CICERON DANS L’AFFAIRE SEXTUS ROSCIUS

A l’an 79 avant Jésus-Christ, un jeune avocat de vingt six (26) ans du nom de Cicéron plaide pour un client, Sextus Roscius Junior, accusé de parricide.

Cicéron est né le 3 janvier 106 avant JC à Arpinum en Italie.

Envoyé à Rome pour étudier le Droit, Cicéron a été enseigné par d’éminents juristes et philosophe de l’époque notamment Scevola, Phion de Larissa et Drodote.

A dix-sept (17) ans, Cicéron rentre dans l’armée sous les ordres de Pompeius Strabo, le père du Grand Pompée pendant la guerre sociale.

En 81 av. JC, Cicéron retrouve la vie civile et reprend ses cours de Droit.

Devenu avocat, il prononce le « pro Roscio Amenio ».

Cicéron décide de s’éloigner de Rome et part pour la Grèce pour deux (2) ans de 79 av. JC à 77 av. JC. Dans ce pays, il étudie l’enseignement d’Antiochos d’Ascalon, le successeur de Philon De Larissa.

A 79 av. JC, l’an 673, Cicéron plaide la cause d’un jeune sans instruction du nom de Sextus Roscius Junior.

A l’an 671, un riche propriétaire terrien, Sextus Roscius est retrouvé assassiné. Son fils, Sextus Roscius Junior, qui vit dans les champs, loin des affaires, est accusé d’avoir tué son père. Si l’accusation venait à être confirmée, Sextus Roscius Junior risque une peine atroce puisque le parricide est le pire des crimes dans le Droit romain.

L’auteur d’un parricide à Rome est frappé, enfermé dans un sac où se trouvent un chien affamé, un coq, un serpent et un singe. Puis, le sac contenant le condamné est jeté dans le Tibre.

Il était donc important pour l’accusé de donner les preuves de son innocence.

Bien avant sa mort, la richesse de Sextus Roscius père était enviée, il fréquentait les illustres familles comme les Caecilue, les Scipions, les Servilci et avait défendu les familles nobles et le Parti de l’homme d’Etat romain Sylla.

La mort du richissime homme avait donc ému tout le pays.

En réalité, le propre cousin de l’accusé appelé Capiton, qui travaillait comme contremaître chez son oncle, Sextus Roscius, était jaloux du fils de ce dernier, Sextus Roscius Junior.

De ce fait, Capiton, par l’intermédiaire de son complice Magnus, assassine son oncle qui était ivre en sortant d’un buffet avec d’autres personnes.

Après l’assassinat, Magnus fait parvenir l’arme à son commanditaire Capiton.

Puis Capiton et Magnus se rendent chez l’affranchi favori de Sylla nommé Chrysogonus pour lui demander de s’associer au crime afin de s’emparer de la richesse de Sextus Roscius.

Chrysogonus donne son accord et les biens de la victime sont confisqués au profit de l’Etat.

Les treize (13) fermes de Sextus Roscius sont proposées à la vente aux enchères et un acheteur propose six millions de sesterces pour les acquérir mais des hommes menacent l’acquéreur et Chrysogonus acquiert ces fermes à seulement deux mille sesterces.

Chrysogonus garde dix (10) des fermes du défunt, en offre trois (3) à Capiton.

Magnus, quant à lui, est chargé de l’administration des dix (10) fermes de Chrysogonus.

Ensuite, Chrysogonus choisit le célèbre Procureur Erucius pour accuser le fils de la victime, Sextus Roscius Junior.

Erucius est un ancien esclave Grec affranchi. Il est l’homme de main de Sylla qui est sorti victorieux de plusieurs procès.

Le Procureur, lors du procès, tente de démontrer que Sextus Roscius Junior a tué son père pour se venger d’avoir été déshérité.

L’une des familles nobles, Caeali Retelli qui avait pour avocat un jeune de vingt sept (27) ans inconnu du public nommé Cicéron, le commet à la défense de l’accusé.

Cicéron accuse Magnus qui s’est enrichi après le crime.

Le jeune avocat, considère également Chrysogonus comme un étranger qui s’est également enrichi.

L’avocat, au cours de sa plaidoirie pose cette question : « A qui profite le crime ?» Certainement pas à son client mais plutôt à Capiton, Magnus et Chrysogonus et l’avocat parvient à prouver que son client n’a pu commettre ce crime odieux.

Bien qu’étant l’objet de beaucoup de pressions, Cicéron n’hésite pas à désigner le favori de Sylla, Chrysogonus comme l’auteur du crime et expose les conditions illégales dans lesquelles les biens de la victime ont été vendus quatre (4) mois au préalable.

L’avocat manifeste son indignation contre le luxe de cet étayer en ces termes : « Quoi ! Même ici Chrysogonus se croit quelque pouvoir ? Ici même il veut être dominateur ? O sort funeste et déplorable ! Je n’appréhende pas qu’il réussisse ; mais il a tenté, il s’est flatté d’obtenir de vous la condamnation d’un homme innocent : voilà ce qui excite mes plaintes ; voilà ce que je ne puis voir sans frémir d’indignation. »

A la suite de la plaidoirie de l’avocat, le jury acquitte Sextus Roscius Junior, faute de preuves mais l’héritier n’est jamais rentré en possession de ses biens.

Néanmoins, la question posée par Cicéron « A qui profite le crime » est entrée dans les annales judiciaires et sa plaidoirie qui a démontré ses talents d’orateur est encore appréciée de grands juristes.