L’EUTHANASIE

Le mot euthanasie a été inventé par le philosophe anglais Francis Bacon dans les années 1561. Il est composé de deux (2) particules « eu » qui signifie « bien » et « thanatos » qui veut dire « mort ».

La définition littérale de ce mot est donc « bonne mort» car l’euthanasie était considérée comme une mort paisible, une mort sans souffrance et sans douleur ; Une élimination dans la douceur.

L’euthanasie ne date pas d’aujourd’hui.

Déjà chez les Battaki de Sumatra, des primitifs, un père pouvait inviter ses enfants à manger sa chair et pour ce faire, il se laissait tomber d’un arbre comme un fruit mûr et ses enfants après l’avoir tué le mangeaient.

Egalement, pour des raisons d’utilité publique, Aristote approuvait la mort des enfants malformés.

Dans la Grèce antique, il était établi qu’une mauvaise vie n’était pas digne d’être vécue et la pratique de l’euthanasie ne causait pas de problème.

Au XXème siècle, les nazis, dans leur programme intitulé « Programme nazi AkTION T4 » procédaient à l’élimination des personnes qu’ils jugeaient inaptes à vivre du fait de leur état mental ou de leur handicap.

Les dirigeants allemands supprimaient donc ces bouches qu’ils trouvaient inutiles pour le soulagement de l’économie et le renforcement de l’effort de guerre.

Le « Programme nazi AkTION T4 » établi par les dirigeants allemands a été utilisé pour éliminer principalement les juifs et les tsiganes de 1939 à 1941.

Plus de 70 000 personnes ont ainsi été tuées par les allemands.

Perçue de cette façon, l’euthanasie a été rejetée par plusieurs personnes dont le médecin Hippocrate et le philosophe Pythagore.

Le serment d’Hippocrate est né après qu’une mort ait été donnée volontairement.

Aujourd’hui, tout médecin qui prend fonction répète le serment d’Hippocrate qui interdit de donner volontairement la mort et le serment d’origine, rédigé par Hippocrate en grec et traduit en français par Emile Littré est : « Je jure par Appolon, médecin, par Esculape, par Hygie, et Panacée, par tous les dieux et toutes les déesses, les prenant à témoin que je remplirai, suivant mes forces et ma capacité, le serment et l’engagement suivants : Je mettrai mon maître de médecine au même rang que les auteurs de mes jours ;Je partagerai avec lui mon avoir et, le cas échéant, je pourvoirai à ses besoins ; Je tiendrai ses enfants pour des frères, et, s’ils désirent apprendre la médecine, je la leur enseignerai sans salaire ni engagement;Je ferai part de mes préceptes, des leçons orales et du reste de l’enseignement à mes fils, à ceux de mon maître et aux disciples liés par engagement et un serment suivant la loi médicale, mais à nul autre ; Je dirigerai le régime des malades à leur avantage, suivant mes forces et mon jugement;Je m’abstiendrai de tout mal et de toute injustice ; Je ne remettrai à personne du poison, si on m’en demande, ni ne prendrai l’initiative d’une pareille suggestion ; semblablement, je ne remettrai à aucune femme un pessaire abortif ; Je passerai ma vie et j’exercerai mon art dans l’innocence et la pureté ; Je ne pratiquerai pas l’opération de la taille 1 ; Dans quelque maison que je rentre, j’y entrerai pour l’utilité des malades, me préservant de tout méfait volontaire et corrupteur, et surtout de la séduction des femmes et des garçons, libres ou esclaves ; Quoi que je voie ou entende dans la société pendant ou même hors de l’exercice de ma profession, je tairai ce qui n’a jamais besoin d’être divulgué, regardant la discrétion comme un devoir en pareil cas. Si je remplis ce serment sans l’enfreindre, qu’il me soit donné de jouir heureusement de la vie et de ma profession, honoré à jamais des hommes ; Mais si je viole et deviens parjure, qu’un sort contraire m’arrive. »

Le serment d’Hippocrate a été modifié dans pratiquement tous les Etats mais l’idée principale est l’obligation faite aux médecins d’exercer la médecine dans le respect de l’éthique et de préférer la vie à la mort.

Après la deuxième guerre mondiale et à la suite de l’avènement du christianisme, l’euthanasie a continué à être décriée.

Définie par le Larousse, comme l’acte d’un médecin qui provoque la mort d’un malade incurable pour abréger ses souffrances ou son agonie, l’euthanasie revêt plusieurs formes. Elle peut être active c’est-à-dire un acte volontaire pour mettre fin à la vie d’une personne ou passive. L’euthanasie passive consiste à interrompre un traitement curatif ou arrêter les instruments ou les produits qui maintiennent un malade en vie.

L’euthanasie indirecte est l’administration d’un analgésique ou antalgique qui peut entraîner la mort d’un malade, sans que l’on n’ait recherché cette mort.

L’aide au suicide, une autre forme d’euthanasie consiste à fournir des moyens au malade pour qu’il mette fin à ses jours.

Enfin, est considéré comme un cas d’euthanasie, le suicide assisté où la personne malade qui ne peut commettre elle-même l’acte, demande de façon expresse à une tierce personne de le commettre à sa place.

Ces formes d’euthanasie ont été utilisées par plusieurs malades. Il y a le cas de l’enseignante française, Chantal Sebire.

Agée de cinquante deux (52) ans et atteinte d’une tumeur incurable qui déformait de façon cruelle son visage avec des douleurs atroces, la perte de l’odorat, du goût et de la vue, elle a demandé à la justice et au Président français Nicolas Sarkozy de lui accorder « le droit de mourir dans la dignité » en l’autorisant à se faire euthanasier.

Sa requête a été rejetée le 17 mars 2008 par le Tribunal de Grande Instance de Dijon. Chantal Sebire a été retrouvée morte à son domicile de Plombières-les-Dijon, en Côte d’Or le 19 mars 2008.

Aux Etats-Unis, Karen Ann Quinlan après un régime draconien a perdu connaissance au cours d’une fête et est tombée dans le coma en avril 1975.

Son cerveau, atteint de lésions irréversibles, a été branché à un respiratoire artificiel.

En juin 1975, les parents de Karen Ann Quinlan, des croyants, ont permis le maintien des soins mais ont signé une autorisation pour que l’équipe médicale débranche l’appareil respiratoire.

L’hôpital a refusé parce que Karen Ann Quinlan, âgée de vingt-et-un (21) ans n’était plus sous la garde de ses parents et le recours déposé devant une Cour de New Jersey par les parents de cette dernière a été rejeté.

Karen a été alimentée artificiellement pendant neuf (9) ans avant de mourir en 1985.

Dame Terri Schiavo des Etats-Unis, âgée de quarante (40) ans et atteinte d’un accident vasculaire-cérébral est restée dans le coma, dans un état végétatif irréversible pendant quinze (15) ans.

Son mari avait demandé que les appareils soient débranchés mais les parents de la malade s’y sont opposés.

La demande de l’époux a été acceptée par la Justice de Floride et la Justice fédérale américaine.

Dame Terri Schiavo est donc morte après que les appareils aient été débranchés.

En France, le personnel de santé n’est pas en reste dans les cas d’euthanasie. Dame Druais France atteinte d’un cancer du pancréas en phase terminale, à l’âge de soixante cinq (65) ans a sollicité le Docteur Laurence Tramois et l’infirmière Chantal Chanel le 25 août 2003 pour l’aider à mourir en lui injectant du chlorure de potassium. Le Docteur et l’infirmière ont été accusées d’empoisonnement et de complicité d’empoisonnement le 13 juin 2006.

Un infirmier de trente (30) ans a injecté, le 16 ami 1984, à une patiente gravement malade de quatre-vingt six (86) ans, une dose mortelle de chlorure de potassium. Cet infirmier a néanmoins été acquitté par la Cour d’assises du bas-Rhin.

Le Pr Léon Schwartzenberg, ancien ministre délégué de la Santé en France qui a révélé avoir, le 16 août 1987 aidé un patient à mourir a été suspendu par le conseil de l’Ordre pour un an, le 17 juillet 1990 mais le Conseil d’Etat a annulé la sanction le 11 juin 1993.

Dame Christiane Malèvre, ex-infirmière à l’hôpital de Mantes-la-Jolie a été condamnée à douze (12) ans de réclusion criminelle le 15 octobre 2003 pour avoir euthanasié six (6) patients.

Le Docteur Joël de Bourayne, cardiologue à la clinique « La Martinière de Saclay » est suspecté d’avoir euthanasié neuf (9) patients mais mis en examen le 3 juillet 2000, il a bénéficié d’un non-lieu le 16 février 2005 parce qu’il aurait donné que des soins palliatifs sans intention de pratiquer une euthanasie.

Enfin, le 27 février 2006, Marie et le Dr Frédéric Chaussoy qui avaient avoué avoir aidé à mourir, Vincent Humbert, tétraplégique, à sa demande, ont obtenu un non-lieu. Le juge a estimé qu’ils ont agi sous l’emprise d’une contrainte les exonérant de toute responsabilité pénale.

Avec le progrès de la médecine et les soins palliatifs pour soulager la douleur des malades, la question de mettre fin à la vie de certaines personnes se pose.

L’euthanasie reste source de débats dans plusieurs pays.

En France, l’euthanasie est interdite car elle est assimilée à un empoisonnement ou un assassinat, même si la loi admet au malade le droit d’avoir une fin digne.

En Suisse, l’euthanasie est interdite mais le suicide assisté admis.

Au District de Columbia aux Etats-Unis d’Amérique, l’euthanasie est autorisée pour les malades en phase terminale.

Depuis la loi du 28 mai 2002, l’euthanasie est autorisée en Belgique sous certaines conditions.

En Australie, tout en imposant plusieurs mesures de sécurité administratives, la loi « Rigths of the Terminally Ill Bill » de février 1995 autorise l’euthanasie.

Dans plusieurs pays d’Afrique, même s’il est pratiqué des mises à mort rituelles, le débat sur l’euthanasie est inexistant.