Robert Badinter est né le 30 mars 1928 à Paris. Ancien ministre de la Justice, universitaire, ancien président du Conseil Constitutionnel, l’avocat pénaliste doit notamment sa renommée à son célèbre discours pour l’abolition de la peine de mort en France, en 1981. Mais si certains avocats sont devenus réputés pour leur défense dite « de rupture », Robert Badinter a, quant à lui, défendu des droits fondamentaux comme le droit à la vie ou le droit à un procès équitable. Et non le droit d’être pendu haut et court sur la place publique.
Né d’un père juif, arrêté à Lyon en 1943 et déporté dans un camp de concentration en Allemagne où il mourra, Robert Badinter a forgé son engagement naturel sur des questions de société dans les drames qui ont marqué son enfance. Etudiant en lettres à Paris, il part étudier aux Etats-Unis en 1949 à l’Université de Columbia avant de revenir en France et plus précisément à Paris, pour exercer la profession d’avocat et enseigner le droit à l’université de la Sorbonne, avant d’être nommé Professeur émérite.
Marié en seconde noce à Elizabeth, professeur de philosophie à l’Ecole Polytechnique, Robert Badinter a rédigé plusieurs ouvrages sur des thèmes sensibles, tels que l’abolition de la peine de mort, les exécutions à la guillotine ou encore l’antisémitisme.
Affaires emblématiques & clients célèbres de Robert Badinter
D’affaires célèbres, le parcours de Robert Badinter n’en manque pas. L’auteur du livre “l’Abolition”, a débuté son florilège de procès emblématiques par l’affaire de l’enlèvement du Baron d’Empain, homme d’affaire belge et riche héritier retrouvé au soixante-troisième jour de sa captivité. Puis l’avocat s’est engagé dans la défense de Bontems, qui sera condamné à mort après avoir été reconnu complice du meurtre d’une infirmière et d’un gardien de la centrale de Clairvaux commis par son acolyte Roger Buffet.
Cette condamnation à mort marque le tournant de la carrière de Robert Badinter. Jusque-là simple partisan de l’abolition, il devient un adversaire irréductible de la peine de mort, passant de la conviction intellectuelle à la passion militante. Avec le procès de Patrick Henry jugé pour l’enlèvement et le meurtre du petit Philippe Bertrand, âgé de huit ans, commence son combat contre la peine de mort.
Il réussit à éviter à son client la peine capitale, la guillotine. Patrick Henry est ainsi condamné à la réclusion à perpétuité. Une victoire pour Robert Badinter, dont le combat a fini par payer en aboutissant à l’adoption de la loi du 9 octobre 1981 portant abolition de la peine de mort.
Il défendra par la suite et parmi tant d’autres, la milliardaire Christine Von Oppel, dans une affaire de trafic de stupéfiants. Son dernier procès avant de devenir Ministre de la Justice l’opposera au négationniste Robert Faurisson.
Anecdotes
Lors du procès Patrick Henry, à son fils cadet alors âgé de six ans qui demande à son père si c’est vrai que celui-ci aime défendre les assassins d’enfants, Robert Badinter répondra, du mieux que possible, qu’un « avocat est fait pour défendre les accusés, même les assassins d’enfants, mais que défendre, ce n’est pas aimer celui qu’on défend».
Distinctions
Robert Badinter est un homme engagé. Il a d’ailleurs occupé plusieurs postes importants dans le monde politique et juridique. Connu pour avoir mené plusieurs réformes à terme, le président du Conseil Constitutionnel de 1986 à 1995 et ancien sénateur, a lutté en faveur de la réinsertion des détenus, pour les droits des homosexuels avec la suppression de la pénalisation des relations homosexuelles avec un mineur de 15 ans alors que les relations hétérosexuelles avec un mineur de cet âge étaient légales. Il a également participé à la rédaction du nouveau code pénal.
Au niveau international, Robert Badinter a oeuvré pour que la France ratifie l’article 25 de la Convention Européenne des Droits de l’Homme, qui ouvre aux particuliers la possibilité de déposer une requête individuelle contre la France devant la Cour Européenne des Droits de l’Homme.
Dossiers associés
- Affaire du Baron d’Empain
Affaire Roger Bontemps
Affaire Patrick Henry
Affaire Christina Von Opel
Affaire Robert Faurisson
Véritable pierre à l’édifice judiciaire français, l’éminent avocat a donc permis l’abolition de la peine de mort en France depuis plus de trente ans, et avec elle l’affirmation d’un droit à la vie. Droit qui n’est toujours pas reconnu au niveau fédéral dans des pays comme les Etats-Unis, dont les libertés sont pourtant si souvent vantées…
Source :www.grands-avocats.com