AGOSTHINO NETO DE L’ANGOLA…

L’Angola est située en Afrique centrale et partage ses frontières avec, au nord la République démocratique du Congo (Kinshasa) et la République du Congo (Brazzaville) ; à l’est la Zambie et au sud la Namibie.

A KaxiKane, région d’Icolo e Bengo à environ 60 Km de la capitale Luanda en Angola, naît le17 septembre 1922, Agostinho Neto, de son nom traditionnel Kilamba. Son père npmmé Agostinho Pedro Neto est un pasteur évangéliste et sa mère Maria da Silva Neto, une institutrice.

Elevé dans cet univers religieux, Agostinho Neto considère la Bible comme sa boussole.

Il est favorisé à cette époque coloniale puisque son père fait partie de la classe des assimilés, une classe sociale des noirs supérieure.

Il effectue donc de bonnes études à la capitale et après l’obtention de son Baccalauréat au Lycée de Luanda, il exerce quelques années la profession d’infirmier dans des hôpitaux de Luanda.

En 1945, lorsque les Etats-Unis d’Amérique utilisent des bombes nucléaires pour détruire les villes japonaises d’Hiroshima et de Nagasaki, un mouvement d’impulsion communiste, le Mouvement mondial des partisans de la paix naît le 19 mars 1950 à Stockholm en Suède pour réclamer la paix dans le monde.

Le Mouvement mondial des partisans de la paix est inspiré aussi par l’explosion de la première bombe atomique expérimentale de l’Union soviétique le 29 août 1949 et dans ses actions, il lance une pétition baptisée l’appel de Stockholm contre l’armement nucléaire.

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En 1945, Agostinho Neto écrit un poème intitulé Espérances sacrées ; Poésie qui exprime l’expression des souffrances des peuples colonisés, traduit du portugais au français par Michel Massa et publiée pour la première fois en Italie, à Milan en 1963 :

Aux héros du peuple angolais ;

A mon retour au pays natal ;

Les casuarinas avaient disparu de la ville ;

Toi aussi ;

Mon ami Liceu ;

Voix consolatrice des rythmes entraînants du pays ;

Dans la nuit des samedis infaillibles ;

Toi aussi ;

Harmonie sacrée ancestrale ;

Ressuscitée dans les arômes sacrés du Ngola Ritmos ;

Toi aussi tu avais disparu ;

Avec toi ;

Les intellectuels… 

En 1947, avec une bourse des Missions protestantes, Agostinho Neto s’inscrit à la Faculté de médecine de Coïmbra, la ville universitaire la plus ancienne du Portugal située au centre du pays.

Etudiant très brillant, il rend visite, à ses heures libres à d’autres étudiants particulièrement ceux qui proviennent des Etats sous tutelle du Portugal, l’Angola, le Cap-Vert, la Guinée-Bissau, l’Inde, Macau, le Mozambique, São Tomé et Principe, le Timor-Oriental et au cours des échanges, Agostinho Neto encourage ses camarades à promouvoir la culture africaine et il dit : « Aujourd’hui, j’ai reçu une lettre de mon ami Viriato da Cruz – peut-être avez-vous entendu parler de lui. C’est l’un de nos poètes. Il m’informe qu’ils ont organisé un centre culturel [à Luanda] et l’ont baptisé « Découvrons l’Angola » (…) Nous allons mener des études sur l’histoire et l’art populaire africains, écrire des récits et des poèmes, et utiliser les bénéfices de la vente des publications pour aider des écrivains talentueux dans le besoin. Je pense que nous pourrions faire la même chose à Lisbonne. Il y a ici, beaucoup de gens qui peuvent écrire des poèmes et des nouvelles, pas seulement sur la vie des étudiants, mais aussi sur nos pays d’origine – l’Angola, le Mozambique, les îles du Cap-Vert et Sao Tomé… »

Agostinho Neto qui publie déjà des poèmes, poursuit la construction des pièces en vers et exalte la culture africaine, principalement celle de l’Angola.

En 1948, des intellectuels angolais éditent une revue littéraire, le Mensagem où ils expriment la renaissance culturelle dans les colonies mais les autorités portugaises interdisent sa distribution.

Avec Francisco José Tenreiro de São Tomé-et-Principe, Amilcar Cabral de la Guinée Bissau, Eduardo Mondlane et Marcelion dos Santos de la Mozambique, ils fondent, en 1951, le Centre d’Etudes Africaines afin de faire la promotion des peuples noirs colonisés, favoriser la création littéraire et éveiller la conscience nationale.

Deux (2) ans après l’ouverture du Centre d’Etudes Africaines, les autorités portugaises procèdent à sa fermeture mais l’œuvre a germé dans la consicence des angolais et avec l’édition du journal de culture, le Nouveau Mensagem, ils continuent de propager l’éveil de conscience des angolais à coté de la Maison des étudiants de l’Empire de Lisbonne au Portugal.

La Maison des étudiants de l’Empire est une association qui a vu le jour en 1943 par le travail des ressortissants des colonies du Portugal envoyés au pays du colonisateur pour faire de hautes études.

En 1951, Agostinho Neto recueille des signatures pour le compte du Mouvement mondial des partisans de la paix.

Au Portugal, pays colonisateur de l’Angola, le Président António de Oliveira Salazar y mène une politique dictatoriale et totalitaire.

Le Président-dictateur portugais ferme de 1952 à 1957, la Maison des étudiants de l’Empire et interdit l’utilisation du mot Africain pour désigner les provinces portugaises d’outre-mer. Ces écrivains lusophones sont contraints de dire à la place du mot Africain, le groupe de mots Diffusion des valeurs culturelles d’outre-mer et avec le concept de Négritude de Léopold Sédar Senghor paru en 1947, ils l’utilisent désormais, une notion sensiblement similaire au mot Africain.

Des échanges sur l’histoire, l’art africain, les récits, les poèmes et la littérature, les étudiants issus des colonies portugaises passent rapidement aux thèmes politiques et choisissent l’idéologie de gauche, particulièrement le communisme comme la clé de la résolution des problèmes du peuple africain.

Alors qu’il participe à un meeting des étudiants, Agostinho Neto est arrêté en 1955 par la Polícia internacional e de defesa do estado (PIDE) ou Police Internationale de Défense de l’Etat.

Auparavant appelée Polícia de Vigilância e Defesa do Estado (PVDE) ou Police de Vigilance et de Défense de l’État, de 1933 à 1945, cette Police est devenue la Polícia Internacional e de Defesa do Estado (PIDE) ; Une Police secrète soutenue par la Gestapo, Police politique de l’État nazi de l’Allemagne qui créé la peur au Portugal et qui pratique des arrestations arbitraires ; Des tortures inimaginables ; Des passages à tabac brutaux ; La privation de sommeil aux prisonniers ; La position de statue où le prisonnier est forcé de rester immobile pendant des heures avec les bras tendus quelques fois ; L’isolement en prison ; L’emprisonnement au delà de la période légale…

La pétition initiée en faveur du Mouvement mondial des partisans de la paix est signée par de grands littéraires et peintres comme le poète français Louis Aragon, l’écrivain et philosophe français Jean-Paul Sartre, le poète mexicain Nicolas Guillen, l’écrivain français François Mauriac, la romancière française Simone de Beauvoir, le peintre mexicain Diego Rivera…

Dans la clandestinité, Viriato da Cruz, Mario de Andrade et Agostinho Neto pensent à la création du Movimento Popular de Libertação de Angola (MPLA) ou le Mouvement populaire de Libération de l’Angola à partir de 1956 mais pour se donner de la contenance, ils feront croire que le MPLA existait déjà le 10 décembre 1956.

Dans une interview que Mario de Andrade accorde à la sociologue française Christine Messiant, spécialisée dans la politique angolaise en 1982, il dit comment le MPLA a été créée : « Il faut bien voir qu’à l’époque, on n’écrivait pas l’histoire, on faisait une lutte politique, c’est dans ce cadre qu’il faut replacer ce qu’on a dit. On n’a jamais vraiment menti, mais on n’a pas dit la vérité. Mais il fallait voir les problèmes que nous connaissions à l’époque face à l’UPA. Dire que le MPLA existait, qu’il y avait une organisation sérieuse en Angola, était pour le MPLA une question de vie ou de mort. Et j’ai contribué, c’est vrai, à le faire croire (…) De plus, on ne peut jamais vraiment dater la fondation d’un mouvement de ce type. Ça se passe toujours plus ou moins en réunions de cafés. Enfin, ce qui est important, c’est qu’en décembre 1956 il existait bien un manifeste, et aussi un Parti qui devait être à l’initiative d’un front nationaliste : le Parti communiste Angolais. Dès 1956 un tel projet existait, c’est avec cela que Viriato da Cruz arrive en Europe, et dans le but de le réaliser. Mais le PCA n’avait pas réussi à s’implanter ; il avait un statut et un programme, programme quasi directement recopié de celui du Parti communiste Brésilien – c’est une des raisons d’ailleurs pour lesquelles je refuse d’y adhérer. Le PCA, c’était Viriato, Ilidio Machado…(…) Il y avait aussi des Européens, [mais ce n’est pas l’important]. Et le Parti communiste Portugais a refusé de reconnaître le PCA. Quand Viriato vient en Europe avec son manifeste, il y a entre nous des discussions, le texte est remanié, mais avec ces discussions Viriato prend conscience que ni la réalisation du PCA ni celle du MPLA ne sont possibles dans la situation, et le projet du MPLA est en quelque sorte congelé. Il sera repris seulement en 1960 à Tunis même, et seulement en ce qui concerne le MPLA. Ce sera effectivement bien tard. Et l’impulsion viendra de l’extérieur. (C’était trop tard d’envoyer Neto en Angola en 1959 pour structurer le mouvement, étant donné qu’il était repéré. Il a d’ailleurs été arrêté en fait presque tout de suite. Il n’a rien pu faire. Et c’était presque joué d’avance. Ça a peut-être été une erreur.) Mais il nous fallait dire que le MPLA existait déjà, et à l’intérieur de l’Angola, face à l’UPA. Il fallait se légitimer… »

Libéré en juin 1957, Agostinho Neto est reconnu prisonnier politique par Amnesty International.

Agostinho Neto achève ses études en médecine en 1958 et en 1959, à l’âge de de trente sept (37) ans, il prend pour femme, la portugaise Maria Eugénia da Silva âgée de seize (16) ans et rentre définitivement en Angola le 30 décembre 1959.

Avec l’Union du Mouvement pour l’indépendance de l’Angola (MIA), du Mouvement pour l’Indépendance Nationale de l’Angola (MINA) et du Parti de la Lutte Unie des Africains de l’Angola (PLUA), le MPLA est créé effectivement en 1960 sous l’égide de Viriato da Cruz, Mario de Andrade et Dr Agostinho Neto. Ces indépendantistes des colonies portugaises, proches des soviétiques et des cubains, créent le Mouvement Anti colonial Clandestin (MAC).

En 1961, un deuxième mouvement de lutte libération de l’Angola voit le jour et est soutenu par les Etats-Unis d’Amérique, la France et le Zaïre, aujourd’hui appelée Congo-Kinshasa, le Frente Nacional de Libertação de Angola (FNLA) ou Front national de libération de l’Angola, sous inspiration de l’angolais Álvaro Holden Roberto, né le 12 janvier 1923 à São Salvador, après avoir fondé en 1950 l’Union des populations du Nord de l’Angola (UPNA) pour rassembler des personnes d’ethnie Bakongo.

Le 8 juin 1960, avec son diplôme en médecine, Dr Agostinho Neto ouvre un cabinet médical mais il est arrêté en plein exercice de sa profession et lorsque ses patients tentent d’empêcher son arrestation, la PIDE ouvre le feu et il est dénombré des morts et des blessés.

Les habitants du village natal d’Agostinho Neto, Kaxicane, se soulèvent pour protester contre son arrestation mais la PIDE réprime sévèrement les manifestants et tue plus de trente (30) personnes.

La contestation se poursuit et les autorités coloniales déportent Agostinho Neto au Cap-Vert.

Poète reconnu sur le plan international avec ses œuvres traduites dans différentes langues qui sont très appréciées du monde littéraire, la mobilisation pour sa libération s’intensifie et la campagne internationale ne faiblissant pas, les colons le transfèrent dans une prison de Lisbonne au Portugal.

De Lisbonne, il est ramené au nord du Cap-Vert, à Santo Antão puis à Santiago, la plus grande île du Cap-Vert où il est autorisé à exercer la médecine sous surveillance des autorités portugaises.

Bien qu’Agostinho Neto ne dirige pas officiellement le MPLA et est nommé Président honoraire, le MPLA lance le 4 février 1961, la lutte armée contre l’armée portugaise. Il attaque les prisons de Luanda et détruit une centaine de plantations des colons et l’armée portugaise intervient exagérément, tue près de 1.000 angolais et procède à des arrestations en masse.

Les angolais s’exilent en grand nombre et lorsque le journal Tunisien Afrique Action publie la photo d’un jeune soldat de nationalité portugaise qui, pour amuser ses camarades, balance la tête d’un ressortissant angolais plantée dans un pieu de bois, les angolais sont choqués dans leur ensemble.

Meurtri, Agostinho Neto utilise cette horreur pour alerter l’opinion internationale sur les souffrances du peuple angolais mais la PIDE l’arrête à nouveau et le 17 octobre 1961, il est transféré dans une prison de Lisbonne.

La communauté internationale, anglophone, lusophone, francophone et le monde littéraire dont la revue Présence africaine réclament sa libération sans condition.

Le tapage médiatique oblige les colons à le libérer en mars 1962 mais il est assigné en résidence surveillée au Portugal.

Secrètement, le Roi Mohammed V du Maroc délivre des passeports marocains à Agostinho Neto et sa famille et ils s’évadent pour le Maroc.

Du Maroc, ils se rendent au Zaïre et s’installent à la capitale, Kinshasa, anciennement appelé Léopoldville.

En décembre 1962, Agostinho Neto est élu Président du MPLA à sa première conférence nationale et le mouvement ouvre un bureau au Zaïre.

Bien que proche de l’Union soviétique, Agostinho Neto sollicite les Etats-Unis d’Amérique qui refusent de venir en aide au MPLA.

Informé que le Zaïre est infiltrée par des agents de la CIA, Agostinho Neto et son groupe traverse le fleuve Congo pour trouver refuge au Congo-Brazzaville.

Agostinho Neto se rend aux Etats-Unis à partir du Congo-Brazzaville pour solliciter une fois encore le soutien des américains et face à leur refus, il se rend à Cuba où le révolutionnaire argentin, Ernesto Guevara dit le Ché le reçoit et le présente au révolutionnaire cubain Fidel Castro.

Le Président cubain accepte d’appuyer le mouvement MPLA et introduit Agostinho Neto auprès des soviétiques qui décident d’aider le MPLA.

Armés et encadrés par les soldats soviétiques et les cubains, les combattants du MPLA lancent la guerre contre l’armée coloniale.

L’Union pour l’indépendance totale de l’Angola (UNITA), un troisième mouvement de libération de l’Angola dirigé par Jonas Savimbi, parrainé par les Etats occidentaux et le régime d’apartheid de l’Afrique du Sud voit le jour en 1966.

L’UNITA regroupe les angolais d’ethnie Ovimbundu dans sa grande majorité ; Un peuple que l’on retrouve dans la région côtière à l’ouest du plateau central de l’Angola.

Jonas Malheiro Savimbi est né le 3 août 1934 en Angola à Munhango et avec une bourse d’étude américaine, il part à Lisbonne, au Portugal pour des études de médecine mais la non validation d’une matière l’empêche d’accéder à l’Université. Répéré par la PIDE pour son activisme politique afin de créer un mouvement devant lui permettre de libérer son pays, Jonas Savimbi fuit Lisbonne pour la Suisse où il parvient à obtenir une licence en sciences politiques.

Après avoir passé trente cinq (35) ans au pouvoir, Antonio de Oliveira Salazar, Président portugais, dictateur et anti-indépendance des Etats sous tutelle du Portugal est victime d’une attaque cérébrale et est contraint d’abandonner le pouvoir en 1968.

Son remplaçant, Marcelo Caetano qui devient Président du Portugal le 27 septembre 1968 poursuit la politique répressive de son prédécesseur.

L’ex-Président Antonio de Oliveira Salazar décède le 27 juillet 1970.

En 1973, Agostinho Neto effectue une visite privée en Bulgarie, et peu après, une dame dit porter un enfant de lui.

La famille Neto ne reconnaît pas l’enfant et la mère dépose le bébé de sexe féminin de cinq (5) jours dans un orphelinat de Sofia, en Bulgarie.

Le 25 avril 1974, un coup d’Etat baptisé la Révolution des œillets survient au Portugal et des militaires mettent fin au mandat de Marcelo Caetano. Il porte au pouvoir, le Général Antonio de Spínola.

Dès son accession au pouvoir, le nouvel homme fort du Portugal change la politique envers ses colonies, l’Angola, le Cap-Vert, la Guinée Bissau, la Mozambique, l’Etat de Sao Tomé et Principe dans le but de leur accorder leur indépendance.

En effet, les guerres coloniales consomment au moins 28 % du budget de l’Etat portugais, la population portugaise ne supporte plus la perte de ses enfants et critique ouvertement les sommes englouties dans les combats en Afrique.

De plus, l’image du Portugal est souillée sur le plan international.

En Angola, deux (2) camps s’opposent après le coup d’Etat au Portugal.

Un camp qui souhaite l’indépendance totale de l’Angola sous la direction des mouvements indépendantistes avec le MPLA et l’autre camp demande l’autodétermination, sous la direction des colons portugais, l’UNITA et FNLA.

Le 1er mai 1974, en Angola, près d’un million de personnes prennent la rue pour célébrer leur liberté future et portent des banderoles : « Liberté pour les prisonniers politiques ! ; Paix et travail ! ; A bas le colonialisme !»…

La Police portugaise intervient et tue plusieurs personnes.

Le 15 juillet 1974, environ 30.000 personnes avec une majorité de noirs et quelques blancs participent aux funérailles des personnes massacrées pendant ces heurts.

Ce même jour, 15 juillet 1974, 2 000 soldats noirs du MPLA protestent pour exiger que les patrouilles des bidonvilles soient faites par les membres du MPLA, demandent le remplacement du gouverneur proche de l’ancien dictateur Salazar par l’Amiral Rosa Coutinho du Mouvement des Forces armées (MFA) qui entretient de bons rapports avec le MPLA et le Parti communiste portugais (PCP).

Les soldats du MPLA mettent sur la table, la révocation des fonctionnaires de la PIDE, l’autorisation d’organiser leurs structures d’autodéfense dans les bidonvilles et la promotion des comités de quartier.

Exaspéré, le Portugal accepte d’accorder à l’Angola son indépendance et le 15 janvier 1975, dans le village d’Alvor au Portugal, les Accords d’Alvor sont signés entre le gouvernement portugais et les trois (3) mouvements de libération de l’Angola, le MPLA, le FNLA et l’UNITA.

Ainsi, un gouvernement de transition quadripartite composé du Portugal, du MPLA, du FNLA et de l’UNITA est instauré à compter du 31 janvier 1975.

Dans le mois de février 1975, le FLNA soutenu par les américains et le Président de la RDC, Mobutu Sese Seko qui reproche à l’Angola d’accueillir les rebelles du Katanga, attaque les positions du MPLA situées au nord du pays.

De son côté, le MPLA, avec les russes et les cubains parviennent à chasser les combattants du FNLA.

Le troisième mouvement, l’UNITA dirigé par Jonas Savimbi se replie à Huambo, à 600 km au Sud-est de la capitale Luanda bien que soutenu par les Etats occidentaux et l’Afrique du Sud mais, lorsque l’UNITA reçoit du renfort de ses alliés, il attaque le MPLA en août 1975 et cherche à prendre la capitale Luanda pour ne pas que l’indépendance de l’Angola soit proclamée mais avec la riposte des premiers contingents cubains sollicité par le MPLA, les assaillants sont repoussés.

Le 11 novembre 1975, Agostinho Neto proclame seul l’indépendance de l’Angola.

Le 12 février 1976, l’Angola intègre l’Organisation de l’Unité Africaine (OUA) comme 46ème membre, appelée aujourd’hui Union Africaine (UA) et, en décembre de la même année, il devient le 148ème membre de l’Organisation des Nations Unies (ONU).

Les portugais quittent définitivement l’Angola en 1975.

La monnaie Kwanza se substitue à l’escudo portugais le 8 janvier 1977.

Agostinho Neto soutient les sud-africains de l’ANC qui se battent contre l’apartheid en Afrique du Sud et les combattants de la South West Africa People’s Organization (Swapo) en Namibie qui luttent également contre l’oppression des racistes blancs.

Le Président Agostinho Neto accorde en 1977 une interview au magazine français mensuel, Afrique-Asie où il expose les manigances des occidentaux pour envahir l’Angola.

En mars 1977, il évoque un plan en préparation pour s’accaparer de la province de Cabinda avec l’opération baptisée par les assaillants Opération Cobra, à partir du territoire du zaïre, appelée aujourd’hui Congo et avec l’aide des américains qui se trouvent dans l’île Bula Mbembe, sur le fleuve Congo.

L’Angola est aussi la cible de son voisin, le Zaïre du Président Mobutu qui l’accuse de manœuvrer contre lui en abritant des militaires et gendarmes katangais qui se sont réfugiés depuis 1965 en Angola.

En effet, lorsque Moïse Tshombé a fait sécession de la province du Katanga et qu’elle a été reprise par les forces des Nations unies, ces militaires du katanga sont devenus des ennemis de Mobutu.

Ces militaires zaïrois empêchent les éléments de l’UNITA et leurs alliés d’envahir leur pays d’exil, l’Angola. De même, ils avancent au Zaïre pour chasser du pouvoir le Président Mobutu qui a dû faire appel à la France et au Maroc pour les stopper.

L’interview du Président Agostinho Neto à Afrique-Asie et ses prises de position déplaisent aux américains et aux puissances occidentales.

Seulement dix (10) jours après l’interview, le 27 mai 1977, des membres du Parti au pouvoir, le MPLA, avec pour meneur le ministre de l’Administration du Territoire, le major Nito Alves prennent d’assaut la prison de Luanda et la radio nationale.

Le coup d’Etat échoue et la répression fait couler énormément de sang.

Agostinho Neto est déclaré héros national au premier Congrès du MPLA en décembre 1977 et il est instauré jusqu’à ce jour, la Journée du héros national où les qualités incontestables politiques et culturelles du Président Agostinho Neto sont mises en évidence.

En 1979, informé par une enquête de la répression disproportionnée du putsch manqué de 1977 qui a entraîné un nombre de morts élevé et l’assassinat de plusieurs commandants de l’Etat-major de l’Armée angolaise par la Police chargé de la répression (DISA), le Président Agostinho Neto fait savoir publiquement son mécontentement et dissous la DISA.

Gravement malade et évacué à Moscou pour des soins liés au cancer du pancréas dont il souffre, il décède le 10 septembre 1979, à cinquante sept (57) ans lors de l’opération chirurgicale qui s’est compliquée.

Le Président Agostinho Neto n’a gouverné l’Angola que quatre (4) ans, après une lutte de toute une vie pour asseoir l’Etat angolais mais son combat a le goût d’une symphonie inachevée en laissant un pays toujours en guerre.

Trois (3) Etats en dehors de l’Afrique, le Brésil, le Portugal et le Cuba décrètent trois (3) jours de deuil en sa mémoire.

Le Président Agostinho Neto a lutté afin que son pays sorte de la bataille interposée des puissances internationales derrière chaque groupe UNITA, FLNA et MPLA et le journal, Le Nouvel Observateur (France) publie cet article le 17 septembre 1979 : «…Aucun dirigeant de l’Afrique post-coloniale n’est arrivé au pouvoir dans des conditions aussi dramatiques qu’Agostinho Neto, mort à Moscou lundi dernier. (…) En dépit de l’aide décisive de l’U.R.S.S., Neto réussit à éviter toute inféodation inconditionnelle. Il laisse à ses successeurs un subtil édifice diplomatique dont les étages les plus récents comportent d’importantes percées économiques à l’Ouest, la normalisation des relations avec le Zaïre, la collaboration avec les Occidentaux dans les tentatives de règlement de l’affaire namibienne et l’amorce d’une coopération élargie avec la Communauté économique européenne. Personne ne peut dire aujourd’hui quelle partie de cet héritage les successeurs de Neto choisiront de privilégier. Ce qui est sûr, c’est que le président angolais disparait à un moment crucial, alors que l’Afrique du Sud en Namibie et sur la frontière angolaise une politique offensive que les pays occidentaux – et en particulier l’Amérique affaiblie de Carter – ne semblent plus très désireux, pour l’instant, de contenir. »

Un autre magazine, français Afrique-Asie a écrit le 15 octobre 1979 : «...Les énormes difficultés de la guerre contre les Portugais, les complots internes et les défections l’avaient rendu encore plus conscient de sa force et de ses responsabilités historiques. L’amertume l’avait pourtant envahi après le coup monté des fractionnistes, le 27 mai 1977, qui intervenait dans la période la plus difficile de la reconstruction nationale. Ces expériences avaient accru sa vigilance, durci son combat contre les forces attachées à freiner le processus révolutionnaire. Et il profitait de son prestige et de son autorité incontestée pour imprimer un dynamisme nouveau à la direction de la lutte, et pour faire appel au peuple afin qu’il juge l’œuvre de ses dirigeants. Il symbolisait pour les masses la ligne issue de la direction du Parti. Faisant jouer à plein, surtout depuis quelque temps, ses prérogatives constitutionnelles, il critiquait publiquement plus d’un organisme d’État, leur rappelant leurs objectifs et les y ramenant, rectifiant même leurs attributions. »

José Eduardo dos Santos est élu à l’unanimité par le bureau politique du MPLA, Président de ce Parti politique et il devient Président de la République de l’Angola le 21 septembre 1979.

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José Eduardo dos Santos, détenteur d’un diplôme d’ingénieur du Pétrole et des Télécommunications après des études en Union Soviétique, adhère au MPLA en 1961 lorsqu’il était encore un parti clandestin.

Nommé ministre des Relations extérieures de 1975 à 1978, il a occupé le poste de Vice-Premier ministre et ministre du Plan jusqu’en 1979.

Seulement une semaine après son arrivée au pouvoir, le 26 septembre 1979, le régime d’apartheid de l’Afrique du Sud par voie aérienne détruit la route de la Serra da Leba, les ponts et les tunnels ferroviaires d’une ville angolaise située non loin de l’Afrique du Sud.

L’Afrique du Sud, l’allié de l’UNITA continue d’attaquer l’Angola et met en exécution son opération Smokeshell en décembre 1980 sur une province du sud-ouest de l’Angola, Cunene et une autre province, Kuando-Kubango.

Le Président José Eduardo dos Santos cherche à résoudre diplomatiquement le conflit et le 22 juin 1989, en présence de dix-huit (18) Chefs d’Etat africains et sous l’égide du Président Mobutu Sese Seko du Zaïre, il est signé l’Accord de Paix de Gbadolite au Zaïre.

Au cours de cette cérémonie, le Président José Eduardo dos Santos du MPLA et Jonas Savimbi de l’UNITA se donnent une poignée de mains.

Un cessez-le-feu est instauré en Angola à partir le samedi du 24 juin 1989 à 00H00.

En 1991, l’UNITA contrôle plus de 60 % du territoire angolais.

Le Président José Eduardo dos Santos est forcé de négocier avec Jonas Savimbi et le 31 mai 1991, à l’Ecole Supérieure d’Hôtellerie et Tourisme d’Estoril, au Portugal, sont signés les Accords de Bicesse sous la supervision des autorités portugaises.

Les Accords de Bicesse prévoient l’organisation des élections multipartites en 1992 sous la supervision des Nations Unies et le Président José Eduardo dos Santos se prononce après la conclusion des Accords de Bicesse : « …Le peuple Angolais et le pays ont besoin de la tranquillité et de la stabilité, ils ont besoin de la compréhension et de l’appui de la communauté internationale pour construire leur futur (…) dans tout ce processus, il y avait également eu l’intervention de la communauté internationale, qui avait aidé à atténuer les divergences et à lancer les bases d’une convivialité pacifique et ouverte entre tous les Angolais (…) Je dois exprimer au nom du peuple Angolais et de son Gouvernement, et également en mon propre nom, la vive reconnaissance au Gouvernement de la République Portugaise, pour la manière engagée, exempte, sage dont elle a conduit la médiation entre le Gouvernement Angolais et l’Unita… »

Pour ne pas être lié par les Accords de Bicesse, Jonas Savimbi les fait signer par Eugenio Manuvakola, son ancien Secrétaire général.

Le Président José Eduardo dos Santos en fait autant et envoie Venancio de Moura, son ministre des Affaires étrangères pour apposer sa signature sur les Accords.

Le 29 septembre 1991, Jonas Savimbi arrive à Luanda en Angola et en octobre 1991, le Président José Eduardo dos Santos le reçoit en audience.

Les élections sont organisées en Angola les 29 et 30 septembre 1992 et donnent au premier tour, 49,57 % des voix pour José Eduardo dos Santos contre 40 % pour Jonas Savimbi.

José Eduardo dos Santos gagne ces élections.

A l’élection législative, l’UNITA obtient soixante dix (70) sièges au Parlement sur 220 mais encouragé par Mobutu Sese Seko, Jonas Savimbi reprend les hostilités après avoir rejeté tous les résultats des élections.

Jonas savimbi se retrouve isolé de la scène internationale et acculé par cette communauté internationale, il accepte, le 31 octobre 1994, de signer le Protocole de Lusaka en Zambie qui met fin à la guerre civile en Angola.

Le Protocole de Lusaka prévoit également le désarmement de l’UNITA et la mise en place d’un gouvernement d’union nationale.

Entretemps, le Président José Eduardo dos Santos s’est rapproché des américains et du bloc occidental.

En 1995, l’ONU envoie 6.500 casques bleus en Angola.

Le Président congolais Mobutu Sese Seko est chassé du pouvoir le 16 mai 1997 et Jonas Savimbi est affecté par l’éviction de son allié Mobutu du Zaïre dont le territoire constituait sa base arrière.

Jonas Savimbi, reprend la guerre en décembre 1998, sous prétexte que le Général João de Matos, Chef d’état-major général des Forces armées angolaises (FAA) aurait dit, en février 1995, que : « seule la défaite militaire de l’UNITA pourrait instaurer la paix en Angola ».

Le Conseil de Sécurité de l’ONU sanctionne l’UNITA en gelant ses avoirs et le 15 septembre 1993, il est imposé un embargo sur les armes destinées à l’UNITA.

En février 2002, Jonas Savimbi utilise son téléphone satellitaire pour appeler le Général de brigade Simao Carlitos Wala de la 20ème Brigade de l’armée angolaise, pour lui tendre une embuscade mais son appel cause sa perte parce qu’il est localisé par les experts américains et israéliens des télécommunications.

Les recherches se concentrent donc à l’Est de l’Angola, sur les rives du fleuve Luvuei, dans la province de Moxico où se cacherait Jonas Savimbi.

Repéré, il tente d’atteindre la frontière de la Zambie à une centaine de kilomètres mais le cordon sécuritaire de son QG est déjà neutralisé et Jonas Savimbi tire quelques coups de feu en direction des soldats de l’armée portugaise mais la riposte est fatale pour lui.

Jonas Savimbi reçoit une quinzaine de balles dans le corps, ce vendredi 22 février 2002 à 15 heures et il meurt sur le coup ainsi que ses vingt-et-un (21) gardes de corps.

Le Général de brigade Simao Carlitos Wala, dans le quotidien Journal de l’Angola dit : «Nous l’avons cloué de sept tirs. Il tentait de résister avec son arme à la main, mais il a fini par mourir.»

Après la mort de Jonas Savimbi, l’UNITA capitule et signe en avril 2002, les Accords de paix de Luena, un mémorandum d’Entente Complémentaire au Protocole de Lusaka qui impose un cessez-le feu et le désarmement des 50 000 combattants de l’UNITA.

Le Président José Eduardo dos Santos, dans le processus de réconciliation, intègre une grande partie des combattants de l’UNITA dans l’armée gouvernementale.

La guerre civile d’Angola a duré vingt sept (27) ans et fait plus de 500 000 morts, 100 000 personnes mutilées et plus de 4 millions de déplacés.

Des analystes soutiennent que la guerre d’Angola a duré aussi longtemps parce que les différentes puissances voulaient contrôler les richesses de l’Angola.

En effet, les deux (2) blocs de la guerre froide, américains et russes se masquaient derrière les mouvements indépendantistes angolais pour mener leur guerre car, l’Angola possède d’immense richesse minière, pétrolière et forestière.

Après être resté au pouvoir de 1979 à 2017 où il a quitté le pouvoir, soit trente-huit (38) ans de pouvoir, le Président José Eduardo dos Santos est décédé le 8 juillet 2022 à Barcelone, en Espagne.

Devenue majeure, Mihaela Marinova, la présumée fille de l’ex-Président Agostinho Neto, née en Bulgarie en 1973, entreprend des démarches pour prouver qu’Agostinho Neto est son père.

Elle effectue un test d’ADN avec Gilberto Cardoso Mariano, neveu d’Agostinho, qui réside à Londres touché par l’histoire de Mihaela Marinova.

Le test confirme que Mihaela Marinova et Gilberto Cardoso Mariano sont parents à 95 % et sont mêmes des cousins. Ce résultat permet l’annulation du premier test d’ADN effectué à Johannesburg en Afrique du Sud en 1999 avec le sang de Maria Neto, l’épouse d’Agostinho Neto.

Son épouse Maria Eugénia da Silva Neto, dit au cours d’une interview accordée à un journal : « Mon mari avait conquis un pays immensément riche, mais n’avait pas laissé un sou pour sa famille...»

Un grand mémorial a été bâti en Angola pour le premier Président de l’Angola, Agostino Neto. Il s’agit d’un bâtiment construit en 1981 qui a été réhabilité en mars 2006 par une entreprise de la République Populaire et Démocratique de Corée.

Achevé depuis le mois de février 2013, le mausolée d’Agostinho Neto est décrit comme suit : « Un mémorial avec une tour de 120 mètres de hauteur et occupe une superficie totale de 124 mille mètres carrés. Dans le bloc central se trouve le sarcophage. A l’entrée, il y a un tableau avec une photo du Président Agostinho Neto et 16 figures en bronze représentant les différentes branches des activités économiques, sociale et culturale. A droite et à gauche, il y a des salles de formation professionnelle, de conférences et d’expositions, et un musée. Au premier étage, a été créé un vitrail avec les moments d’Agostinho Neto comme homme, politique, poète, médecin et homme d’Etat. Le deuxième étage offre une vue panoramique de la zone où a été construit le Mausolée. Devant le bâtiment, se trouve une piste pour les défilés et une tribune, avec l’un des gradins latéraux avec deux mille sièges. Cet espace est entouré de jardins et de parkings. »

PAROLE FORTE :

« La paix des monopoles ! C’est-à-dire le maintien d’une situation d’exploitation et
d’esclavage et le renforcement du pouvoir des forces capitalistes…
Si c’est cela le vrai sens de la médiation américaine, il n’y aura aucune paix. »

Agostino Neto

PUBLIÉ PAR LOIDICI.COM