REKI MOUSSA (NIGERIENNE)

A 38 ans, Réki Moussa est PDG de « ASUSU SA » Ciigaba, une Institution de microfinance créée avec l’aide de la BAD et qui règne sur la moitié du marché de la microfinance à Niamey.

« ASUSU SA » emploie 130 employés et a plus de 200 000 clients avec un capital de 3,5 millions d’Euros ou 2 milliards 295 millions 849 mille 500 Francs CFA, détenu, notamment, par deux fonds d’investissement, un encours de crédit de 6,15 millions d’Euros ou 4 milliards 034 millions 135 mille 550 Francs CFA.

Cette banque, elle l’a créée en juillet 2008 après avoir fondé une association menant des activités identiques.

Pour plus de rentabilité, elle a finalement opté pour la société anonyme. « La structure associative ne nous permettait pas de lever des fonds à moindre coût », explique-t-elle, un œil sur son BlackBerry.

Fille de colonel, Ingénieure de formation, Réki Moussa a commencé en 1995, battant la brousse Nigérienne au volant d’un 4×4 – « pour une femme, c’était mal vu » – pour proposer aux plus pauvres des produits de crédit et d’épargne.

Elle se souvient : « On me disait que j’étais rêveuse. Moi, j’étais sûre que ça marcherait. ».

Quinze ans plus tard, elle multiplie les « missions », passe à la télévision, paie les meilleurs cours du soir à sa fille et finance les études supérieures de son fils.

La gamine qui posait trop de questions – « on m’appelait la journaliste » – a réussi.

Enfin, pas encore assez à son goût : elle veut implanter ASUSU SA au Burkina, au Mali et au Sénégal.

En ce début de XXIe siècle bercé par la litanie des catastrophes – les marchés se dérèglent, les fossés entre riches et pauvres se creusent, la planète a trop chaud –, il y a peut-être une bonne nouvelle : Réki Moussa n’est pas un cas unique en Afrique.

Elle explique l’engouement pour sa méthode « Meta Masu Dubar » (« Femmes en mouvement », en langue haoussa), qui a permis à 7 000 femmes rurales très pauvres de se constituer une épargne, par le très faible taux de bancarisation au Niger.

Elle reconnaît que certaines valeurs, sociales, culturelles et religieuses « empêchent bien souvent les femmes d’avoir accès au crédit et de devenir des décideurs ».

Mais, à l’instar de l’Egyptienne Amany Asfour, Présidente de la fédération des femmes d’affaires du Marché commun d’Afrique orientale et australe (Comesa), elle refuse que la religion musulmane soit mise en cause. « L’islam, rappelle cette dernière, n’a jamais interdit aux femmes de commercer. »

Au Kenya, où le nombre d’entrepreneurs femmes dépasse celui des hommes, ces dernières se regroupent dans des « chama », groupes d’investissement collectifs. Inspirés des « tontines », les fonds ont pris une telle importance que des établissements bancaires essaient maintenant de récupérer ce pactole.

Source : www.africansuccess.org