AFFAIRE AHMAD AL FAQI AL MAHDI

Le mandat d’arrêt à l’encontre d’Ahmad Al Faqi Al Mahdi a été délivré le 18 septembre 2015.

M. Al Mahdi serait responsable d’attaques intentionnellement dirigées, à Tombouctou, au Mali, entre environ le 30 juin 2012 et le 10 juillet 2012, contre des bâtiments consacrés à la religion et/ou des monuments historiques, y compris neuf mausolées et une mosquée.

Dans son mandat d’arrêt, la Chambre a conclu que les preuves présentées par le Procureur donnent des motifs raisonnables de croire que M. Al Faqi est pénalement responsable pour avoir commis, individuellement et conjointement avec d’autres personnes, facilité ou autrement contribué à la commission, les crimes de guerre allégués par le Procureur concernant des attaques dirigées intentionnellement contre les bâtiments suivants :

  • le mausolée Sidi Mahmoud Ben Omar Mohamed Aquit,
  • le mausolée Cheick Mohamed Mahmoud Al Arawani,
  • le mausolée Cheikh Sidi Mokhtar Ben Sidi Mouhammad Ben Cheick Alkabir,
  • le mausolée Alpha Moya,
  • le mausolée Cheick Sidi Ahmed Ben Amar Arragadi,
  • le mausolée Cheick Mouhamad El Micky,
  • le mausolée Cheick Abdoul Kassim Attouaty,
  • le mausolée Ahamed Fulane,
  • le mausolée Bahaber Babadié, et
  • la mosquée Sidi Yahia.

Source : www.icc-cpi.int

Date de l’article : 12 Janvier 2015

 

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Ahmad al Faqi al Mahdi, l’intello des «crimes de pierre» condamné à neuf ans de prison

C’est un verdict historique. Les juges de la Cour pénale internationale (CPI) ont condamné mardi à neuf ans de prison le jihadiste malien Ahmad Al Faqi Al Mahdi, pour avoir détruit en 2012 des mausolées classés au patrimoine mondial de l’humanité à Tombouctou. Il a été reconnu coupable, étant donné «sa participation directe à de nombreux incidents et son rôle en tant que porte-parole pour justifier les attaques dans les médias».

C’est la première fois qu’un homme était jugé à La Haye exclusivement pour la destruction du patrimoine. Ahmad al Faqi al Mahdi, touareg de la tribu des Kel Ansar, avait rejoint l’organisation jihadiste Ansar ed-Dine lors de l’occupation du Nord-Mali en 2012 et n’était pas considéré comme un soldat. C’est un intellectuel, diplômé de l’institut pédagogique de Tombouctou, fonctionnaire de l’Education nationale au moment où des groupes armés chassent l’Etat malien des villes de l’Azawad.

Il avait été nommé à la tête de la hisba, la brigade islamique des mœurs, qui a installé son siège dans la succursale de la banque BMS. A ce titre, il était en contact direct avec Iyad ag Ghaly, mais aussi avec les leaders d’Al-Qaeda au Maghreb islamique, notamment le sanguinaire Abdelhamid Abou Zeid (tué en février 2013). Abou Tourab organisait les patrouilles, traquait sans relâche les fumeurs de cigarette, les peaux féminines à l’air libre, les musiciens, les canettes de bière…

Très actif dans le tribunal islamique (sans en être juge officiel), il était régulièrement consulté sur des points religieux et exécutait parfois lui-même les sentences. Entre le 30 juin et le 11 juillet 2012, Abou Tourab a supervisé la démolition de neuf mausolées de Tombouctou, emblèmes de la «Ville des 333 saints». A coups de pioches, de burins et de houes, les jihadistes s’étaient employés à faire tomber les murs de terre crue des tombeaux des protecteurs de Tombouctou, dont les plus anciens datent du XIVe siècle. Des mausolées discrets classés au patrimoine mondial de l’Unesco. Abou Tourab écrira lui-même le sermon qui sera lu pendant le prêche de la prière du vendredi pour justifier la destruction des mausolées.

La condamnation de ce quadragénaire à petites lunettes constitue une grande avancée pour la défense du patrimoine, même si le procès laissera un goût amer aux ONG : Al Mahdi est le seul jihadiste ayant fait l’objet d’un mandat d’arrêt international pour les exactions commises pendant l’occupation du Nord-Mali à avoir été condamné à La Haye. Aucun autre «crime de sang» ne fait l’objet d’une procédure à ce jour.

Source : www.liberation.fr/

Date de l’article : 27 septembre 2016