JEAN-PATRICE KEKA (CONGO-KINSHASA)

Une initiative privée de conquête de l’espace est en train de prendre forme au Congo-Kinshasa grâce à l’ingéniosité d’un homme, Jean-Patrice Keka Ohemba Okese, qui a pu fédérer autour de lui une équipe de scientifiques congolais. Jean-Patrice Keka est un scientifique qui a fait ses classes à l’Institut Supérieur des Techniques Appliquées (ISTA) de Kinshasa. Il est actuellement gérant d’une PME appelée DTA (Développement Tous Azimuts).

C’est en 2005 que DTA conçoit un programme de conquête spatiale qu’il baptise Troposphère et qui porte sur le lancement d’une série de 5 fusées expérimentales ne devant pas dépasser 36 152 m d’altitude. Elle acquiert un terrain sur le site de Menkao, dans la banlieue de Kinshasa, où elle installe un centre de contrôle équipé du matériel indispensable à la préparation et au lancement des fusées. Cette petite salle « made in Congo  » dispose, entre autres, d’un système automatique de mise sous tension, d’un système de télémétrie (vitesse et altitude par GPS), d’un système vidéo de suivi de l’évolution du trajet de la fusée et d’une rampe de lancement. Quant aux fusées, elles sont fabriquées avec des objets de récupération.

Troposphère I, la première fusée conçue, aurait dû être lancée en Avril 2007. Pour des raisons techniques liées aux débuts de l’aventure, elle n’a pas pu décoller.

Troposphère II a été lancée avec succès le 10 juillet 2007 et a atteint 1 014 m d’altitude en 35 secondes. Elle avait une masse de 15,465 kg et un diamètre de 5 cm.

Troposphère III aurait dû prendre son envol le 12 Octobre 2007 ; ce fut un échec.

Troposphère IV a été lancée avec succès le 10 juillet 2008, un an jour pour jour après Troposphère II. C’est exactement à 17h40 que la fusée décollera pour atteindre 1 548 m en 47 secondes à la vitesse supersonique Mach 2,7 (c’est à dire 2,7 fois la vitesse du son). Elle avait un diamètre de 16 cm, une masse de 200 kg et une poussée d’une tonne.

Le programme Troposphère a été réalisé sur fonds propres. Toutefois, après les lancements ressuis de Troposphères II et IV, le gouvernement congolais a décidé de s’impliquer dans le projet. Le ministre de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique a d’ailleurs représenté le gouvernement congolais au lancement de Troposphère IV. Ce lancement a aussi fait l’objet d’un court reportage sur une chaîne de télévision étrangère (AITV-RFO) ; ce qui montre l’écho international des travaux de Jean-Patrice Keka et de son équipe.

Troposphère V, la dernière fusée d’une série de 5, aurait dû être lancée en Octobre 2007. Son lancement a pris environ 5 mois de retard et a été effectué le 28 mars 2008. Longue de 5 m et d’une masse totale de 750 kg, elle aurait dû atteindre 36 000 m (36 km) d’altitude en 95 secondes (1min 35s) à la vitesse Mach 3 (3 fois la vitesse du son). Troposphère V était composée de deux étages dont la poussée des étages I et II était de 7 000 kgf et 1 000 kgf respectivement.

Le diamètre des étages I et II était de 48 cm et 16 cm respectivement. Quant au temps de combustion des étages, il avait été estimé à 6 secondes par étage. Le coût total de la fabrication de Troposphère V est estimé à 50 000 $ (environ 25 millions de F CFA). Toutefois, le lancement n’a pas été un succès car la fusée n’a pas décollé verticalement et s’est écrasée.

Malgré l’échec de la dernière et plus importante des fusées, la leçon à tirer est qu’une équipe de scientifiques congolais a commencé à travailler sur un programme spatial avec des fonds très limités. Même la NASA a connu des échecs en essayant de conquérir l’espace et la lune. Cet échec ne doit pas être la fin du programme car l’appui du gouvernement congolais est crucial pour que ce programme réussisse un jour.

L’État devrait d’ailleurs y trouver son compte car les implications sont nombreuses : économiques, scientifiques, industrielles, militaires, etc. L’impact sur l’emploi est évident car il faudrait développer des usines capables de produire des matières chimiques comme le chlore, le potassium, la chaux, etc., mais aussi des usines de fabrication des composants électroniques, informatiques, de télécommunication…

Il faudrait aussi qu’il se développe des sociétés spécialisées dans la construction de pas de tirs autrement plus complexes que ceux actuellement disponibles, moderniser le centre de contrôle actuel qui est plutôt rustique, quoiqu’efficace, et former plus de Congolais dans les disciplines scientifiques associées.

Le Congo-Kinshasa peut-il y parvenir seul ou bien ne serait-il pas judicieux qu’une telle ambition soit portée à l’échelle panafricaine de sorte que les coûts de Recherches & Développement soient partagés, et que les scientifiques africains se regroupent pour réaliser ce rêve ? Seul le temps nous le dira.

 

SON INVENTION :

Source : www.kumatoo.com