L’ENDETTEMENT DE LA CÔTE D’IVOIRE

Prospère dans les années 1960 avec les profits générés par les exportations de café, de cacao et du bois, la Côte d’Ivoire sous le règne du Président Félix Houphouët-Boigny avait un Produit Intérieur Brut ou (PIB) de près de 7%.

En 1973, la dette de la Côte d’Ivoire est seulement de 100 milliards de Francs CFA soit 17,7 % du PIB.

En 1974 avec la multiplication du cours du café par quatre (4) et celui du cacao par trois (3), la Côte d’Ivoire encaisse des bénéfices considérables et en profite pour investir dans différents secteurs. Ces projets se rapportent à la construction de routes, de ponts, des hôpitaux, des usines, des marchés et des immeubles. Ces investissements font de la Côte d’Ivoire, l’un des pays les plus industrialisés d’Afrique.

Le Président Félix Houphouët-Boigny dans ses prévisions souhaite rendre productif tous les investissements comme la Sodesucre, réalisés à des coûts faramineux et qui a coûté 100 milliards de Francs CFA à la Côte d’Ivoire.

La Sodesucre devrait produire 300.000 tonnes de sucre par an mais, cette unité n’a pu produire que 150.000 tonnes l’année et constatant l’échec de cette opération, les locaux de la Sodesucre situés à Katiola et à Serebou ont été fermés successivement et cédés aux privés à moins de 30 milliards de Francs CFA.

Il en fut de même pour bien d’autres investissements.

Ces programmes d’investissements publics ont accru les dépenses publiques de l’Etat ivoirien et le Président Félix Houphouët-Boigny a été contraint de recourir aux emprunts extérieurs.

Obtenir les prêts a été facilitée par la croissance économique qu’affichait l’Etat de Côte d’Ivoire et qui forçait le respect et l’admiration des autres Etats.

La Côte d’Ivoire a donc reçu un emprunt avec 44,8 % accordées par différents pays ; 20 % prêté par le secteur privé ; 34 % par les multinationales et 0,4 % prêtés par des créanciers divers.

En 1980, les problèmes de la Côte d’Ivoire commencent lorsque l’Indonésie et la Malaisie se positionnent sur le marché du café et du cacao, entraînant la chute des cours de ces produits, particulièrement le cacao qui connaît une baisse de 25 % ; Les exportations des produits autres que le café et le cacao diminuent de 2 % du fait de l’accroissement du prix des biens et services fabriqués en Côte d’Ivoire ; La politique de protectionnisme avec l’instauration des quotas d’importation et la mise en place de barrières douanières fait chuter les importations et les fluctuations des cours internationaux du café et du cacao freinent le développement de la Côte d’Ivoire.

Le miracle ivoirien prend fin à partir de cette période.

En 1985, la dette de la Côte d’Ivoire passe de 100 milliards de Francs CFA à 2 billions 371 milliards de Francs CFA soit 75,6 % du Produit Intérieur Brut.

Malgré les difficultés économiques de la Côte d’Ivoire, le train de vie des politiques ne connaît pas de changement tout comme les charges courantes de l’Etat, les salaires des fonctionnaires, les charges d’entretien, les charges d’éclairage et bien d’autres dépenses.

Un réel besoin de moyens financiers se fait sentir.

En 1989, la Côte d’Ivoire se tourne vers les Institutions bancaires internationales et signe un prêt échelonné avec le Fonds monétaire international ou FMI. Ce prêt comporte évidemment des mesures d’accompagnement comme la baisse du prix du cacao qui passe de 400 FCFA à 250 FCFA.

Les dépenses de fonctionnement de l’Etat sont réduites à 25 %, la Côte d’Ivoire a un moment de répit et débute le remboursement de sa dette.

En janvier 1990, le multipartisme est instauré en Côte d’Ivoire et le Premier ministre de l’époque, Alassane Ouattara entreprend de libéraliser l’économie ivoirienne. Il restructure le secteur bancaire, privatise les entreprises publiques et élimine les entraves à l’exportation et tente d’uniformiser les Droits de douane.

Cependant, le taux de change demeure élevé et l’économie du pays reste morose.

Le 12 janvier 1994, le Franc CFA est dévalué à hauteur de 50 %.

Daniel Kablan Duncan, Premier ministre sous l’ère du Président Henri Konan Bédié, parvient à maîtriser l’inflation qui passe de 32,2 % en 1994 à + 7,7% en 1995 et + 3,5 % en 1996 mais la

Côte d’Ivoire a, la même année, sa dette qui augmente à hauteur de 8 billions 468 milliards de Francs CFA ou 136,2% du Produit Intérieur Brut.

La Côte d’Ivoire parvient néanmoins à conserver la relation compétitivité-prix et en 1998, l’inflation est stabilisée au taux de 2,1 %.

Les efforts pour relever le pays se heurtent à une nouvelle difficulté : un scandale financier vient créer la tension entre les politiques ivoiriens et les bailleurs de fonds.

En effet, en juin 1999, l’Union européenne fait un don au ministère de la Santé ivoirien pour appuyer l’ajustement structurel en cours.

L’Union européenne décide ensuite de faire un audit qui révèle un détournement de près de 18 milliards de Francs CFA soit 38 % des fonds offerts à ce ministère.

Le rapport d’audit mentionne que certains biens facturés n’ont pas été livrés et quand les biens étaient livrés, ils étaient surfacturés tel un pèse-bébé vendu en réalité à 20.000 FCFA, facturé à 1.300.000 FCFA. Des Centres de santé déclarés livrés et prêts n’avaient pas d’électricité et de l’eau courante. Pour accorder des marchés à des parents ou à des amis, les marchés de ce ministère quelque soit le montant étaient conclus sans appel d’offres.

Le ministre de la Santé de l’époque, le ministre Kakou Guikahué est mis en cause.

L’Union européenne bloque la dernière tranche du programme d’appui à l’ajustement structurel d’une valeur de 17 millions d’Euros ou 11 milliards 135 millions de Francs CFA. Elle gèle les 13 milliards de Francs CFA de fonds de contrepartie et reporte les 10 millions d’Euros ou 6 milliards 550 millions de Francs d’allocation pour l’année.

Le Président Henri Konan Bédié qui avait planifié l’utilisation de l’appui à l’ajustement structurel de l’Union européenne se trouve confronté à un problème sérieux de trésorerie.

De plus, avec la moins-value fiscale en matière douanière de l’ordre de 35 % à 25% qui s’y est ajoutée, la situation économique de la Côte d’Ivoire devient critique.

Avec le coup d’Etat de 1999, la Côte d’Ivoire se retrouve dans une position qui inquiète les plus optimistes.

En plus, pour rétablir les relations avec l’Union européenne, le nouveau régime, celui du Président Gbagbo Laurent rembourse, sur un an, la somme attribuée au départ comme un don au ministère de la Santé.

Plus grave, avec la guerre de 2002, qui coupe la Côte d’Ivoire en deux (2) avec la partie Centre, Ouest et Nord (CNO) occupée et gérée par les rebelles et la partie Sud sous le contrôle du pouvoir légal, le remboursement des dettes extérieures s’avère impossible ; Surtout que la dette de la Côte d’Ivoire passe à 6 billions 300 milliards de Francs CFA soit 60% du Produit Intérieur Brut.

Cependant, sous le mandat du Président Laurent Gbagbo, la Côte d’Ivoire rembourse 36,8 milliards de Francs CFA en 2006, 93 milliards en 2007 et 251,8 milliards de FCFA en 2008, soit un total d’environ 381,6 milliards remboursés.

En retour, elle emprunte la somme de 9,86 milliards de Francs CFA en 2006, 37,13 milliards de Francs CFA en 2007 et 60,14 milliards en 2008, soit un total de 107,13 milliards de Francs CFA empruntés.

Le 27 mars 2009, avec l’initiative des pays pauvres très endettés, la dette extérieure de la Côte d’Ivoire a été allégée de 6 milliards 350 millions de Francs CFA.

La Côte d’Ivoire reste devoir environ 6 billions 120 milliards de Francs CFA depuis plus de vingt (20) ans.

Néanmoins, ayant atteint le point d’achèvement du PPTE le 26 juin 2012, la Côte d’Ivoire a vu un allégement de sa dette de 3 milliards 100 millions de Dollars ou 1 billion 469 milliards 249 millions 411 mille 230 Francs CFA soit 24% de réduction.

A fin juin 2019,  suivant SIKAFINANCE.COM, un site d’information financière et économique se rapportant  à la Bourse dans les 8 Pays de l’UEMOA, la dette publique de la Côte d’Ivoire, s’élèvait à 12 mille 105 milliards de francs  CFA dont 8 mille 63 milliards pour la dette extérieure et 4 mille 042 milliards pour la dette intérieure.