algérie en 1945 et est témoin du Massacre de Sétif qui le bouleverse et le pousse à combattre pour l’indépendance de son pays.

Le 8 mai 1945 donc, après la victoire des alliés sur l’Allemagne, les mouvements nationalistes organisent une manifestation pacifique en Algérie pour demander aux colons français de leur accorder plus de droits compte tenu du fait que des milliers d’algériens ont participé à la deuxième guerre mondiale et ont aidé la France à se libérer des troupes allemandes.

PUBLIÉ PAR LOIDICI.COM

Dans la ville de Sétif, à 300 kilomètres d’Alger, un cortège se dirige vers le quartier européen avec des pancartes où sont mentionnées des revendications, notamment : « Nous voulons être vos égaux ! Libérez Messali ! Vive l’Algérie libre et indépendante ! A bas le colonialisme ! … »

Messali Hadj, le Chef du PPA, avait été arrêté le 23 avril 1945 et déporté à Bakouma au Congo-Brazzaville.

A la tête du cortège, le Chef de scout musulman, Aïssa Cheraga tient un drapeau algérien, pourtant interdit à cette époque et devant le Café de France , un Commissaire de Police, Olivieri, tente d’arracher le drapeau à Aïssa Cheraga.

Les manifestants s’opposent et un jeune algérien de vingt six (26) ans, Bouzid Saâd, s’empare du drapeau. Un policier blanc tire et abat le jeune Bouzid Saâd.

Les autres policiers tirent en désordre sur les manifestants et la foule se déchaîne, s’en prend aux européens du quartier, en particulier les français.

La Police tue une trentaine de manifestants et en blesse quarante-huit (48).

La contestation embrase le pays, notamment dans les régions de Gulma et Kherrata et plus de 102 européens sont tués.

La répression de l’armée coloniale est terrible avec le bombardement des quartiers habités, en majorité par les algériens, particulièrement par les musulmans.

L’armée distribue des armes aux européens et créé des milices pour poursuivre le massacre.

Les sources officielles françaises dénombrent 1 500 morts mais les mouvements nationalistes algériens déclarent plus de 45 000 morts à fin mai 1945 ; Tuerie baptisée le Massacre de Sétif.

En remplacement du PPA interdit, Messali Hadj créé, en 1946, le Mouvement pour le triomphe des libertés démocratique (MTLD) avec dans le Comité central, Sid-Ali Abdelhamid, Hocine Aït Ahmed, Saïd Amrani, Mohamed Assami, Benyoucef Benkhedda, Mohamed Belouizad, M’hammed Ben M’hel, Ouali Bennaï et bien d’autres.

Au début de l’année 1947, sur une liste d’union indépendante, Ben Bella est élu conseiller municipal de Maghnia et, sollicité par Messali Hadj, il intègre ce Parti qui met en place, une branche militaire armée, l’Organisation spéciale (OS).

A son Congrès tenu du 15 au 16 février 1947, chaque leader du MTLD reçoit ses attributions, Chef d’Etat-major : Mohamed Belouizad ; Chef d’Etat-major adjoint : Hocine Aït Ahmed ; Responsable du département d’Oran : Ahmed Ben Bella ; Responsable du département d’Alger II : Abdelkader Belhadj Djilali ; Responsable du département d’Alger I : Djilali Reguini ; Responsable du département de la Kabylie : Hocine Aït Ahmed ; Responsable du département de Constantine : Mohammed Boudiaf.

Sans ressources financières pour faire fonctionner le mouvement d’Oran, deuxième plus grande ville d’Algérie, Ben Bella et Hocine Aït Ahmed cherchent à braquer la Poste d’Oran et, effectivement, dans la nuit du 4 au 5 avril 1949, Ben Bella et Hocine Aït Ahmed braquent la Poste et emportent environ trois millions de francs.

Plus tard, Ahmed Ben Bella explique la préparation du braquage et son déroulement : « C’est au cours d’une réunion de l’état-major de l’OS, à Alger, que Madjid nous a fait connaître l’intention du Parti d’attaquer la poste d’Oran, pour se procurer de l’argent… Il m’a chargé de trouver sur place, à Oran, un local où nous pourrions en toute quiétude mettre sur pied le plan de réalisation d’une telle opération… A plusieurs reprises, je vous ai parlé de l’attaque à main armée perpétrée contre la poste d’Oran. Je viens de vous dire qu’il s’agissait d’une manifestation de l’OS, que ce coup de force avait été tenté pour satisfaire aux exigences des trublions politiques du MTLD. Je vais donc par le détail vous dire tout ce que je sais sur cet attentat (…) Pour ma part, je devais rejoindre Alger deux ou trois jours avant la date et revenir à Oran par le train de jour qui arrive à quinze heures. Madjid, lui, devait rentrer à Alger la veille, en prenant le train qui part d’Oran à vingt-deux heures environ. Ces consignes ont été scrupuleusement respectées et le 5 avril vers 13h, je suis arrivé à Oran… C’est par le journal du soir Oran-Soir que j’ai connu le montant du vol et appris certains autres détails. Je devais reprendre le train du soir pour rendre compte de ma mission à Madjid… Dès le matin, j’étais rentré à Alger par le train de la veille, au soir, j’ai pris contact avec Madjid auquel j’ai rendu compte de ma mission. Là, se terminait mon rôle. Par la suite, j’ai appris par Madjid lui-même que l’argent avait été transporté chez Boutlelis où le député Khider devait en prendre livraison… Le produit du vol a été entièrement versé au MTLD par Khider. »

Un an après le braquage, le 12 mai 1950, Ahmed Ben Bella est arrêté et condamné à huit (8) ans de prison.

Plus de 500 membres de l’OS sont arrêtés de mars à mai 1950, l’organisation est démantelée et son armement saisi.

Ahmed Ben Bella purge sa peine à la prison de Blida mais deux (2) années après son incarcération, en 1952, il s’évade et réussit à sortir du pays pour atteindre l’Egypte en passant par Marseille, Paris et la Suisse.

Certains de ses détracteurs qui mettent ses origines marocaines en avant, le qualifient de traître à la solde des français.

Ils l’accusent d’avoir vendu et livré l’OS à l’armée française et ne croient pas à son évasion de la prison de Blida car pour eux, il s’agirait d’un arrangement entre les français et Ahmed Ben Bella pour que ce dernier intègre les mouvements nationalistes pour les briser.

Ahmed Ben Bella demeure au Caire et réorganise l’OS avec l’aide du Président égyptien, Gamal Abdel Nasser Hussein.

En Algérie, le MTLD est tiraillé par des querelles incessantes de personnes et en avril 1953 lors de son second congrès, deux (2) courants voient le jour, celui appelé les Centralistes issus du Comité central qui souhaitent la tenue d’un Congrès national algérien pour se prononcer sur les nouvelles orientations du mouvement et l’autre, appelé les Messalistes, proche du leader Messali Hadj, en résidence surveillée à Niort, et qui craignent que le Comité central se lance dans une voie réformisme.

Le 23 mars 1954, exaspérés par ces disputes incessantes, quatre (4) jeunes algériens se réunissent dans une école coranique, Mostefa Ben Boulaïd, Mohamed Boudiaf, Mohamed Dekhli et Ramdhane Bouchbouba alias Ould Amri et créent le Comité Révolutionnaire d’Unité et d’Action (CRUA).

Le CRUA s’assigne deux (2) missions fondamentales, réunifier le MTLD et trouver les moyens logistiques pour engager la lutte armée contre les colons.

Informé de l’existence du CRUA, Messali Hadj accuse les Centralistes, spécialement Hocine Lahouel, membre influent du Comité central, d’être le parrain de ce nouveau mouvement.

La division du MTLD est consommée lorsque chaque tendance, Centralistes et Messalistes organise séparément leur Congrès.

Mostefa Ben Boulaïd et Mohamed Boudiaf, des anciens de l’OS jugent le Congrès des Centralistes inutile et Mohamed Dekhli avec Ramdhane Bouchbouba alias Ould Amri, proches des politiques Centralistes se positionnent derrière eux.

Le CRUA qui ambitionne d’unifier le MTLD se retrouve également divisé.

Le 21 juillet 1954, la conférence de Genève met fin à la guerre d’Indochine et les vietnamiens gagnent leur indépendance. En apprenant cette nouvelle, les jeunes du CRUA, issus de l’OS sont convaincus de pouvoir faire autant pour arracher leur indépendance des mains de la France.

Le 25 juin 1954 donc, pour discuter de la lutte armée, Mostefa Ben Boulaïd et Mohamed Boudiaf font appel à vingt (20) jeunes algériens militants de l’OS, Mokhtar Badji, Mohamed Belouizdad, Benabdelmalek Ramdane, Benaouda Amar, Mohamed Larbi Benm’hidi, Bentobbal Lakhdar, Bitat Rabah, Bouadjadj Zoubir, Bouali Said, Bouchaib Ahmed, Boussouf Abdelhafid, Derriche Elias, Didouche Mourad, Habbachi Abdesslam, Lamoudi Abdelkader, Mechati Mohamed, Slimane Mellah (dit Rachid), Merzougui Mohamed, Souidani Boudjema et Zighoud Youcef ; Groupe baptisé le Groupe des 22.

Le Groupe des 22 se réunit à Clos Salembier, au domicile de Derriche Elias, pour s’accorder sur la date du lancement de la guerre contre la France.

Le 1er juillet 1954, à Alger, le courant des Centralistes tient une Conférence des cadres et met en place le Conseil National de la Révolution Algérienne (CNRA) composé de cinq (5) membres appelé le Groupe des 5, Moustapha Ben Boulaid, Mourad Didouche, Rabah Bitat, Larbi Ben Mhidi et Mohamed Boudiaf.

De facto, le CNRA remplace le CRUA.

Messali Hadj de son côté, organise les 13 et 15 juillet 1954 à Hornu, en Belgique, un Congrès de rupture avec les Centralistes et dissout le Comité central du MTLD.

Il exclut les responsables du Comité central du Parti.

Livrés à eux-mêmes désormais, le courant des Centralistes se tourne vers des alliés et contacte la Fédération du MTLD de Kabylie.

Fin août 1954, l’accord est conclu, Amar Ouamrame et Krim Belkacem de la Fédération du MTLD de Kabylie rejoignent le Groupe des 22.

Krim Belkacem devient le sixième membre du CNRA, le Comité se renomme le Groupe des 6.

Le MTLD de l’extérieur représenté par Ben Bella, Mohamed Khider et Hocine Aït Ahmed exilés au Caire en Egypte propose de se joindre au CNRA.

Le Groupe des 6 est rebaptisé le Groupe des 9 avec l’adhésion des exilés.

En définitif, le Groupe des 9 est composé de Mostefa Ben Boulaïd, Mourad Didouche, Krim Belkacem, Rabah Bitat, Larbi Ben Mhidi, Mohamed Boudiaf, Mohamed Khider, Hocine Aït Ahmed et Ben Bella.

Le CNRA créé une branche militaire en 1954 dénommée Armée de libération nationale (ALN).

Après plusieurs réunions du Groupe des 9 une dernière rencontre est organisée le 23 octobre 1954 au 24, rue Comte-Guillot, appelée aujourd’hui Avenue Bachir Bedidi, au domicile de Mourad Boukhechoura.

Lors de ce rassemblement clandestin, les missions de chaque membre sont précisées : Moustapha Ben Boulaïd devient le Chef de la zone 1 (Aurès) ; Mourad Didouche, Chef de la zone 2 (Constantinois) – Krim Belkacem, Chef de la zone 3 (Kabylie) ; Rabah Bitat, Chef de la zone 4 (Algérois) ; Larbi Ben Mhidi, Chef de la zone 5 (Oranie) et Mohamed Boudiaf, Coordinateur national.

Pour la cause du CNRA, Ben Bella voyage beaucoup et, par sa vigilance, il évite des attentats, telle la bombe déposée dans son bureau du Caire par les services secrets français et la tentative d’assassinat dans le hall d’un hôtel.

Le 25 octobre 1954, le Coordonnateur national, Mohamed Boudiaf quitte l’Algérie pour l’Egypte avec les documents de la réunion du 23 octobre 1954.

Mohamed Boudiaf est reçu en Egypte par Ahmed Ben Bella, Mohamed Khider et Hocine Aït Ahmed.

Dans la nuit du 31 octobre 1954 au 1er novembre 1954, en Algérie, le Groupe des 9 lit ce message : « PEUPLE ALGERIEN, MILITANTS DE LA CAUSE NATIONALE (…) Notre désir aussi est de vous éviter la confusion que pourraient entretenir l’impérialisme et ses agents administratifs et autres politicailleurs véreux. Nous considérons avant tout qu’après des décades de lutte, le mouvement national a atteint sa phase de réalisation….».

La création du FLN est ainsi proclamée ce 1er novembre 1954 et il est annoncé également le déclenchement de la lutte armée contre les troupes françaises.

Le 1er novembre étant une fête chrétienne la Toussaint, la vague des d’attentats contre la population française et ses intérêts en Algérie est surnommée la Toussaint rouge.

Le 18 janvier 1955, Mourad Didouche, un membre du Groupe des 9, âgé de vingt-huit (28) ans est tué dans les combats de Douar Souaddek non loin de Constantine.

Les attaques répétées du FLN, poussent les autorités françaises à nommer comme Gouverneur général d’Algérie, le 26 janvier 1955, Jacques Soustelle, homme politique français opposé à l’indépendance de l’Algérie.

Pour châtier les combattants du FLN, Jacques Soustelle proclame, le 31 mars 1955, l’état d’urgence et instaure la censure dans les régions d’Aurès et de la Grande Kabylie.

Lors de la Conférence du Tiers-monde du 18 au 24 avril 1955 à Bondoeng (ou Bandung), en Indonésie, les participants à la Conférence font part de leur solidarité à l’Algérie et aux membres du FLN présents.

Les attaques qui se font sous forme de guérilla, se multiplient et le 13 mai 1955, l’armée française porte son effectif à 100 000 hommes.

Le 20 août 1955, un soulèvement de musulmans de Philippevillois, en Algérie, est écrasé par l’armée française et une centaine de personnes est tuée.

Dix (10) jours après, le 30 août 1955, les autorités françaises proclament l’état d’urgence sur l’ensemble du territoire algérien.

La 10ème Session de l’Assemblée générale de l’ONU du 11 septembre 1955 fait cas de la guerre d’Algérie.

En novembre 1955, Mostefa Ben Boulaid, un membre du Groupe des 9 s’évade de la prison centrale de Constantine.

Une manifestation violente est réprimée le 20 janvier 1956 à Tlemcen et environ deux (2) semaines après, le 2 février 1956, Jacques Soustelle, est remplacé par Robert Lacoste.

Lorsque le Général de Gaulle visite l’Algérie, le 6 février 1956, il est conspué et Guy Mollet, Président du Conseil, qui l’accompagne dit : « La France doit rester en Algérie et elle y restera. »

Mostefa Ben Boulaid qui s’était évadé de la prison de Constantine est tué le 22 mars 1956, suite à l’explosion d’un poste radio piégé que l’armée française a parachuté sur le nationaliste.

En petite Kabynie en Algérie, le 20 août 1956, dans les villages d’Ighbane et d’Ifri, se tient un Congrès du FLN, le Congrès de la Soummam pour déterminer les objectifs de la guerre, les conditions de cessez-le-feu et la désignation du FLN comme seul interlocuteur de l’Algérie.

En septembre de la même année, l’effectif des soldats français en Algérie passe de 100 000 à 600.000 hommes.

Tout en combattant, la France engage des négociations avec le FLN et Ahmed Ben Bella raconte la situation qui prévalait à cette époque : «… J’étais à la tête du FLN quand le gouvernement de Guy Mollet – après avoir compris que la France ne pourrait se maintenir en Algérie – a contacté Gamal Abdel Nasser pour qu’il nous demande si nous étions prêts à discuter avec eux. C’est ce que j’avais toujours prévu ; qu’un jour, il allait falloir s’asseoir autour d’une table et définir la meilleure façon pour l’Algérie de devenir totalement indépendante. C’était le but que nous recherchions : redevenir libres, ne plus vivre sous la férule d’un système oppressif. J’ai dit oui, que j’étais prêt à négocier, à condition que ce soit eux, les Français, qui en fassent la demande. C’était important, car c’est toujours celui qui est le plus faible qui demande à négocier. J’ai exigé que les négociations se déroulent en Egypte. Les négociations ont duré six mois. Nous sommes arrivés à une solution. Avec ce bout de papier en poche, en septembre 1956, je suis allé informer Mohammed V, le roi du Maroc. Il s’était impliqué dans cette lutte, il nous avait aidés, y compris militairement. Puis, alors que nous nous rendions en Tunisie, où nous voulions également informer les autorités, notre avion a été pris en chasse par l’aviation française. C’était le premier détournement d’avion de l’histoire. Il y avait, dans cet avion, les deux tiers des dirigeants de la révolution algérienne. Ils voulaient nous liquider tout de suite. C’est un miracle si nous avons échappé à la mort. Tout ceci pour vous dire ce que je pense des socialistes : c’était Guy Mollet qui, à peine avait-il signé un engagement, le trahissait… »

Le 22 octobre 1956, cinq (5) membres du FLN, Mohamed Boudiaf, Mohamed Khider, Mostefa Lacheraf, Hocine Hocine Aït Ahmed et Ahmed Ben Bella se trouvent à rabat au Maroc pour échanger avec le roi Mohammed V et son fils, le prince Hassan.

Au moment de partir pour la conférence de Tunis, sur invitation du Président tunisien, Habib Bourguiba, le Roi change le programme de départ.

Les leaders du FLN s’entendent dire qu’ils ne pourront plus prendre le même vol que le Roi du Maroc, Mohammed V parce que ce dernier prendra un vol qui doit survoler l’Algérie et cela est risqué pour les indépendantistes recherchés en Algérie.

Un avion DC3 de la compagnie Air Atlas est mis à la disposition d’Ahmed Ben Bella et ses compagnons avec à bord, un malade pour Tunis.

Or, les indépendantistes ignorent que Guy Mollet avait tout arrangé pour détourner leur avion vers l’Algérie ; Pour ce faire, de belles hôtesses sont mises à bord de l’avion pour les distraire tout le long du voyage.

Avant la tombée de la nuit, l’avion DC3 se pose sur le tarmac de l’aéroport d’Alger, en Algérie et les leaders du FLN qui croient être arrivés à destination, c’est-à-dire à Tunis descendent de l’avion.

En sortant de l’avion, ils voient le dispositif militaire mis en place autour de l’avion et réalisent qu’ils viennent de se faire piéger et sont en Algérie.

Menottés, ils sont arrêtés et conduits en prison.

Transférés en France, ils passent sept (7) ans à la prison de la Santé sur l’île d’Aix, ensuite au château de Turquant.

En représailles, une dizaine de français sont tués à Meknès au Maroc.

Après ce premier détournement d’avion civil de transport de voyageurs dans le monde, Ahmed Ben Bella, des années après, relate les faits dans une interview : « …Excuse-moi, mais l’affaire avait été planifiée, car l’avion était marocain et le pilote était français. L’équipage était entièrement français. Dans l’affaire du détournement de l’avion, je le dis sans hésitation, ils nous ont vendus (…) Il était prévu que nous prenions le même avion que le roi Mohammed V et que celui-ci ne survole pas l’Algérie, mais la mer, sans rentrer dans l’espace aérien. Mais la veille du voyage, nous avons été informés que le roi serait accompagné de son épouse, ce qui signifiait que nous ne voyagerons pas à bord du même avion. Je ne vous cacherai pas que j’avais un pressentiment et mes pressentiments ne m’ont jamais trahi. »

Le 5 novembre 1954, le gouvernement fait convoyer des renforts militaires en Algérie et le 24 novembre 1954, le ministre de l’Intérieur du gouvernement français de l’époque, François Mitterrand, soutient le recours à la force pour mâter les indépendantistes algériens.

De janvier à février 1957, les attentats à la bombe se multiplient et il est dénombré plus de 30 morts et trois fois plus de blessés.

Dans la nuit du 4 au 5 mars 1957, pendant la bataille d’Alger, un autre membre du Groupe des 9, Larbi Ben M’hidi est arrêté par l’armée française et torturé, il est, sur recommandation du Général Paul Aussaresses, exécuté sans jugement.

Dans les colonnes du journal, Le Monde du 22 novembre 2000, le Général Paul Aussaresses avoue le crime en disant : « …En mars 1957, à Alger, j’ai (Aussaresses) pendu Larbi Ben M’Hidi, considéré en Algérie comme une figure semblable à Jean Moulin, et fait précipiter dans le vide Ali Boumendjel, un avocat engagé auprès du FLN. La thèse officielle donnée par l’armée française était – et reste toujours – que ces deux hommes se sont suicidés… »

L’aveu de ce Général provoque un grand scandale en France et sur ordre du Président Jacques Chirac, le Général Aussaresses est déchu de sa Légion d’honneur.

Poursuivi par la justice française pour apologie de la torture, les trois (3) filles du Général Aussaresses le renient et son épouse, Odile Charton ne quitte pas son lit et meurt de chagrin quelques mois après.

Le Général Aussaresses est victime de trois (3) attentats avec deux (2) colis piégés et, à la place Bastille, une balle qui lui est destiné atteint son ami qui lui fait office de garde du corps.

Le Général Aussaresses, se disant héros français, trouve les attaques à son encontre injustes et sort aux Editions Rocher en 2008, un ouvrage sous le titre Je n’ai pas tout dit, et fait des révélations sur des nationalistes africains dont l’assassinat du camerounais Félix Moumié.

Sur l’Algérie, Paul Aussaresses dit qu’il connaît la vérité sur le sort de Maurice Audin, ce jeune mathématicien disparu en 1957 à Alger, après avoir été arrêté par les parachutistes français. Il révèle au passage qu’il a demandé au général Massu, avant sa mort en octobre 2002, de le délivrer du pacte de silence qu’ils ont conclu, cinquante (50) ans plus tôt, sur l’affaire Audin mais Massu a refusé et Paul Aussaresses, avec regret, s’est incliné. Le 3 décembre 2013, Paul Aussaresses décède à Sainte-Marie-aux-Mines.

En Algérie, le 28 mai 1957, des membres de l’ALN jugent que la population du Douar de Melouza située aux frontières méridionales de la Kabylie, dans les villages de Mechta-Kasbah et Béni Ilmane est proche du MNA, une unité de l’ALN commandée par le capitaine Arab.

Lorsque des combattants de l’ALN font une boucherie en tuant plus de 300 jeunes hommes de cette localité parce que ces jeunes refusent de se rallier à eux. Le nom du FLN se salit sur la scène internationale et le Président français René Coty dit : « Je m’adresse à tous les peuples civilisés et je leur demande s’ils n’estiment pas le moment venu de signifier qu’ils refuseront toute audience aux fauteurs et aux agents de ce hideux terrorisme qui foule au pied toutes les lois au mépris de la conscience universelle. »

Le 7 février 1958, les combattants du FLN abattent un avion de chasse à partir de Sakh et le lendemain, le groupement aérien de Constantine bombarde Sakhiet-Sidi-Youssef et tue plus de soixante dix (70) personnes dont vingt et un (21) enfants qui se trouvent dans une école.

Surpris par la ténacité des algériens, le Général de Gaulle reconnaît, le 6 septembre 1959, le droit des algériens à l’autodétermination.

Or, dans sa tournée des commissariats en Algérie du 27 au 31 août 1959, le Général de Gaulle avait dit : « Moi vivant, jamais le drapeau du FLN ne flottera sur l’Algérie. »

Le 18 août 1962, en France, des pourparlers sont entamés entre français et indépendantistes algériens. Les français sont représentés par Louis Joxe, R. Buron et J. de Broglie quand l’Algérie prend comme représentants, Belkacm Krim, L. Ben Tobbal, S. Dahleb et M. Yazid.

Les deux (2) parties concluent des Accords appelés Accords d’Evian.

Par ces Accords, la France approuve l’indépendance de l’Algérie, reconnaît l’intégrité du territoire algérien y compris le Sahara, l’évacuation progressive de ses troupes et le maintien pendant trois (3) ans du taux de l’aide accordée à l’Algérie en 1961.

De son côté, l’Algérie signe une déclaration pour maintenir la coopération Franco-algérienne et respecter les Accords conclus dans le domaine du pétrole.

Le 8 avril 1962, la France organise un référendum pour faire accepter les Accords d’Evian au peuple français.

Le 5 juillet 1962, l’indépendance de l’Algérie est proclamée.

Après la conclusion des Accords d’Evian, Ahmed Ben Bella, libéré le 19 mars 1962, est nommé Vice-président du Gouvernement provisoire de la République algérienne mais il démissionne pour constituer un bureau politique en charge de prendre en main les destinées du nouvel Etat indépendant.

Le 10 septembre 1962, Ahmed Ben Bella arrive en Algérie, dans les blindés de son compagnon, le Colonel Houari Boumedine et l’ALN prend le contrôle du pays.

Ahmed Ben Bella devient le Président du Conseil des ministres en 1962 et forme, le 27 septembre 1962, le premier gouvernement de l’Algérie.

Au pouvoir, Ahmed Ben Bella demeure égal à lui-même et rejette le marxisme et le communisme. Il choisit une idéologie particulière, un mélange de Panarabisme du Président égyptien Gamal Abdel Nasser et le Castrisme du Président cubain Fidel Castro qui donne son propre système, le Socialisme algérien.

Il s’autogère par de grands programmes de réforme agraire et nationalise les moyens de production.

En 1963, lorsqu’il dote son pays de sa première Constitution et accorde la primauté au FLN sur l’Assemblée constituante, le Président de l’Assemblée constituante, Ferhat Abbas démissionne. Ben Bella place ses hommes et nomme le Colonel Houari Boumedine Vice-président du Conseil.

Ahmed Ben Bella fait entrer l’Algérie à l’ONU mais en matière de politique intérieure, la situation n’est pas réjouissante avec le départ des français et la ruée des paysans dans les villes.

De ce fait, la production agricole baisse et en ville, il y a environ 2.500.000 de chômeurs.

Le 20 octobre 1962, après un séjour aux Etats-Unis d’Amérique, Ahmed Ben Bella est reçu à Cuba, par Fidel Castro et Ernesto Guevara dit le Ché. Il entretient de relations amicales avec le Ché et dit l’apprécier, pour sa simplicité et son engagement révolutionnaire.

Ben Bella dit se sentir bien en compagnie du Ché.

Le 18 décembre 1964, le Ché effectue une visite en Algérie. Mohamed Khider, un membre du Groupe des 9 qui s’oppose au Président Ahmed Ben Bella est assassiné en Espagne le 4 janvier 1967 et Krim Belkacem, un autre membre du Groupe des 9 est retrouvé étranglé avec sa cravate, le 18 octobre 1970, dans une chambre d’hôtel de Franckfort, en Allemagne.

Les 22 et 27 février 1965, le Ché effectue un second voyage en Algérie pour prendre part au séminaire économique de solidarité afro-asiatique organisé pour le combat des Non-alignés dans lequel Ahmed Ben Bella s’est engagé.

Les Non-alignés veulent inventer autre chose que le système mondial et Ahmed Ben Bella explique cette démarche : « Très vite, j’ai pris conscience que nous étions confrontés à un problème plus large que la libération du pays : le système mondial. Lorsque j’étais Président de la République algérienne, je me suis immédiatement rendu compte que nous avions récupéré un hymne, un drapeau. Rien d’autre. Tout ce qui concernait le développement du pays était bloqué. Le système capitaliste fixait les prix. A Chicago, le prix du blé, à Londres le prix du café, etc. Le système déterminait et détermine toujours les prix. Je n’étais pas le seul à tenter d’agir contre ce système qui nous corsetait, nous étranglait. Notre cause était la même que celle de l’Indien Nehru, de l’Egyptien Nasser, du Brésilien Goulart, de l’Indonésien Sukarno. Nous avions libéré nos pays du colonialisme, mais nous restions pieds et poings liés par le système. Notre idée commune visait à construire un autre projet : après la libération de nos territoires et face au système mondial, nous étions tous d’accord pour inventer quelque chose de neuf au sein du mouvement des non-alignés. Ce système mondial ne date pas d’hier. On pourrait le dater de 1492. Pour nous, Arabes, cette date est essentielle. C’est l’année où Grenade a été prise par Isabelle la Catholique. On peut penser ce qu’on veut de la présence des Arabes en Espagne durant huit siècles. Certes, ils n’étaient pas chez eux, mais pendant cette période les hommes se sont acceptés, les religions ont cohabité. Puis vint l’Inquisition et la mise en place, déjà, d’un nouvel ordre. Ne croyez pas que je m’égare. Il faut toujours revenir à l’histoire. Après les indépendances, nous avons décidé, avec Nasser et d’autres compagnons, d’organiser un congrès à Alger en 1965, le Congrès afro-asiatique. Que recherchions-nous ? Créer un autre système mondial, face aux systèmes capitaliste et soviétique. Nous étions soixante chefs d’Etat et dirigeants politiques qui voulions négocier avec l’Occident. Nous préconisions le dialogue, celui que l’on appelle aujourd’hui  » Nord-Sud « . Ce dialogue, en ce début de XXIe siècle, n’existe toujours pas. »

Ahmed Ben Bella poursuit la lutte contre l’impérialisme et pendant son règne, il fait de l’Algérie, la terre d’accueil des indépendantistes du monde qu’il n’hésite pas à aider, Nelson Mandela pour l’Afrique du Sud ; Eduardo Mondlane et Samora Machel pour le Mozambique ; Ernest Ouandié et Félix-Roland Moumié pour le Cameroun ; Amilcar Cabral pour la Guinée Bissau…

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Nelson Mandela a même suivi une formation militaire en Algérie.

Ainsi, le responsable des relations extérieures de l’ANC, Johnny Makatini raconte qu’en 1960, Nelson Mandela était en Algérie pour une formation militaire bien avant le déclenchement de la lutte armée contre le régime d’apartheid.

Nelson Mandela et le représentant permanent de l’ANC en Algérie, Robert Reisha ont été reçus par le Commandant Kaïd Ahmed qui se trouvait sous les ordres du chef d’Etat-major algérien Boumediene.

Cette rencontre s’était faite dans le plus grand des secrets puisque le Boss (Bureau of State Security) du régime d’apartheid de l’Afrique du Sud suivait à la trace tous les membres de l’ANC qualifiés de terroristes et de criminels.

Pour ce faire, les identités de Mandela et Reisha avaient été dissimulées et les autorités algériennes ont intégré leurs noms à ceux de la délégation de la Conférence des organisations nationales des colonies portugaises en mission chez l’ALN.

Nelson Mandela et Robert Reisha ont été confiés à Chérif Belkacem et ils se sont rendus en zone opérationnelle aux frontières algéro-marocaines pour voir les tirs d’artillerie des français sur les indépendantistes algériens.

Les visiteurs se sont ensuite rendus au camp d’instruction de Zghenghen dans le Rif selon le site web www.legrandsoir.info.

Ahmed Ben Bella justifie son hospitalité légendaire et dit à la journaliste suisse, Silvia Cattori en 2006 : « …Tout de suite après l’indépendance, je me suis associé à tous ceux qui, dans le monde, se battaient eux aussi pour libérer leur pays. Il y a donc eu cette phase de la lutte de libération nationale à laquelle j’ai participé de façon totale. En Tunisie, au Maroc, au Vietnam, l’Algérie était devenue un peu la mère des luttes de libération ; les soutenir était donc pour nous une tâche sacrée. Quand quelqu’un venait nous demander de l’aide, c’était sacré. On ne réfléchissait même pas. On les aidait, alors même que nous n’avions que peu de moyens ; on leur offrait des armes, un peu d’argent et, le cas échéant, des hommes… »

L’Algérie a fini par être baptisée La Mecque des mouvements de libération et Amilcar Cabral de la Guinée Bissau disait : « Les chrétiens vont au Vatican, les musulmans à la Mecque et les révolutionnaires à Alger. »

Le Président Ahmed Ben Bella dérange le plan des occidentaux et quand Mohammed Harbi, un combattant du FLN informe le Président Ahmed Ben Bella des rumeurs de coups d’Etat, le Président ne l’écoute pas et préfère se couper de ses soutiens qui sont au sein des amis politiques de Mohammed Harbi.

Son obsession d’autogestion l’emmène à se rapprocher des syndicalistes favorables à son idéologie.

Lorsque Mohammed Harbilui dit au Président Ahmed Ben Bella ne pas mettre fin aux fonctions du ministre des Affaires étrangères, Abdelaziz Bouteflika, un proche du ministre de la Défense, le Colonel Houari Boumedine, le Président Ahmed Ben Bella met sa décision en exécution et le limoge le 28 mai 1965.

Seulement deux (2) ans après son accession au pouvoir, le Président Ahmed Ben Bella est victime d’un coup d’Etat dans la nuit du 18 au 19 juin 1965 ; Coup commandité par son compagnon et ministre de la Défense de trente trois (33) ans, le Colonel Houari Boumedine soutenu dans son œuvre par le ministre Abdelaziz Bouteflika qui avait été limogé.

Arrêté, Ahmed Ben Bella est gardé au secret pendant huit (8) mois et, transféré au château Holden, dans le Mitidja. Il reste prisonnier pendant douze (12) ans sous la surveillance des caméras et des micros de sécurité militaire.

Le nouveau Président fait interdire les visites à Ahmed Ben Bella mais quelques années après, il autorise à la mère de Ben Bella, presque centenaire à lui rendre visite.

La mère supporte les humiliations en attendant de voir son enfant.

Détenu dans une résidence d’Etat à Bouira, au sud-ouest d’Alger, une journaliste, Zohra Sellami, hostile à l’ex-Président Ahmed Ben Bella au départ finit par tomber amoureuse de lui et, par l’intermédiaire d’un militaire de la Sécurité militaire, elle reçoit une demande en mariage de lui qu’elle accepte, sachant qu’elle liera sa vie avec celle d’un condamné à perpétuité.

Zohra Sellami, algérienne originaire de M’sila est journaliste à l’hebdo Révolution africaine, organe central du Front de libération nationale (FLN).

Zohra Sellami s’est spécialisée dans les mouvements révolutionnaires africains, en particulier, le Frelimo du Mozambique où elle s’est rendue à plusieurs reprises et le PAIGC d’Amilcar Cabral de la Guinée Bissau et du Cap-Vert.
Zohra Sellami et l’ex-Président Ahmed Ben Bella adoptent trois (3) enfants, deux (2) filles et un garçon handicapé.

L’ex-Président Ahmed Ben Bella et Zohra Sellami se marient en 1972.

Lorsque le Président Houari Boumedine qui qualifiait son coup d’Etat de Redressement révolutionnaire meurt en 1978, l’ex-Président Ahmed Ben Bella et sa famille sont transférés dans une résidence surveillée dans le sud de l’Algérie, à M’sila en 1979.

Le 30 octobre 1980, le nouveau Président de l’Algérie, Chadli Bendjedid le libère et lui accorde une pension annuelle de 12 000 dinars ou 2.328.370 FCFA et une villa à Alger-Bologhine mais l’ex-Président Ahmed Ben Bella préfère s’exiler. Il s’installe en Suisse à Pregny-Chambésy en 1980 avec sa famille où, avec un compagnon de combat exilé comme lui, Hocine Aït Ahmed, créent en 1982 le Mouvement pour la démocratie en Algérie (MDA).

En septembre 1990, l’ex-Président Ahmed Ben Bella met fin à son exil et rentre en Algérie et son Parti politique, le Mouvement pour la démocratie en Algérie (MDA) est légalisé la même année de son arrivée.

Le 29 juin 1992, un membre du Groupe des 9, Mohamed Boudiaf est assassiné en Algérie pendant une Conférence des Cadres à Annaba, une ville située à 152 km au nord-est de Constantin et quatrième ville d’Algérie.

Rabah Bitat, membre du Groupe des 9 meurt aussi le 10 avril 2000 à Paris.

La guerre de l’Algérie a fait au total plus de 600.000 morts.

Le 10 juin 1997, le MDA de l’ex-Président Ahmed Ben Bella est dissous par le Tribunal d’Alger.

En 2007, l’ex-Président Ahmed Ben Bella est nommé Président du groupe des Sages de l’Union africaine et dit : « Je suis le président de cette commission des Sages, même si je n’ai pas été sage toute ma vie. » et devient, en 2009, membre du Comité de parrainage du Tribunal Russell sur la Palestine.

Le 24 mars 2010, à soixante sept (67) ans, Zohra Sellami Ben Bella décède dans un hôpital parisien et est inhumée en présence de grandes autorités du pays et d’ailleurs.

Le 11 avril 2012, soit deux (2) années après la mort de sa femme Zohra, l’ex-Président Ahmed Ben Bella décède paisiblement à son domicile.

Le Président de l’Algérie Abdelaziz Bouteflika décrète huit (8) jours de deuil national en hommage au premier Président de l’Algérie, Ahmed Ben Bella.

Et étaient présents pour conduire l’ex-Président Ahmed Ben Bella à sa dernière demeure au carré des Martyrs du grand cimetière Al-Alia d’Alger le 13 avril 2012, le Président algérien Abdelaziz Bouteflika, le Président tunisien Moncef Marzouki, le Premier ministre marocain Abdelilah Benkirane, le Président mauritanien Moulay Oulad Mohamed El Aghdas, le Président sahraoui du Front Polisario Mohamed Abdelaziz, l’ancien Président algérien Chadli Bendjedid et bien d’autres anonymes.

Le Premier ministre marocain, Abdelilah Benkirane dit : « Ahmed Ben Bella a été un symbole de la lutte contre le colonialisme »

PAROLE FORTE :
« Nous sommes sortis d’un système de colonialisme direct
en échange de quelque chose qui paraît meilleur, mais qui ne l’est pas. »
Ahmed Ben Bella

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