Il y a quarante ans débutait l’affaire du crime de Bruay-en-Artois
Triste anniversaire. Une gamine des corons de Bruay-en-Artois découverte étranglée et lacérée dans un terrain vague à deux pas de chez elle : c’était il y a tout juste quarante ans, le jeudi 6 avril 1972.
La police qui piétine, la justice qui déraille, les médias qui s’emballent et voilà le fait divers sordide porté au rang d’« affaire du siècle », l’horreur devenue source d’enjeux idéologiques et toute une ville laborieuse, ainsi que sa région, définitivement classée « noires ».
Triste anniversaire en effet d’un crime toujours irrésolu, douloureuse commémoration de destins cassés et d’une vérité à jamais bafouée.
En 1972, Bruay-la-Buissière s’appelait encore Bruay-en-Artois (appellation d’un passé qu’on réfute ?).
Sale printemps d’avril quand est découvert le cadavre dévêtu d’une fille de mineur, Brigitte Dewèvre, collégienne de presque 16 ans, près des rues de La Comté et de Ranchicourt.
C’est Henri Pascal, juge d’instruction à Béthune, qui est saisi de l’affaire.
Brigitte Dewèvre a été vue pour la dernière fois la veille au soir, quittant son domicile vers 19 h 45 pour se rendre chez sa grand-mère. Des témoins ont remarqué la présence d’un inconnu dans la rue au même moment, ainsi que la voiture garée du notaire Pierre Leroy.
Interrogé, celui-ci explique qu’il se rendait chez sa maîtresse Monique Mayeur par l’arrière de sa villa… à l’endroit justement où a été découvert le corps. Ses explications embarrassées vont conduire à son inculpation.
L’affaire prend une dimension politique : craignant que la justice n’aille jusqu’au bout d’une enquête mettant en cause des notables, le comité Vérité & Justice est créé par le mineur syndicaliste Joseph Tournel, soutenu par l’écrivain Jean-Paul Sartre ou encore le journaliste Serge July.
En juillet, c’est Monique Mayeur qui est inculpée de complicité, mais le 18, la mise en liberté de Pierre Leroy est ordonnée et le juge Pascal dessaisi. Le 24, deux mille personnes défilent devant le tribunal de Béthune pour soutenir le « petit juge ». Celui-ci garde cependant en charge l’affaire de Cauchy-à-la-Tour : l’assassinat d’une jeune femme quelque temps avant celui de Bruay et présentant des conditions étrangement analogues.
Monique Mayeur est elle aussi remise en liberté. Démarre une nouvelle enquête qui aboutit, en avril 73, à l’inculpation de l’adolescent Jean-Pierre Flahaut qui habitait le même coron que la victime. Une paire de lunettes sera saisie chez lui qui pourrait être celle de la victime et qu’on n’a pas retrouvée près du corps. Jean-Pierre s’accuse puis se rétracte. 1974 : non-lieu pour Pierre Leroy et Monique Mayeur qui se sont mariés entre-temps. 1975 : relaxe de Jean-Pierre qui aura passé deux années en prison dont il sort encore plus désaxé.
Tous les principaux protagonistes de l’affaire sont aujourd’hui décédés : le juge Pascal en 89, Me Leroy en 97 et Monique Mayeur en 2005.
La même année, le massif dossier est définitivement classé.
Daniel Bourdon, ancien flic de la BAC à Paris, aujourd’hui auteur touquettois, a mené une contre-enquête sur le meurtre de Brigitte Dewèvre en 1972 à Bruay-en-Artois. Plus d’un an de recherches et une rencontre, « une pépite », qui relance l’affaire même si le meurtre est prescrit. Son livre sort lundi.
Un ancien policier, lui-même natif de Bruay-en-Artois, publie un livre dans lequel il révèle de nouveaux éléments troublant sur cette affaire criminelle très médiatisée dans les années 70. On aurait voulu faire taire Brigitte Dewèvre.
Brigitte Dewèvre aurait été une victime « collatérale » d’une affaire dont elle n’aurait jamais dû avoir connaissance. C’est la thèse que défend dans son nouveau livre l’ancien policier Daniel Bourdon. Le corps mutilé de cette adolescente d’une quinzaine d’années avait été retrouvé le 6 avril 1972 dans un terrain vague à Bruay-en Artois (aujourd’hui Bruay-la-Buissière, dans le Pas-de-Calais).
L’affaire avait pris une ampleur nationale, un notaire et sa compagne avaient été mis en cause avant d’être finalement innocentés.
Dans l’opinion publique, l’affaire s’était transformée en symbole de la lutte entre la bourgeoisie et le monde ouvrier.
DES PARTIES FINES ?
45 ans après l’affaire, qui n’a jamais été élucidée mais qui est prescrite, Daniel Bourdon affirme dans son livre avoir trouvé des éléments nouveaux. On pourrait avoir voulu faire taire la jeune fille parce qu’elle aurait eu connaissance de l’existence de parties fines.
L’INDIVIDU QUI AURAIT DEPLACE LE CADAVRE
Daniel Bourdon, invité de France Bleu Nord, qui a lui-même grandi à Bruay-la-Buissière explique comment il a abouti à ces nouveaux éléments: « Une amie d’enfance me donne un nom, un lieu et une adresse. Suite à cela, j’accorde une interview au journal La Voix du Nord. Et après la parution de l’article, je reçois un courrier anonyme qui me dit de me rendre à un endroit particulier. Je fais vérifier certaines informations par des collègues policiers et je me rends compte que c’est plausible ».
Il rencontre une personne qui connaît un individu qui aurait lui-même manipulé le cadavre de Brigitte, le lendemain de sa mort.
Daniel Bourdon a choisi de faire ces révélations sous la forme d’un roman. L’affaire étant prescrite, il est obligé de prendre des précautions sur les lieux et les noms qu’il cite pour ne pas tomber sous le coup de la justice. Il annonce d’ores et déjà qu’il y aura un deuxième volume à son enquête puisqu’il a déjà reçu de nouveaux éléments depuis la parution de ce premier tome.
Source : www.vampiredevils.skyrock.com