LEOPOLD SEDAR SENGHOR – ECRIVAIN – SENEGALAIS

Né le 9 octobre 1906 à Joal, petite ville côtière du Sénégal, l’itinéraire de Léopold Sédar Senghor est exceptionnel.

Issu d’une famille riche, il a une enfance sans problème.

Bachelier en 1928, il poursuit ses études à Paris où il rencontre Aimé Césaire, poète de la Martinique. Descendant des anciens esclaves déportés de leur Afrique natale vers l’Amérique, Aimé Césaire traduit dans sa poésie la révolte du colonisé contre le colonisateur.

Au moment où Léopold Sédar Senghor le rencontre, il vient de formuler le concept de négritude, qui désigne l’ensemble des caractères, des manières de penser, de sentir propres à la « race » noire.

En 1928, il rencontre Georges Pompidou au Lycée Louis-le-Grand.

Dès 1934, Léopold Sédar Senghor fonde à Paris, avec Damas et Césaire, la revue « l’Etudiant noir » qui sonne le réveil des consciences et exhibe les différences après le laminage colonial.

En 1936, Léopold Sédar Senghor obtient son agrégation de grammaire, devenant ainsi le premier agrégé africain de l’Université française.

L’année 1945 marque le début de sa carrière politique. Après la Libération, Léopold Sédar Senghor est élu député à l’Assemblée Constituante et participe alors à la rédaction de la Constitution de la Quatrième République.

La même année, il publie son premier recueil « Chants d’ombre ».

Léopold Sédar Senghor a été plusieurs fois Délégué de la France à la conférence de l’Unesco et à l’assemblée générale de l’ONU.

En 1955-1956 il a été nommé Secrétaire d’Etat à la Présidence du conseil au Cabinet d’Edgar Faure avant de devenir en 1960 le premier Président de la République du Sénégal et le restera jusqu’en 1980.

Chantre de la négritude et théoricien de la « civilisation de l’universel », Léopold Sédar Senghor a « toujours cru à la nécessité d’un enracinement dans les valeurs traditionnelles en même temps qu’à l’ouverture sur le monde et au dialogue des cultures ».

Docteur honoris causa de nombreuses universités, membre de l’Institut de France, le 2 juin 1983 il est élu à l’Académie française.

Dans son Anthologie de la négritude (Ed. L’Harmattan), Mongo Beti relevait que Léopold Sédar Senghor « constamment présenté comme le porte-drapeau de la francophonie, est devenu à tel point emblématique que sa personne et son oeuvre se sont figées en clichés, qui servent de support à un véritable mythe ».

Léopold Sédar Senghor est mort le 20 décembre 2001 à Verson en France.

Ses oeuvres :

1°) Chants d’ombre (1945) ;

2°) Hosties noires (1948) ;

3°) Anthologie de la nouvelle poésie nègre et malgache (1948) ;

4°) Langage et poésie négro-africaine (1954) ;

5°) Ethiopiques 1956 ;

6°) Nocturnes (1961) ;

7°) Lettres d’hivernage ;

8°) Elégies majeures (1979) ;

9°) Chants pour Naett (poésie).

Un extrait des oeuvres poétiques :

Femme nue, femme noire

Vêtue de ta couleur qui est vie, de ta forme qui est beauté

J’ai grandi à ton ombre; la douceur de tes mains bandait mes yeux

Et voilà qu’au cœur de l’Eté et de Midi,

Je te découvre, Terre promise, du haut d’un haut col calciné

Et ta beauté me foudroie en plein cœur, comme l’éclair d’un aigle

Femme nue, femme obscure

Fruit mûr à la chair ferme, sombres extases du vin noir, bouche qui fais
lyrique ma bouche

Savane aux horizons purs, savane qui frémis aux caresses ferventes du Vent d’Est

Tam-tam sculpté, tam-tam tendu qui gronde sous les doigts du vainqueur

Ta voix grave de contralto est le chant spirituel de l’Aimée

Femme noire, femme obscure

Huile que ne ride nul souffle, huile calme aux flancs de l’athlète, aux
flancs des princes du Mali

Gazelle aux attaches célestes, les perles sont étoiles sur la nuit de ta
peau.

Délices des jeux de l’Esprit, les reflets de l’or ronge ta peau qui se moire

A l’ombre de ta chevelure, s’éclaire mon angoisse aux soleils prochains
de tes yeux.

Femme nue, femme noire

Je chante ta beauté qui passe, forme que je fixe dans l’Éternel

Avant que le destin jaloux ne te réduise en cendres pour nourrir les
racines de la vie.

Sources: www.africultures.com / www.senegal-online.com