MANU DIBANGO (CAMEROUNAIS)

Emmanuel N’Djoké alias Manu Dibango voit le jour le 12 décembre 1933, à Douala (Cameroun).

Ses parents sont originaires d’ethnies différentes (son père, fonctionnaire, est yabassi, sa mère, douala), ce qui ne convient pas à une société africaine structurée suivant des coutumes ancestrales).

Sa famille, de confession protestante, lui fait quotidiennement fréquenter le temple, où sa mère dirige la chorale.

Passe ton Bac d’abord.

Après des études primaires, l’apprentissage du français, et l’obtention du certificat d’études, on lui permet de suivre des études françaises, via la Sarthe, puis à Chartres et Reims, où il s’initie à la fois au jazz, à la mandoline, au piano, et au saxophone.

C’est dans une colonie réservée aux petits camerounais que Manu croise Francis Bébey (futur et immortel créateur d’ « Agatha » et de « Si Les Gaulois Avaient Su… »).

En guise de préparation au baccalauréat, Manu fréquente surtout les différents lieux de concerts de la ville (comme Le Monaco), et son père, ulcéré par son échec à la seconde partie de l’examen, lui coupe les vivres en 1956.

Le musicien assure alors divers engagements à Bruxelles, où il rencontre celle qui devient son épouse, un mannequin surnommée Coco (avec laquelle il adoptera une petite Georgia, fille d’une cousine).

Il se trouve à Charleroi, Ostende et Anvers (toutes lieux d’implantation des bases américaines), au moment de l’accession du désormais ex Congo Belge à l’indépendance (1960), et son inspiration plonge pour le coup au plus profond de ses racines africaines, grâce au contact avec les futures élites zaïroises.

Dibango est par la suite engagé par le chef d’orchestre de l’African Jazz, Joseph Kabasélé Tshamala, dit Le Grand Kalle, père de la musique congolaise moderne, et qui accueille au sein de son ensemble rien moins que Tabu Ley Rochereau, ou Dr Nico. Le groupe enregistre des disques à succès (une quarantaine de titres, dans un studio bruxellois), et se produit partout en Afrique. En 1961, Manu et son épouse s’envolent pour Kinshasa et prennent en gérance une boîte, puis deviennent propriétaires d’un second établissement.

C’est en 1962 et à Léopoldville que Dibango joue pour la première fois des airs de twist (« Twist à Léo ») devant une audience africaine : le succès est phénoménal.Néanmoins, alors qu’il espérait être en 1963 accueilli à bras ouverts dans son pays, le saxophoniste est meurtri de la réception camerounaise. Sa tentative de créer un nouveau lieu de nuit se solde en effet par une accumulation de dettes, des tracasseries administratives, et de multiples descentes de police.

De retour en France, Manu crée son Big Band en 1967. C’est alors qu’il rencontre Victor-Hégésippe Gésip Légitimus, producteur de télévision qui vient de créer la série d’émissions Pulsations. A cette occasion, Gésip encourage le musicien à durcir son propos musical, et urbaniser son inspiration.Dibango travaille par la suite pour deux chanteurs croisés sur les plateaux de Pulsations : Dick Rivers, et Nino Ferrer (pour lequel il joue tout d’abord de l’orgue Hammond, puis du saxophone, finissant par diriger son orchestre).

Dès 1969, et après un premier enregistrement très jazz, le camerounais retrouve son public africain, en enregistrant des disques qui lui sont directement dédiés.

En 1972, c’est la face b d’un 45 tours qui fait le tour du monde : « Soul Makossa », plus gros tube continental de tous les temps, offre l’Afrique au monde occidental, et leurs origines aux musiciens afro-américains. Issu d’une danse traditionnelle – le douala – le makossa reste la musique emblématique des trottoirs des grandes villes camerounaises. Accolée au terme de soul (qui tricote ce lien magique et mélodique entre rhythm and blues, blues, et jazz), la danse aspire à l’universel : elle y parvient. Pour mémoire, il convient de noter que la face a de ce disque mythique n’est autre que l’hymne de la huitième Coupe d’Afrique des Nations…Dans cette déferlante, Manu occupe donc la scène de l’Appollo de Harlem, puis celle de l’Olympia de Paris, avant de s’envoler pour une tournée en compagnie des cubains de la Fania All Stars.

A partir de 1975 et durant quatre années, le musicien dirige à Abidjan l’Orchestre de la Radio-Télévision Ivoirienne.

Le 13 janvier 1976, le père de Manu décède, suivi quelques mois plus tard par sa mère.

En 1978, il enregistre un album (Home Made) avec des musiciens nigérians, puis rallie la Jamaïque, pour des sessions (de l’album Gone Clear) aux côtés de la plus célèbre section rythmique du reggae, Sly Dunbar et Robbie Shakespeare. Au mois d’octobre 1979, le saxophoniste installe sa famille à proximité du cimetière parisien du Père-Lachaise.

Quelques œuvres :

  • Africadelic : Le Best … [2003]
  • Past Present Futur [2011]
  • Tournée Générale [2009]
  • Ballad Emotion By Manu… [2011]
  • Souffleurs De Vers Tou… [2009]
  • The Very Best Of Manu [2010]
  • Dance With Manu Dibang… [2004]
  • Afro-Soul Machine [2011]
  • Be Side [2007]
  • Manu Dibango Joue Sidn… [2007]
  • The Rough Guide to Man… [2004]
  • Essential Recordings [2008]
  • Live 91 [2005]
  • Gone Clear [1990]
  • Choc’N’Soul [2010]
  • African Woodoo [2009]
  • Lion Of Africa [2007]
  • Wakafrika [1994]
  • Wakafrika [2005]
  • Soul Makossa [1994]
  • Africadelic [2006]
  • Electric Africa [2009]

Source : www.music-story.com