BLEHOUE AKA GEORGES – PLANTEUR – IVOIRIEN

Tout a commencé pour lui avant les années 1960. Son père lui avait donné deux hectares de forêts. Qu’il mettra en valeur, parallèlement aux activités de manœuvre qu’il a exercées pendant 7 ans.

L’émérite exploitant agricole reconnaît avoir souffert.

Il parcourait à pied une trentaine de kilomètres pour se rendre du campement de Bleouékro ou d’Adaou à Akakro1. Il travaillait avec un matériel rudimentaire, (daba, machettes…) C’est quelques années plus tard que les données vont changer. Lorsque ces premières plantations de café, cacao et d’hévéas vont arriver à maturité, il va se doter de moyens plus efficaces : camions de ramassage, pulvérisateurs, décortiqueuses de café, tracteurs, etc.

Les sites d’Aduabo, de Linguè et d’Akakro2 seront créés par la suite. A Akakro 2, en plus des cultures de rente, il a cultivé 50 ha de manioc destinés à la consommation des travailleurs. A Aduabo, Blehoué Aka dispose de 1000 ha de palmiers à huile. Auxquels il a ajouté cette année 200 ha. Mais il affirme que ce n’est pas facile. Car il lui faut trouver 26 millions de francs pour l’achat d’engrais. Car la zone où se trouvent les plans de palmier est marécageuse. Les feuilles de certains palmiers ont commencé à jaunir. Malgré tout, il reste serein.

Et il ne veut pas rester à ce stade. Tant qu’il y aura de l’espace, il va l’exploiter. C’est ainsi qu’il a mis l’année dernière en terre 50 ha d’hévéas sur le site du campement de Linguè où il y a aussi du café. Ici, il bâtira une école primaire, une église et une mosquée pour les travailleurs et des campements environnants.

Okaingni Louis, président de la coopérative café-cacao Aléhahun d’Alepé, est tombé sous le charme …des travaux d’Hercule abattus par son devancier dans l’agriculture. « J’admire son courage. Ses plantations sont comme des plantations industrielles. Il est difficile de croire que cela est l’œuvre d’une seule personne. Il fait des ouvertures de voies en pleine forêt. Franchement, il est à féliciter », dira-t-il.

Ce ne sont pas des affirmations gratuites. Le bon sens voudrait que l’on reconnaissance que M. Blehoué Aka Georges, ressortissant d’Adaou, est un grand planteur.

Un véritable opérateur économique. Qui allie culture de rente tels l’hévéa, le café, le cacao et le palmier à huile et cultures vivrières, comme le maïs, le manioc, le riz. Ces milliers d’hectares de terres cultivées font de lui un modèle de réussite. Une réputation à nul pareil dans le département d’Aboisso. Et pourtant, il a entamé sa carrière agricole sans grands moyens et sans aide extérieure. Sa persévérance a fini aujourd’hui par payer car il a pu se faire une place au soleil.

Son credo, le courage, le travail bien fait et surtout l’amour pour le travail de la terre. Sa passion. A 76 ans, il continue de tenir sa machette au champ.

On peut le dire, c’est un bosseur qui n’aime pas trop médiatiser ses actions. Le plus important pour lui, c’est de contribuer au développement de son pays. Lui qui fait profiter les retombées de ses labeurs au département d’Aboisso. Cet acte est à saluer. L’homme est constamment assailli par des sollicitations et autres requêtes qui fusent de partout. Il ne se lasse jamais de faire face aux besoins des demandeurs en fonction de ses possibilités. Il n’hésite pas aussi à prodiguer ici et là des conseils en vue de la promotion du travail de la terre. Un secteur qu’il considère comme valorisant.

Cependant, étant donné qu’il a atteint un stade très élevé dans la production des différentes spéculations, il doit envisager de passer à l’étape de la transformation. Par la mise sur pied de petites unités de transformation. Comme par exemple une huilerie. Ce qui permettra de contribuer à la lutte contre la pauvreté et, une fois de plus, au combat de l’insertion sociale. Aujourd’hui, dans le monde agricole, le doyen Blehoué Aka est une figure emblématique avec les Sansan Kouao, Yao Fils Pascal, Brou Adou … de grosses têtes de la filière café-cacao. Ces derniers reconnaissent son mérite.

C’est pourquoi, à Yamoussoukro, ils ont placé récemment leur confiance en M. Blehoué pour diriger le Conseil national des producteurs de café-cacao de Côte d’Ivoire. En vue de mettre un terme au désordre qui règne dans leur filière. Un engagement qu’il veut réussir. Car, pour lui, la filière ne doit pas mourir. Puisque l’économie repose essentiellement sur l’agriculture. Et que l’avenir de la Côte d’Ivoire en dépend.

Pour l’aider à entretenir ses plantations, M. Blehoué Aka a fait progressivement appel à 180 travailleurs. A qui il tient à garantir de bonnes conditions de travail. En les motivant et les payant régulièrement. Dans ses différents campements visités, l’on a constaté qu’il a offert des motos aux chefs d’équipes et des téléphones mobiles pour faciliter la communication ou résoudre un problème éventuel et la mobilité des manœuvres agricoles sur le terrain.

Ceux qui tombent malades sont soignés, affirment Aka Georges et Zoungrana Jean, deux responsables des employés. Et cela, aux frais de l’employeur. Un médecin particulier est au service des travailleurs. Des bottes, limes, machettes, dabas et tenues de travail leur sont offertes. Et des maisons en dur (plus de 40) ont été construites dans des campements pour eux. « Nous sommes motivés pour donner de bons rendements. Que Dieu accorde longue vie à notre employeur », confie Zoungrana Jean, chef du campement d’Aduabo.

M. Blehoué, en plus du salaire qu’il garantit à ses agents, n’hésite pas à leur faire des dons en nature ou en espèces. Des champs de maïs, de riz et de manioc ont été réalisés pour leur permettre de se nourrir. Ainsi, dans le campement d’Aduabo, les agents disposent de 40 tonnes de riz pour leur consommation. Par ailleurs, le doyen Blehoué forme ses employés aux techniques culturales.

Sources : www.africatime.com