Pépé Kallé, de son vrai nom Jean Kabasele Yampanya wa ba Mulanga, est né à Kinshasa, le 30 novembre 1951. Fils de papa Angbando et de maman Mbula (tous décédés), il est l’aîné d’une famille de 15 enfants dont 8 garçons.
Après ses études primaires à l’école catholique Saint Charles et ensuite à Saint Paul dans la commune de Barumbu, il fait ses humanités à l’Institut Saint Raphaël de Limete et à l’Institut d’études sociales de Ngiri-Ngiri. Deux mois avant l’organisation des examens d’Etat, il abandonne les études pour entamer une carrière musicale. L’art d’Orphée fera de lui une star de renommée internationale. A sa mort, il laisse une veuve, Pauline Ndekani et une nombreuse progéniture.
Dès son bas âge, Pépé Kallé savait déjà composer des chansons qu’il cèdait à des musiciens célèbres de l’époque. Comme ses oeuvres obtenaient un grand succès sur le marché du disque, il décida ensuite d’embrasser la carrière musicale active.
L’année 1966 reste inoubliable pour ses fans, car il intègre le groupe « Le Bamboula » du soliste Papa Noël. Pépé Kallé évolue aux cotés de Madilu Systems et Bozi Boziana. Deux ans plus tard, l’éléphant de la musique congolaise crée l’orchestre African Choc dans la commune de Barumbu, le chanteur Papy Tex en fait également partie. Un jour, le saxophoniste Michel Sax qui assistait souvent aux répétions de l’African Choc, décide de prendre Pépé Kallé et Papy Tex pour les présenter au Grand Kallé Jeef, patron de l’orchestre African Jazz.
Après avoir écouté les deux jeunes gens chanter, Grand Kallé Jeef les confie au bon soin du chanteur Kouka Mathieu, aujourd’hui dans l’African Ambiance.
En 1970, Yampanya wa ba Mulanga et Papy Tex franchissent une autre étape de leur carrière en intégrant l’orchestre le Myosotis de la commune de Dendale, aujourd’hui Kasavubu. Au courant de la même année, ce groupe décide de participer au concours de musique des orchestres de jeunes organisé par le guitariste Dewayon Ebengo. Myosotis remporte le prix de meilleur orchestre. A cette occasion, Pépé Kallé épate les musiciens professionnels présents à la cérémonie de proclamation des résultats.
Le drummer de l’Afrisa International, Seskain Molenga, fait alors appel aux talents des deux vedettes pour mieux les encadrer et renforcer l’attaque-chant d’un orchestre qu’il a créé. L’accompagnateur Lokasa avait aussi recommandé à Seskin Molenga, Dilu Dilumona, chanteur de l’orchestre Révélation de la commune de Kintambo. Dès lors, on parle de la naissance du trio « Kadima » (Kabasele, Dilu et Matolu).
Après avoir abattu un travail de titan avec ses poulains, Seskin Molenga conduit son groupe, qu’il a baptisé du nom de Bakuba, au studio mobile Vévé pour l’enregistrement des chansons comme Nazoki, Na kobelela, Libaku mabe, Kanu, Nazangi tata, etc… Ces chansons attirent l’attention de Kiamwangana Mateta Verkys, Pdg de l’écurie Vévé et propriétaire du studio mobile du même nom, qui décide de s’occuper également de l’édition, la distribution et la commercialisation de ces oeuvres. Dès leur apparition sur le marché du disque, ces chansons, récoltent un succès sans précédent. Seskin Molenga voyage par la suite avec l’orchestre Afrisa International pour Paris où ils tiendront en haleine l’exigeant public de la mythique salle de l’Olympia. Grâce au succès récolté par les chansons cités plus haut, le trio « Kadima » signe un contrat d’édition avec l’écurie Vévé.
Kiamwangana mettra alors à la disposition du trio un équipement de musique pimpant neuf de marque Rangers. Peu après, se référant à l’existence historique de l’Empire Bakuba, dont on situe de nos jours les limites et les descendants au territoire de Mweka, dans la province du Kasai Occidental que le trio « Kadima » décide d’ajouter au nom déjà existant de Bakuba celui d’Empire. L’Empire Bakuba venait ainsi de renaître, cette fois-ci, dans le domaine musical prêt à occuper les meilleures places de différents hit parades tant nationaux que continentaux durant plus de vingt-cinq ans.
Le trio « Kadima » va organiser son premier concert le 7 mars 1973 au dancing bar Vis-à-Vis. Devenu une réalité pour les mélomanes, l’Empire vole de succès en succès durant sa longue carrière. l’éléphant de la musique congolaise, Matolu Dode, Dilu Dilumona et leur orchestre sont plusieurs fois plébiscités les meilleurs de l’année. Le titre de champion d’Afrique et des Caraïbes, décerné à l’Empire Bakuba grâce au succès récolté par l’album « Poum Moun Paka Bougé », consacre l’universalité de la musique de cet orchestre. Depuis lors, au cours des référendums organisés par les chroniqueurs de musique (Acmco) Pépé Kallé ne manque jamais d’obtenir un prix. Ceci, grâce à ses multiples talents : meilleur chanteur, meilleur auteur-compositeur, meilleure chanson et l’Empire Bakuba, meilleur orchestre. Pépé Kallé s’illustre par plusieurs chansons à succès qui contribuent à sa propre renommée et à celle de l’Empire Bakuba sur le plan international, telles que Nazoki, Zabolo, Poun Moun Paka bougé, Escroquerie Moyibi, Bitoto, Article 15, Divisé par deux, Mbula… Dans cette dernière chanson, il immortalise sa chère mère.
De son vivant, cet artiste qui pesait plus de 150 Kgs a beaucoup contribué à la promotion de l’Empire Bakuba. Il évoluait parfois en solo pour soutenir son groupe durant les passages à vide, c’est dans ce cadre qu’il a produit les albums Zabolo, Poun Moun Paka bougé, Divisé par deux, Cocktail. Ce virtuose de la chanson et l’Empire Bakuba comptent parmi les artistes et les orchestres les plus féconds de notre musique. Selon notre confrère Mbunga Natoko Ngadiadia, la dimension universelle de la musique de Pépé Kallé tient à son orignalité vocale, à sa richesse thématique, à la diversité des mélodies et à son engouement rythmique. Cette musique qui est appréciée partout dans le monde est sans doute de tous les âges, de toutes les générations (de 7 à 77 ans), sans distinction de races, de tribus, d’ethnies, de langues, d’idéologies et de religions.
A travers ses chansons, Pépé Kallé a notamment exhalté l’amour de la patrie, les richesses culturelles, les potentialités économiques du pays, le sens du devoir pour la jeunesse, l’esprit de famille, la fidélité dans les relations humaines, la douleur de la séparation et même la mort. Il faut aussi signaler que l’enfant de maman Mbula fut un grand patriote entièrement mobilisé pour la cause de son pays, comme le prouve notamment sa brillante participation à l’enregistrement des chansons « Mwana mpwo » (Franc congolais) et « Tokufa mpo na ekolo ».
Du côté caractère, malgré sa redoutable force de frappe (il était judoka et boxeur), Pépé Kallé était tempérant, amusant, abordable, accueillant, courageux, débrouillard, humble, serviable, simple, généreux, unificateur, bon encadreur, dragueur des jolies nanas, comme son ami d’enfance et confident Matolu Dode Jean Papy Tex.
Les membres du trio « Kadima » s’amaient, savaient se supporter et se pardonner mutuellement. La preuve en est que le trio a réussi contre vents et marées à maintenir l’orchestre en activité pendant 26 ans. Un record dans la musique congolaise où les orchestres sont habitués à se disloquer au fil du temps.
Dans sa vie d’artiste, Pépé Kallé était aussi très reconnaissant à l’égard de ses bienfaiteurs, ses amis et connaissances. Il a reconnu leurs bienfaits et mérites à travers les chansons où il les a immortalisés comme: Likinga, Madi Madimba, Dadou, Mama Leki Ndaya, Mutualié Saint Paul, Mbula… pour ne citer que celles-là.
Pépé Kallé était très social et répondait favorablement aux appels de tous ceux qui avaient besoin de lui pour l’enregistrement de leurs oeuvres. Il a chanté avec les musiciens des orchestres Bella-Bella, Lipwa Lipwa, Viva-la-Musica, T.P. Ok Jazz, l’immortel Vévé, Bana Ok, etc. Il a également accompagné plusieurs vedettes nationales et internationales dans la réalisation de leurs albums en solo. Son timbre vocal, d’une originalité remarquable, était commercialement mise à la disposition des autres.
Pépé Kallé est décédé le 28 novembre 1998 à 23 h00 avant qu’on ne l’achemine d’urgence à la clinique Ngaliema.
Il a été pleuré par toute la Nation congolaise ainsi que par de nombreuses délégations étrangères. Son corps a été exposé le dimanche 6 décembre au Palais du Peuple pour que tout le monde lui rende un dernier hommage. Les membres de sa famille, les artistes musiciens présents à Kinshasa, les membres du gouvernement de Salut public, ses amis et connaissances, les membres du corps diplomatique accrédités à Kinshasa, les autorités tant civiles que militaires, la crème du beau monde de la capitale et les habitants des faubourgs, s’étaient fixés rendez-vous dans la grandiose oeuvre d’architecture chinoise.
Il a été aussi décoré à titre posthume avant son enterrement dimanche dans l’après-midi au cimetière de la Gombe. Signe d’un hommage exceptionnel, sa dépouille mortelle a été escortée par des motards de la Police nationale, jusqu’au cimetière de la Gombe où elle a été inhumée en présence d’une marée humaine venue témoigner son attachement à l’endroit de l’illustre disparu.
Source : www.congo2000.net